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Touton mise sur l'agritech pour sécuriser son approvisionnement en cacao
Bordeaux # Agroalimentaire

Touton mise sur l'agritech pour sécuriser son approvisionnement en cacao

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Plutôt discrète, l'entreprise bordelaise Touton est un acteur majeur du négoce international de matières premières. Après avoir opéré un virage stratégique vers la transformation du cacao en 2015, l'ETI mise aujourd'hui sur les nouvelles technologies pour maîtriser sa supply chain.

Photo : Pixabay - c.c.

À 170 ans, Touton est une « très vieille dame » en pleine forme, pour reprendre l’expression du directeur du département approvisionnement durable, Joseph Larrose. Créée en 1848, l’entreprise bordelaise (1 000 salariés, 1,097 Md € de CA en 2017) est spécialisée dans le négoce de matières premières tropicales : café, vanille, épices, gingembre, cannelle notamment. Mais c’est dans le cacao que la société a réussi à se faire une place au soleil : « nous traitons environ 10 % de la récolte mondiale », avance Joseph Larrose. Et ce pour les plus grands chocolatiers mondiaux dont Nestlé, Mondelez et Ferrero.

Du négoce à la transformation

Malgré sa confortable situation sur le marché du cacao, Touton a dû opérer en 2015 un véritable virage stratégique. L’entreprise inaugure cette année-là une usine de transformation au Ghana. Elle y fabrique désormais de la liqueur, des cakes et du beurre de cacao.

« Nos métiers ont changé. Il nous a donc fallu passer d’un métier de produits à un métier de service. »

« Nos métiers ont changé, alors il faut s’adapter. Il y a vingt ans, notre rôle de broker - le fait de vendre telle quantité et telle qualité à un prix convenu en amont, de livrer le cacao en Europe - était une vraie valeur ajoutée. Aujourd’hui, d'autres acteurs du secteur peuvent faire cela. Il a donc fallu proposer davantage, passer d’un métier de produits à un métier de service, et la transformation de cacao est un service que nous offrons », résume Joseph Larrose.

Géolocaliser, connecter, référencer

Dans ce contexte, Touton mise aujourd'hui sur l’agritech, c’est-à-dire sur l’usage des nouvelles technologies dans l’agriculture, pour assurer son développement. « Cela s’inscrit dans une volonté globale d'une meilleure maitrise de notre chaîne d’approvisionnement, reprend le dirigeant. Nous travaillons avec des milliers de petits planteurs ayant chacun des différences de revenus, d’éducation, de pratiques agricoles, etc. Notre objectif est de mieux les connaître pour leur permettre de se renforcer et de se professionnaliser, dans l’espoir de pérenniser à la fois notre relation avec eux et donc nos chaînes d’approvisionnement ».

Géolocalisation des parcelles agricoles, collecte des données du matériel et de son utilisation, référencement... Touton a d’abord externalisé, puis créé son propre système pour agréger ces données, faire le lien entre toutes les informations et mieux les interpréter.

A la recherche de data scientists

En plus de cette digitalisation de la supply chain, l’entreprise a aussi noué un partenariat avec l’agence spatiale néerlandaise, pour améliorer l'efficacité de ses producteurs en anticipant par exemple très finement les changements météo et en vérifiant les rendements et l’état des plantations. « Pour l’heure, nous ne mesurons pas précisément l’apport de l'utilisation de ces nouvelles technologies », reconnaît Joseph Larrose. « Nous sommes en train d’embaucher des data scientists et de nouer un partenariat avec l’université de Bordeaux pour héberger des doctorants qui pourront nous aider à formuler les interrogations. Il y a un vrai travail de structuration à faire pour pouvoir élever nos connaissances et être encore plus performants à l’avenir », estime-t-il.

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