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Alice&Bob lève 3 millions d’euros pour s’élancer dans l’ordinateur quantique
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Alice&Bob lève 3 millions d’euros pour s’élancer dans l’ordinateur quantique

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Accompagnée par six laboratoires académiques, la start-up lyonnaise Alice&Bob lève 3 millions d'euros quelques semaines après sa création pour travailler sur la fabrication d'un ordinateur quantique.

— Photo : DR

Les calculs quantiques au service des problèmes d’optimisation de l’industrie, du deep learning ou de la simulation d’éléments chimiques pour créer de nouveaux matériaux ou de nouveaux médicaments. Voilà l’ambition de la jeune start-up lyonnaise Alice & Bob (3 personnes), cofondée en février dernier par Théau Péronnin et Raphaël Lescanne qui projettent de créer, à terme, un ordinateur quantique, c’est-à-dire un système informatique capable d’effectuer des opérations de calculs complexes sur des données en utilisant les propriétés quantiques* de la matière.

Alors que des géants – Google et la Nasa ou IBM en tête – travaillent déjà sur le sujet, la course à l’ordinateur quantique devrait rythmer les prochaines années de la filière tech. Et Alice & Bob compte bien positionner la France dans cette dynamique.

Trois mois seulement après sa création, la start-up vient de lever 3 millions d’euros en phase d’amorçage. Réalisée auprès des fonds Elaia, spécialisé sur les projets deeptech, et Breega, dédié aux start-up technologiques, cette levée de fonds doit permettre à la jeune société de financer ses premiers mois d’activité et d’adapter son projet de recherche au marché.

Théau Péronnin, CEO et cofondateur de la start-up deeptech Alice&Bob travaille sur un prototype de puces dédiés à bâtir un ordinateur quantique sans erreurs — Photo : DR

Calculs complexes

« Nous avons développé un bloc d’un prototype d’ordinateur quantique utilisant des qubits supraconducteurs prometteurs de type Chat de Schrödinger (théorie selon laquelle un atome peut se trouver à plusieurs endroits en même temps, NDLR) qui disposent de propriétés beaucoup plus fiables et stables », explique Théau Péronnin. Les qubits (bits quantiques) possèdent plusieurs états et permettent de mener en même temps une multitude de calculs à travers plusieurs situations. L’enjeu de l’ordinateur quantique se situe surtout dans la fiabilité des composants et de leur encodage afin que les calculs à réaliser – forcément complexes et nombreux – obtiennent les résultats les plus justes possible. « Pour construire la machine idéale, détaille Raphaël Lescanne, il est nécessaire qu’elle soit le mieux isolée de son environnement mais qu’elle reste malgré tout programmable. » C’est tout le défi que les deux cofondateurs relèvent avec cette approche en parvenant, selon eux, à diviser par 300 le taux d’apparition d’erreur.

Une association avec 6 laboratoires de recherche

Raphaël Lescanne et Théau Péronnin, physiciens de formation au Laboratoire de physique de l’ENS de Lyon, ont associé leurs forces dans l’ordinateur quantique grâce notamment à l’association de six laboratoires de recherche académiques. L’Inria, l’ENS-PSL (Paris), Mines ParisTech, associés à l’ENS de Lyon, au CNRS et au CEA travaillent conjointement autour de ce bit quantique spécifique. Discrets sur la répartition du capital, les fondateurs d’Alice & Bob comptent déjà le CNRS à leurs côtés en attendant l’arrivée prochaine de l’Université Paris-Sciences et lettres et d’un pool de business angels.

Les deux entrepreneurs sont en parallèle accompagnés par l’accélérateur Pulsalys à travers le programme Jeunes Chercheurs (ex-Jeunes Doctorants) qui vise à faire passer au stade entrepreneurial des projets de recherche. Une démarche « inédite » de collaboration académique pour qu’Alice & Bob puisse tenir le pari de construire un premier processeur d’un ordinateur quantique sans erreurs d’ici cinq ans. Un défi qui sera commercialisé non sous la forme d’un produit mais plutôt « comme un service », soumet Théau Péronnin, CEO d’Alice & Bob.

*la physique quantique concerne le comportement de particules à l’échelle de l’atome

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