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Un candidat à la reprise d'Ecocis tape du poing sur la table
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Un candidat à la reprise d'Ecocis tape du poing sur la table

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Yaura-t-il une suite au feuilleton Ecocis (ex-Vertaris) ? Quelques semaines après que le tribunal de Grenoble ait prononcé la liquidation judiciaire de l’usine de Voreppe, un repreneur norvégien se propose de relancer l’usine de pâte à papier. Problème : le site vient d’être racheté par l’EPFL (Etablissement Public Foncier Local) du Dauphiné, en vue de procéder à son démantèlement.

— Photo : Le Journal des Entreprises

Existe-il encore un projet Ecocis ? Une chose est sure : la question n’en a pas fini de diviser les protagonistes du dossier. Christian Chavassieu, le représentant d’un pool d’investisseurs novégiens, est désormais en phase de communication active. Après avoir sollicité plusieurs fois les représentants du pays Voironnais et de l’EPFL, il a décidé de passer à la vitesse supérieure en sollicitant plusieurs médias. « Nous avons un projet solide, avec à la clé 29 millions d'euros et 60 emplois, mais on ne veut pas nous recevoir. L’usine a été reprise par un organisme local (l’EPFL du Dauphiné, NDLR) qui a pour vocation de détruire le site ! On tourne en rond ». D’après le projet envoyé aux collectivités-et dont le Journal des Entreprises a pu consulter une copie-, un pool de quatre investisseurs (Poppies, Roar Paulsrud –qui détient elle-même des parts de Heva Holding -, Daimyo, et le cabinet Chavassieu) visaient à relancer l’usine pour produire de la pâte à papier à base de papiers recyclés. « L’idée était de redémarrer l’usine en injectant d’abord 9M€ pour l’achat des matières premières, puis 20M€ d’ici un an pour installer une usine de ouate de cellulose pour produire du papier toilette, de l’essuie-tout et des papiers ménagers », explique-t-il, rappelant que la société ne sollicitait aucune aide de la BPI. Contactée, cette dernière n’a pas répondu à nos demandes d’interviews.

Trop tard ?

Positionné dès la mise en redressement judiciaire, les investisseurs semblent avoir manqué le coche... « Ils ont eu tout le temps nécessaire lors de la phase de redressement judiciaire de se prononcer, le tribunal leur a fait toutes les facilités qu’ils demandaient», souligne Jean-Paul Bret, président du Pays Voironnais. « Mais ils n’ont pas apporté les garanties auxquelles ils s’étaient engagés », ajoute-t-il. « On nous a demandé de présenter des garanties additionnelles et de revoir le plan que l’on avait présenté. Face à ces exigences, notre investisseur principal est rentré en Norvège et a dû trouver des partenaires supplémentaires », fait valoir M. Chavassieu.

Dialogue rompu

Après avoir engagé un cabinet d’experts comptables pour retravailler leur business plan « à la demande des anciens salariés », les investisseurs norvégiens ont rencontré à plusieurs reprises les représentants des salariés ainsi que le maire de Voreppe. « Nous avons écrit et appelé le maire de Voiron ainsi que le Pays Voironnais, mais nous n’avons eu aucune réponse. Une lettre confirme la disponibilité des 9M€ pour la première phase d’investissement, mais cela fait un mois que l’on attend d’avoir un rendez-vous », déplore Christian Chavassieu. « Au début, on a parlé d’un manque de confiance, car les investisseurs n’avaient finalement pas versé la caution de 50.000€ que le tribunal demandait pour obtenir un délai, mais ils ont depuis répondu à toutes les demandes du Pays Voironnais. Ce sont les seuls qui ne nous pas lâchés depuis 6 mois », ajoute Sylvain Charnay, ex-responsable du pôle industrialisation d’Ecocis, qui soutient ce projet de reprise.

Faute de garanties suffisantes, ce projet risque bien de ne jamais voir le jour. Car le site est désormais aux mains de l’EPFL du Dauphiné, qui a racheté la société pour 700.000€ à la barre du tribunal de commerce. « L’EPFL a finalement acquis le terrain car il n’y avait pas d’autre offre. Il va procéder au démantèlement afin que le site soit ensuite remis sur le marché par lots ». En d’autres mots, le Pays Voironnais ne compte plus sur la reprise du site sous la forme d’une papeterie. « Aujourd’hui, pour redémarrer une telle activité, il faut du cash, et pouvoir produire à pertes au départ», estime-t-il. Il a confirmé qu’il ne souhaitait pas recevoir les repreneurs : « Nous ne sommes plus en mesure de négocier, c’est l’EPFL qui est aux commandes », se défend-il. « L’acte de vente final devrait être signé dans les prochaines semaines. En attendant, le liquidateur nous a confié la gestion et la sécurisation du site », précise Christine Garnier, présidente de l’EPFL du Dauphiné. Si le liquidateur a pour mission de vendre les stocks de papier et de matières premières, l’EPFL s’apprête à récupérer le foncier ainsi que certaines machines qu’elle tentera ensuite de revendre, en vue de lancer un appel d’offres pour la dépollution du site. « Nous envisageons de le remettre en état pour accueillir de nouvelles activités. Nous devrons donc passer par une partie de démolition, mais nous laisserons certains atouts du site, comme la centrale d’épuration, le poste électrique », détaille-t-elle.

Une opération de démantèlement à mener

Si le coût de l’opération de démantèlement n’a pas encore été précisé, le Pays Voironnais espère que la commercialisation des terrains permettra de rembourser les frais engagés jusqu’ici par l’EPFL mais aussi par le Pays Voironnais, qui avait déboursé 3 millions d'euros pour le rachat du terrain lors du lancement du projet Vertaris en 2009. Des marques d’intérêts auraient déjà été communiquées par des sociétés voisines, comme le constructeur de transport par câble Poma. Contacté, celui-ci ne souhaite pas se prononcer à ce stade. Une chose est sûre : l’échéancier s’étalera sur plusieurs années. « Pour ce type de chantier, il faut compter entre deux et cinq ans», affirme Christine Garnier. L’EPFL du Dauphiné possède déjà plusieurs autres papeteries en pleine reconversion (à Domaine, Pont-de-Claix et Tullins), n’a pas vocation à demeurer propriétaire, mais à porter les travaux d’aménagement. « Cela débouche souvent sur des projets mixtes, comprenant des logements et des zones d’activité économique, mais tout dépend des sites », glisse-t-elle.
« On part sur au moins deux ans de travaux, mais cela n’empêchera pas de libérer des parties de foncier avant pour les revendre », estime Jean-Paul Bret. Si, par principe, les investisseurs norvégiens pourraient encore faire une offre à l’EPFL lors de la commercialisation du terrain, Christine Garnier nuance : « Une fois démantelé, le site n’aura pas le même intérêt puisqu’il n’y aura plus de machines. On se dirige plus vers d’autres activités industrielles, mais toujours à vocation économique ».

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