Il y a un an, vous succédiez à Philippe Renaudi à la présidence de l’UPE06, quels sont les changements depuis ?
On ne révolutionne pas mais on évolue. Nous avons d’abord mené une réforme statutaire, discutée lors du mandat précédent, dans une volonté de simplification et d’union. Un point important, symbolique, est le retour au mandat unique qui me tenait à cœur et qui est donc à nouveau statutaire. Je finirai mon mandat dans deux ans, même si personne ne me croit quand je le dis !
Quels sont les premiers projets engagés auprès des entreprises azuréennes ?
La transition énergétique et la RSE sont des thèmes importants pour moi. Le premier projet déjà réalisé est la création de l’association Passeport Transition 06 pour acculturer les chefs d’entreprise à la transition énergétique à travers 6 visas, en partant de la fresque du climat. Il s’agit de faire de la pédagogie pour que le chef d’entreprise comprenne déjà lui-même ce qu’est la transition énergétique et écologique.
Nous travaillons aussi sur le projet de SIC solaire, société d’intérêt collectif. L’idée est de donner accès aux petites TPE et PME, qui ont de petites surfaces de toitures ou qui veulent partager une énergie solaire à installer sur les toitures, à un projet porté collectivement et redistribué en autoconsommation pour leurs besoins. Nous allons démarrer avec le Club des Entrepreneurs de Grasse pour monter un projet qui pourrait concerner plusieurs entreprises où les panneaux solaires seraient portés par la collectivité et l’électricité serait repartagée au sein de tous les utilisateurs d’un territoire. Nous allons en parler dans chaque bassin comme Carros, la Vallée du Paillon, auprès du collectif Energia à Nice, Cannes et Sophia Antipolis, même si la technopole est plutôt en avance sur la question. Nous voulons lancer la société en novembre et lancer les projets début 2024.
Est-ce déjà ce que vous avez fait au sein du groupe Ippolito ?
Oui, j’ai testé la solution et les prestataires au sein du groupe (940 collaborateurs, CA 2022 : 244 M€) et j’ai bien vu que ça marchait. Nous allons assembler ceux qui savent faire et mettre autour de la table Enedis, EDF, des maîtres d’œuvre et d’ouvrage et les financiers, les banquiers et institutionnels du territoire. La SIC achètera les panneaux solaires et vendra l’énergie. Nous voulons rapidement lever un million d’euros et après nous relèverons le montant en fonction du besoin.
Vous voulez également lancer un projet pour doper la croissance, qu’en est-il ?
Nous sommes en effet sur un projet ambitieux, Boost Côte d’Azur seza un accélérateur des PME en construisant un programme d’accompagnement pour les PME dont le chiffre d’affaires est compris entre 1 et 6 millions d’euros, c’est-à-dire le vrai tissu économique des Alpes-Maritimes, pour les former à faire de la croissance externe. L’IRCE est en train de nous monter un programme spécifique. Cela existe nulle part.
Faire un programme d’accompagnement c’est bien, mais le financement bancaire ne suffira peut-être pas pour ces PME qui ne sont pas toujours très solides en fonds propres. Nous allons donc créer un fonds d’investissement territorial, dédié en priorité aux PME azuréennes qui auront bénéficié de cet accompagnement. Quasiment toutes les banques du territoire nous suivent, des ETI aussi, éventuellement des investisseurs-entrepreneurs attachés à leur territoire, sous forme de mentorat mais dans une logique business. L’objectif est que ces PME qui réalisent entre 1 et 6 millions d’euros, augmentent leur chiffre d’affaires entre 10 et 20 millions d’euros à trois à cinq ans. Nous pourrons alors peut-être faire un accélérateur d’ETI. Nous voulons lancer le premier programme à la fin d’année.
Il y a une autre problématique de taille dans les Alpes-Maritimes, c’est la mobilité. La situation se détériore…
C’est une question d’attractivité, touristique mais aussi plus largement économique. Il faut réfléchir aux infrastructures et à l’aménagement du territoire pour 2040-2050. Là, nous sommes attractifs mais comment l’être encore en 2040 et 2050. Si on ne fait rien, il faudra trois heures pour faire le trajet entre Cannes et Nice. La problématique du logement sera encore accrue.
Donc, nous travaillons sur la question de la mobilité. On ne lâche pas l’idée de métro entre Nice et Monaco. D’un projet très utopique, nous sommes passés à un projet très ambitieux. Et même d’aller plus loin. Moi, j’ai un rêve, c’est de prendre le métro en une demi-heure entre Menton et Cannes. En termes de surface et de kilomètres, c’est ce qu’on trouve en région parisienne. Philippe Ortelli (président de la Fédération des Entreprises Monégasques, NDLR) est à fond pour le projet. On va y arriver, on va convaincre !
L’UPE06 fête aujourd’hui ses 50 ans. Comment a-t-elle évolué ?
Nous comptons 36 branches et syndicats, c’est un record historique, nous représentons presque toutes les activités du territoire, 1 056 adhérents directs et 9 000 adhérents indirects, 450 mandataires. Nous sommes un des très rares départements dans lequel il y a encore une union du Medef et de la CPME.
En 50 ans, il y a évidemment eu des tensions, tout cela est un long fleuve non tranquille, mais cela est apaisé. Le monde économique est uni sous une même bannière.
