Du samedi au jeudi, la chambre du 1er étage, juste à côté de l’accueil, est sobrement banale. Mais le vendredi, un fauteuil lounge, une table basse, un plateau de petit-déjeuner d’hôtel attendent le visiteur. Et de chambre, l’espace de 12 m² devient "Checkup IP", marque déposée à l’INPI et nom donné à ce bilan de santé dédié aux professionnels.
« IP » pour Infirmerie Protestante. Cet établissement hospitalier privé (51 M€ de chiffre d’affaires l'an passé), basé à Caluire, dans l'agglomération lyonnaise, est géré sous statut associatif par Thierry Degoul. Directeur depuis 1997, il cède sa place ces jours-ci pour partir en retraite. L’homme, qui fréquente de nombreux chefs d’entreprise, a conçu ce nouvel espace pour eux. Une catégorie professionnelle dont l'enseignant-chercheur Olivier Torrès, l'auteur de La santé du dirigeant, dit qu'elle est adepte du « dormir moins pour travailler plus ». Avec une fâcheuse tendance à négliger sa santé au profit du business.
Unité de lieu et de temps
En réalité, plus qu’aux "petits patrons" de PME, l’offre commerciale semble davantage s'adresser aux grands groupes, lesquels peuvent proposer à leurs cadres supérieurs une approche santé « all inclusive ». La prestation, prise en charge par l’employeur, atteint tout de même 1 000 euros, une somme non-remboursée par la Sécurité Sociale.
Avantage majeur : l'unité de temps et de lieu, et la garantie de connaître le résultat de ses examens médicaux dans la semaine. « La première question que l'on me pose, c’est : "à quelle heure je sors ?", relate Coralie Collet, infirmière qui prend en charge ces patients VIP. Ils sont attendus à 8h15, accueillis par un médecin spécialiste des démarches diagnostics difficiles.
Le praticien réalise alors une auscultation, en complément du questionnaire médical préalablement rempli sur le site de l’Infirmerie Protestante. « Ce médecin doté d’un double doctorat est capable d’appréhender l’individu dans sa transversalité », décrit Thierry Degoul. Après la prise de sang pour un bilan sanguin complet, sont pratiqués une radiographie abdominale, puis un électrocardiogramme. En cas de détection d’un problème, le médecin établit une prescription pour un examen complémentaire, pris cette fois-ci en charge par la Sécurité Sociale. L’employeur, lui, reçoit la facture, sans, évidemment, avoir connaissance des résultats du bilan de santé.
Viser les expatriés
Depuis 18 mois, ce service démarre très doucement, avec un patient par semaine, plus rarement deux. L’Infirmerie Protestante s'apprête cependant à signer un accord avec le groupe XPO (ex-Dentressangle) pour opérer 350 diagnostics de cadres. Un contrat est aussi en cours avec le cabinet d’audit EY et la centrale d’achat PME Centrale (Limonest, 10 000 entreprises adhérentes)
La responsable commerciale de Check Up IP prévoit, par ailleurs, de « démarcher » les institutions internationales avec un taux important d’expatriés… « Mais comme établissement de soin, insiste le directeur général, notre démarche vise d’abord à bien couvrir les besoins santé de notre territoire ». À Lyon, le concurrent de cette offre hospitalière, baptisé "Bilan Santé Vitton" a réalisé 1,8 million d’euros de chiffre d’affaires en 2017. La santé des cadres et des dirigeants semblent donc être un secteur, de niche certes, mais porteur.
