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Unelo créé Perfodalle pour industrialiser ses dalles béton drainantes
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Unelo créé Perfodalle pour industrialiser ses dalles béton drainantes

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Créée en 2013, la PME landaise Unelo a développé un procédé nouveau de dragage des cours d’eaux et lacs. Elle en extrait des sédiments pour lesquels elle développe diverses filières de valorisation. La dernière en date la pousse à créer une société sœur, Perfodalle, et constitue un premier pas vers un déploiement industriel d’ampleur.

La société Unelo a mis au point un processus innovant pour récupérer des sédiments de dragage dans les lacs et cours d’eau — Photo : Unelo

C’est un véritable virage industriel que s’apprête à opérer la PME landaise Unelo (23 salariés, 3 M€ de CA en 2022), créée en 2013 par Thomas et Fanny Chardin. Initialement spécialisée dans les travaux publics, de terrassement et de voirie, elle a développé au fil des ans de nouveaux procédés pour valoriser des sédiments (sable, vase) récupérés au fond des lacs et des cours d’eau lors de dragages.

Grâce au plus récent d’entre eux, elle a décidé de s’attaquer à la problématique de désimperméabilisation des voiries en créant des dalles préfabriquées en béton contenant du sable de dragage. "Elles ne nécessitent pas de revêtements et permettent de stocker l’eau en surface avant qu’elle ne s’infiltre dans le sol. Une place de stationnement peut contenir 500 litres à deux mètres cubes d’eau", précise Thomas Chardin, co-fondateur d’Unelo, qui va par ce biais créer une nouvelle marque et une entreprise sœur, "Perfodalle". Conçu à la fois comme un rempart aux inondations et un concours au maintien des nappes phréatiques, ce système se revendique comme une "alternative aux bassins tampons souterrains, souvent en plastiques, mis dans le sol pour stocker l’eau".

Une usine pilote

Les ambitions d’Unelo sont élevées pour ces dalles en passe d’être brevetées à l’INPI. Elles vont être fabriquées à partir de 2024 dans une usine flambant neuve de 2 000 m2 dans laquelle l’entreprise prévoit d’investir deux millions d’euros pour en fabriquer 4 000 par an (soit 2 000 places de stationnement) en 2025. Le terrain (15 000 m2) de cette nouvelle usine, sur lequel sera aussi installé le nouveau siège d’Unelo, est basé dans la zone Atlantisud à Saint-Geours-de-Maremne (Landes). "Nous sommes déjà en pourparlers avec des acteurs publics pour leur proposer ces dalles, produites à partir de moules spécifiques fabriqués par des chaudronniers vendéens", révèle Thomas Chardin.

L’entreprise compte aussi sur le négoce de matériau pour distribuer ses dalles au-delà de sa région natale. Elle espère également dupliquer cette unité "dans d’autres régions porteuses. Bordeaux pourrait être la phase suivante". Le potentiel de sédiments de dragage valorisable est estimé, en France, à 50 millions de tonnes par an. Pour porter cette nouvelle activité, Unelo prépare une levée de fonds d’un million d’euros dès cette année.

Pistes de valoriation

Le fonctionnement initial d’Unelo, qui n’est pourtant pas industriel, s’est fondé sur les méthodes innovantes qu’elle met encore aujourd’hui à l’épreuve du terrain. En février dernier, par exemple, elle a extrait 5 000 m3 de sable du lac d’Hossegor, le tout grâce à une pelleteuse de 47 tonnes et des convoyeurs à bande (tapis roulants) flottants. "Le tout est contrôlé par des sondes connectées et l’extraction est douce, elle limite la turbidité (aspect trouble) de l’eau et le processus n’utilise ni camion ni bateaux pour ramener le sable sur la berge", explique Thomas Chardin. Ces premiers essais pourraient donner lieu à un contrat bien plus important pour draguer 20 000 m3 par an.

Si Perfodalle est le dernier exemple en date, Unelo a su développer différentes filières de valorisation de ses sédiments. Ils sont d’abord transformés en remblais pour les routes, importantes consommatrices de matière pour évacuer le stock de 30 000 à 40 000 tonnes extraites par an, ou en terre végétale pour les paysagistes. Unelo en fait aussi du sable stabilisé, qui, couplé à des liants bas carbone développés aux côtés de la société Argeco dont l'usine est à Fumel (Lot-et-Garonne), se transforment en pistes cyclables, en trottoirs et même en pistes forestières pour poids lourds (la première, d’une longueur de 800 mètres, a été livrée en décembre, et contient 70 % de sable dragué). "Nous recomposons le sol et nous le stabilisons grâce à ces liants à base de kaolin calciné" ajoute Thomas Chardin. La matière peut aussi être transformée en béton contenant 30 % de sable, grâce à un partenariat de recherche et développement passé en 2022 avec le cimentier Cemex. "Les recherches continuent pour augmenter ce pourcentage".

L’ambition finale d’Unelo est de faire en sorte que son activité dragage représente 30 à 40 % de son chiffre d’affaires (contre 25 % aujourd’hui), et de faire grimper la part de valorisation des sédiments dans le béton extrudé. Unelo devrait embaucher une dizaine de personnes (et espère grimper à 7 ou 8 M€ de CA) et ouvrir un bureau girondin dans les prochains mois. L’usine Perfodalle, elle, compte atteindre 40 emplois nouveaux en 2025, pour un chiffre d’affaires de 8 à 10 millions d’euros.

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