Un mois vu par Yves de la Fouchardière
Témoignage # Agroalimentaire # Conjoncture

Un mois vu par Yves de la Fouchardière

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Directeur général Fermiers de Loué (Coulans-sur-Gée, 72) 6 entreprises, 311 millions d'euros de chiffre d'affaires consolidé Parcours Directeur général des Fermiers de Loué depuis 1996

— Photo : Le Journal des Entreprises

Start-up et vieille économie

« On passe notre temps à nous parler de start-up qui vont réussir. C'est très bien, on est très content. Je vis dans la vieille économie, celle de l'exploitation et de la transformation des ressources agricoles. Une économie d'emplois massifs qui fait vivre les villages. Or aujourd'hui, on met de la Californie partout ! Je trouve que l'on est dans un culte exacerbé de la modernité qui donne à nos éleveurs et producteurs un sentiment de dévalorisation de leur travail. Avec ce cloisonnement entre nouvelle et vieille économie, on oublie que cette dernière continue de nourrir les gens. C'est une autre fracture ville-campagne et la campagne électorale a été symptomatique de cela. »

Climat et cours mondiaux

« Cette année on s'attend à une sécheresse, après la mauvaise récolte de 2016. Si la récolte mondiale est abondante et la récolte nationale faible, le tarif retenu pour l'ensemble des professions sera le cours mondial. Pour nos agriculteurs, c'est double peine. S'ils n'ont pas les rendements ni la qualité, ils ne couvrent pas leurs charges. Si on veut préserver notre agriculture, on doit trouver des solutions au niveau des filières ou localement. Arrêtons de demander au consommateur de régler le problème ; il ne veut pas. Il y a trois ans, on a remis le clocher au centre du village avec Filière Confiance. On surpaye les céréales à nos producteurs de Loué, jamais en dessous du coût de revient. Depuis deux ans, on a investi 2,5 millions d'euros en soutien à nos producteurs. Effectivement, c'est de l'argent mais c'est aussi l'exemple d'un problème de mondialisation réglé localement. »

La fin des oeufs en cage

« Auchan annonce qu'ils ne vendront plus d'oeufs de poules élevées en cage. C'était les derniers. C'est le triomphe de notre modèle, mais est-ce une si bonne nouvelle ? D'ici à 2025, on va mettre 10 millions de poules dehors. Dès les années 80, nous avons commencé à commercialiser des oeufs Label Rouge. Tout le monde riait de nous. Mais naturellement le marché est arrivé à 50 % sur ces « oeufs alternatifs ». Ce que Loué a mis trente ans à faire, il va falloir l'accomplir en moins de huit ans. Des éleveurs vont rester avec des équipements non amortis et on risque une course au gigantisme dans les élevages. Il y aura de l'opportunisme au lieu d'un engagement de conviction. Opportunisme et élevage ne fonctionnent pas. Soyons positifs, c'est une bonne nouvelle. Mais ça se serait fait quand même, avec dix ans de plus. »

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