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Association Prévention & Retournement : « Une entreprise en difficulté a besoin d'une vision à 360 degrés »
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Emmanuel Squinabol président de Prévention & Retournement Association Prévention & Retournement : « Une entreprise en difficulté a besoin d'une vision à 360 degrés »

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Emmanuel Squinabol est président de l’association Prévention & Retournement, créée à Lyon en 2004. Elle regroupe plus de 150 professionnels du chiffre et du droit à Lyon, Marseille et Bordeaux, autour d’un sujet commun : les entreprises en difficulté. Pour les aider à s'en sortir, l'association entend renforcer les échanges entre pairs, afin de mutualiser les compétences et mieux sensibiliser les dirigeants.

Emmanuel Squinabol, président de l'association Prévention & Retournement à Lyon, est également associé au sein de l'antenne lyonnaise du cabinet Mazars en charge du restructuring — Photo : DR

Le Journal des Entreprises : Quel est le rôle de votre association Prévention & Retournement, lorsqu’une entreprise fait état de difficultés ?

Emmanuel Squinabol : L’association lyonnaise regroupe plus de 80 professionnels du chiffre et du droit qui gèrent régulièrement des dossiers d’entreprises en difficulté. Ce sont aussi bien des conseils financiers, des avocats, des administrateurs judiciaires ou des mandataires qui ont fait le constat, il y a 15 ans, qu’il n’existait pas de structure permettant d’échanger. L’objectif est de partager nos expériences, afin d’améliorer notre approche des différentes situations et d’accompagner les dirigeants, en les sensibilisant et en leur apportant un accompagnement adapté.

Il existe une boîte à outils très large pour se saisir des problèmes auxquels peut être confrontée une entreprise, en fonction de sa situation juridique et financière. Un dirigeant commence souvent par engager, sous la protection du tribunal de commerce, une procédure amiable pour régler ses difficultés, soit par l’intermédiaire d’un mandat ad hoc ou d’une conciliation. S’il ne réussit pas, une nouvelle étape du traitement démarre dans le cadre d’une procédure collective (redressement judiciaire ou plan de sauvegarde). Si, au moment du dépôt de bilan, il n’y a pas de solutions pour traiter des difficultés, c’est la liquidation judiciaire.

Les difficultés sont-elles trop souvent sous-estimées ?

E. S. : On constate généralement que les conseils sont plutôt à l’aise lorsqu’ils traitent avec des entreprises saines. En revanche, dès qu’il y a des difficultés, les codes, les interlocuteurs et les procédures changent dans un contexte parfois tendu avec les banquiers et les salariés. Une entreprise en difficulté a besoin d’avoir une vision à 360 degrés, d’abord pour traiter les problèmes urgents et ensuite pour s’appuyer sur des expertises juridiques et financières qui permettent de protéger les actionnaires, le chef d’entreprise et les salariés. Ce sont toutes les compétences mutualisées qui permettront de sortir l’entreprise de la situation délicate dans laquelle elle se trouve.

« La capacité d’innovation est un avantage concurrentiel qui permet d’éviter les difficultés. »

Une entreprise qui fait appel à une procédure amiable a entre 70 et 80 % de chance de s’en sortir. En 2018, il y a eu près de 55 000 procédures collectives en France, sans compter les mandats ad hoc et les conciliations amiables. Le risque de retournement d’entreprise est réel.

Quelles sont les grandes tendances pour les entreprises de la région ?

E. S. : Certains secteurs, comme le textile ou le BTP, sont plus fragiles que d’autres. Dans la Vallée de l’Arve par exemple, ce sera davantage le décolletage industriel. La capacité d’innovation est un avantage concurrentiel qui permet d’éviter les difficultés. Dans le textile par exemple, on sait désormais que l’entreprise haut de gamme ou de niche peut rencontrer des difficultés ponctuelles mais pas structurelles, contrairement à du textile d’entrée de gamme, plus vulnérable car concurrencé par d’autres marchés.

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