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Une recapitalisation de 650 000 euros pour Bony SA
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Une recapitalisation de 650 000 euros pour Bony SA

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Après plusieurs années difficiles, la PME stéphanoise reprise par le fonds d'investissement lyonnais Seconde Chance en 2013, semble enfin prête pour son décollage. Elle vient de convaincre le FRI de l'accompagner dans son retournement. Montant total de la levée de fonds : 650 000 euros.

— Photo : Le Journal des Entreprises

Bony SA, le fabricant stéphanois de briques réfractaires à destination notamment des fours industriels et des hauts-fourneaux, veut tourner la page. Reprise à la barre du Tribunal de commerce en avril 2013 par le fonds d'investissement lyonnais Seconde Chance, elle veut sortir par anticipation du plan de continuation établi sur neuf ans. Sous la houlette de son directeur général, Éric Vannoote, également président des fonds Seconde Chance, Bony a finalisé fin février une levée de fonds de 650 000 euros.

Entrée du FRI au capital

Seconde Chance a remis au pot 200 000 euros tandis que le FRI, fond régional d'investissement public/privé positionné sur le redéploiement des entreprises industrielles sous-capitalisées, a contribué à hauteur de 400.000 euros. Seconde Chance reste actionnaire majoritaire de Bony avec 70 % des parts (90 % avant la levée de fonds), le FRI entre à hauteur de 28 %. Le solde étant détenu par la famille Bony. Cette manne financière permettra ainsi de solder le million d'euros de créances encore au compteur de la PME. « Nous allons désormais pouvoir passer à un autre chapitre », sourit Éric Vannoote avant d'expliquer que si le FRI suit Bony SA dans ses plans, c'est bien parce que celle-ci est en passe de réussir son retournement. Car même si le processus a pris plus de temps qu'espéré, l'entreprise a enfin sorti, en 2016, un résultat d'exploitation positif de 150 000 euros. Le même indicateur était en négatif de 440 000 euros l'année précédente. La faute à un marché mondial atone et à une rude concurrence internationale. Deux écueils auxquels Bony se heurte depuis 2009.

Un marché difficile

En prenant les rênes de cette PME en difficulté, Éric Vannoote avait inscrit dans ses tablettes une prévision de chiffre d'affaires à 12 millions d'euros pour 2016/2017 grâce notamment à un développement fort à l'export. Trois ans plus tard, en 2016 donc, il a réalisé en réalité presque moitié moins, soit 6,4 millions d'euros. « Nous pensions que le marché allait redémarrer en 2015/2016. Mais il est resté à l'arrêt complet. Et comme tous les réfractoristes étaient en manque d'activité, ils se sont livrés une concurrence féroce sur les prix. Nous avons décidé de ne finalement pas nous lancer dans cette course à l'international. Dans ces conditions, cela aurait été catastrophique », confie le directeur général, spécialiste du retournement d'entreprises en difficulté.

Retour aux bénéfices

Malgré ce chiffre d'affaires décevant, « le plus bas de l'histoire de Bony », l'industriel stéphanois a néanmoins réussi l'exploit de remettre les voyants des indicateurs financiers au vert. « Nous avons renégocié les contrats avec tous nos fournisseurs. Entre l'énergie, le gaz et l'électricité, nous avons gagné 175 000 euros par an ! Côté personnel, nous n'avons pas licencié mais nous n'avons pas remplacé les départs (46 salariés en 2014 ; 43 en 2017 NDLR), nous avons stoppé le recours à l'intérim également. Le taux d'absentéisme a chuté et nous n'avons enregistré aucun accident du travail. La confiance est revenue, nous avons su convaincre que la voie du changement était la bonne ». Reparamétrée, recapitalisée, Bony semble donc désormais prête pour son redéploiement. Sa priorité : l'export, dans les pays germaniques principalement car même si ces pays abritent les premiers concurrents de Bony SA, ils concentrent aussi 20 % de la consommation de produits réfractaires en Europe.

Le fabricant stéphanois a bien fourbi ses armes pour atteindre sa cible. Depuis trois ans, il a ainsi investi 100 000 euros, en partenariat avec le CNRS, dans la mise au point d'une brique à la longévité doublée et aux émissions non nocives. Grâce à ce produit innovant, et à d'autres briques dont le brevet devrait être déposé dans les prochaines semaines, Bony compte doubler sa part de chiffre d'affaires à l'export (40 % aujourd'hui). « Nous avions dû reculer, nous pouvons maintenant reprendre notre conquête de l'international, en vendant non pas un prix mais un produit breveté ». La PME a déjà su convaincre Veolia. En test par le géant français depuis plusieurs mois, la nouvelle brique devrait rapidement être déployée sur la plupart de ses sites. Éric Vannoote escompte un chiffre d'affaires supplémentaire de 500 000 euros avec ce seul contrat. Pour 2017, Bony devrait réaliser un chiffre d'affaires de plus de 7 millions d'euros, « hypothèse extrêmement basse car l'année démarre très bien », se réjouit Éric Vannoote qui ne souhaite néanmoins plus se risquer à annoncer des plans sur trois ans.

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