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Une nouvelle vitrine pour Émaillerie Alsacienne
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Une nouvelle vitrine pour Émaillerie Alsacienne

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Après s’être fait connaître au siècle dernier grâce à ses plaques de rues et ses plaques publicitaires en tôle d’acier émaillée, la PME bas-rhinoise Émaillerie Alsacienne est désormais reconnue pour ses panneaux de façade sur-mesure. Elle dispose d’un tout nouveau site de production à Altorf et va lancer en 2024 son premier panneau bas carbone sur le marché.

Émaillerie Alsacienne dispose d’un nouveau site de production à Altorf — Photo : DR

Fondée en 1923, Émaillerie Alsacienne renvoie éternellement aux plaques publicitaires en tôle d’acier émaillée, parfois criblées d’impacts de balles où partiellement rouillées, que les chineurs et antiquaires s’arrachent aujourd’hui à prix d’or et que l’entreprise fabriquait jadis à Hœnheim (Bas-Rhin). L'entreprise fête d'ailleurs son centenaire cette année et continue d’innover avec ses panneaux de remplissage pour façades légères à destination du bâtiment.

Un virage opéré dès 1957 par la famille Weyl, qui avait fondé la société durant l’entre-deux-guerres réalisant plus de 6 000 modèles de plaques jusqu’à l’arrêt de cette production en 1970 des suites de la taxation de la publicité et de la nocivité du plomb. Dans un premier temps, l’entreprise crée des habillages de vitrine avant de se positionner sur le secteur des panneaux de façade. En 1990, l’entreprise s’installe à Duttlenheim (Bas-Rhin) dans un bâtiment de 4 000 m2 avant de déposer le bilan deux ans plus tard. Des 220 salariés de l’époque, seule une douzaine d’entre eux vont continuer l’aventure à la faveur d’un rachat par Wehr Miroiterie et le groupe Saint-Gobain jusqu’à la reprise d’Émaillerie Alsacienne en 2014 par le groupe bordelais Aramis. Cent ans plus tard, la société a conservé son nom d’origine. "C’est sûrement décalé par rapport à notre secteur d’activité, mais c’est une marque très ancrée", mentionne Patricia Kleinmann, directrice de l’entreprise qui commercialise toutefois ses produits sous l’intitulé "EA Façade".

Émaillerie Alsacienne compte 25 salariés qui réalisent des panneaux de façade sur-mesure — Photo : DR

Des réalisations de prestige et d’envergure

Aujourd’hui, la PME (CA 2023 : 6,6 millions d’euros ; 25 collaborateurs) opère essentiellement auprès d’établissements recevant du public (ERP) avec ses panneaux de remplissage opaques pour façades légères, murs rideaux, menuiseries et châssis, sur un marché en forte croissance. Elle produit quotidiennement entre 150 et 220 m² de panneaux sur-mesure, équipés de cadre bois, et déclinés en différentes finitions extérieures (glace émaillée, "shadow box", acier, aluminium, stratifié et fibre ciment). À son actif, elle compte des réalisations de prestige et d’envergure comme la Cité du design à Saint-Etienne, le Palais de Justice de Paris, le stade Océane au Havre ainsi que le Groupama Stadium à Décines-Charpieu (Rhône).

Émaillerie Alsacienne a réalisé la façade et la toiture de la Cité du design à Saint-Etienne — Photo : DR

En charge de la prescription et de l’export, Corinne Vaubourg démarche les bureaux d'études techniques (BET), les économistes et les architectes sur le territoire. "Ils adorent l’esthétique et ce qui se voit en façade", dit-elle au sujet de ces derniers.

60 % de la production de la PME bas-rhinoise est en glace émaillée, trempée, réfléchissante ou sérigraphiée. L’effet "shadow box" permet de donner de la profondeur et de la couleur, avec son parement en aluminium laqué et placé en retrait du verre. Outre leur aspect en trompe-l’œil, les parements fabriqués par Émaillerie Alsacienne font office de garde-corps tout en renforçant l’isolation thermique et acoustique des bâtiments. Ces dernières années, l’entreprise s’est diversifiée en réalisant des éléments de remplissage opaque pour verrières.

Un nouveau site de production à 7 millions d’euros

Afin de répondre à la demande, Émaillerie Alsacienne vient d’investir 7 millions d’euros pour la construction de son nouveau site de production de près de 6 000 m2 à Altorf (Bas-Rhin), sur la zone d’activités Activeum, à quelques centaines de mètres de l’ancien bâtiment qu’elle louait à Duttlenheim. Ce bâtiment, inauguré à la mi-novembre, permet à l’entreprise de repenser son flux de production, avec un nouvel atelier dédié à la fabrication de panneaux de grande dimension, d’augmenter sa productivité et d’accroître sa capacité de stockage. Cette nouvelle unité de production va prochainement s’enrichir d’une ligne d’encollage, pour un investissement de 40 000 euros, et d’un palonnier (12 000 euros) pour réduire la pénibilité liée à la manutention de panneaux pouvant aller jusqu’à 300 kg.

900 m2 de panneaux photovoltaïques

Le bâtiment, qui se démarque avec sa façade ornée de panneaux gris et rose, permet aussi à l’entreprise centenaire de réduire son impact environnemental. Construit avec des matériaux recyclables ou naturels comme de la laine pour son isolation, il est alimenté par des pompes à chaleur et sa toiture est végétalisée. Une installation de 900 m2 de panneaux photovoltaïques est prévue courant 2024 et couvrira 52 % de sa consommation. Grâce à ce nouveau bâtiment, Émaillerie Alsacienne compte réduire de plus de 30 % ses émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030.

"Nous étions à l’étroit à Duttlenheim dans un bâtiment qui avait six ouvertures. Ici, on n’en a plus qu’une pour avoir le moins d’échanges entre l’air chaud et l’air froid car nos process de fabrication nécessitent de la chaleur", indique Patricia Kleinmann.

Patricia Kleinmann, directrice générale d’Émaillerie Alsacienne — Photo : DR

À l’image de son premier panneau bas carbone, baptisé Neutrea et

qui sera sur le marché au printemps, la PME souhaite accélérer la décarbonation de ses produits finis en utilisant de l’aluminium issu des filières de recyclage et des isolants biosourcés qui remplaceront la laine minérale.

+15 % de chiffre d'affaires en 2026

Avec son site écoresponsable, Émaillerie Alsacienne compte augmenter et optimiser sa production. "On va pouvoir automatiser certaines actions et gagner en productivité", précise sa directrice. La société centenaire vise une progression de 15 % de son chiffre d’affaires pour 2026, aussi bien en France qu’à l’export. "Cela fait deux ans qu’on prospecte à l’international. Aujourd’hui, on exporte 10 % de notre production, on aimerait passer à 15 % d’ici trois ans", souligne Patricia Kleinmann. Dans la perspective de cette hausse d’activité, Émaillerie Alsacienne pourrait recruter quelques opérateurs supplémentaires.

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