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Sur la Côte d'Azur, l’industrie veut faire rêver les jeunes pour recruter
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Sur la Côte d'Azur, l’industrie veut faire rêver les jeunes pour recruter

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La flambée des coûts de l’énergie et les difficultés d’approvisionnement n’ont pas occulté l’un des défis majeurs de l’industrie : le recrutement. Le secteur embauche et le fait savoir. Mieux, il le fait voir pour séduire en priorité les plus jeunes, comme lors du 20e salon Industria à Nice.

Thales Alenia Space, l’un des plus gros employeurs privés des Alpes-Maritimes, était présent sur le salon Industria à Nice — Photo : Olivia Oreggia

Par centaines, les collégiens et lycéens du département ont visité le salon Industria Méditerranée, organisé par Atica, l’Alliance des Techs et des Industries Côte d’Azur, dont la 20e édition se déroulait pendant deux jours au Palais Nikaia de Nice. Un salon pour faire du business bien sûr, mais aussi pour séduire les jeunes dont le recrutement demeure ardu.

Travailler son image

Pour Michel Cornillon chef d’agences Apave, il faut oeuvrer à "recapter les jeunes dont certains pensent encore que l’industrie consiste à serrer des boulons et avoir les mains pleines de cambouis". "La question est malheureusement plus structurelle que conjoncturelle, analyse Denis Luneau, directeur régional du groupe Audemard (500 collaborateurs, CA : 200 M€) basé à Carros, spécialisé dans les matériaux de construction (production de granulats, fabrication de béton prêt-à-l’emploi). Cela fait des années que nous avons de grandes difficultés à recruter et à donner une image positive de nos métiers. Il faut faire un peu rêver les jeunes. Cela n’a pas été le cas pendant longtemps."

"L’industrie du futur a démarré."

Pour les faire rêver, Industria a mis en place un vaste démonstrateur des métiers où les jeunes peuvent déambuler, tester et pourquoi pas, voir naître une vocation. Spatial, chimie, éclairage, tôlerie… l’industrie 4.0 leur a déroulé le tapis rouge, à grand renfort de casques de réalité virtuelle, de bras robotisés ou d’échantillons de produits. Tout pour rendre le secteur ludique et dans l’air du temps.

Nouvelles mentalités

"Je suis très optimiste, les entreprises savent évoluer, assure quant à elle Marion Bouthors, directrice du site Schneider Electric de Carros. L’industrie du futur a démarré. Elle est beaucoup plus efficace et moderne, les opérateurs travaillent dans de bien meilleures conditions. Notre entreprise est ainsi riche en solutions digitales et connectées qui laissent la place aux jeunes et à des mentalités différentes." Et c’est précisément par un changement de mentalités, déjà enclenché, que passera ce renouveau de l’industrie quant à son volet RH.

La réalité virtuelle est fortement utilisée pour mettre les jeunes en situation et leur faire découvrir l’industrie — Photo : Olivia Oreggia

"Aujourd’hui, les jeunes font leur travail, ils le font bien, mais ensuite, ils passent à autre chose, reprend Denis Luneau du groupe Audemard. Le travail n’est pas au cœur de leurs préoccupations. Il est davantage un moyen qu’un objectif. Ils n’hésitent pas à quitter l’entreprise. Cela crée une difficulté intergénérationnelle avec des collaborateurs plus anciens. Mais c’est ainsi, c’est à l’entreprise de s’adapter, d’évoluer pour être attractive."

La décarbonation pour mieux recruter

Et lorsque l’entreprise parvient à surmonter ce fossé des générations 2.0, celui-ci peut même devenir un atout. Ce que les Américains appellent du "reverse mentoring" ou mentoring inversé. "Les jeunes viennent avec leur expérience du digital, se confronter à la technicité de nos anciens, et cela apporte vraiment de la puissance à l’industrie, ajoute Michel Cornillon (Apave), pour qui une autre opportunité se profile par ailleurs pour le secteur industriel : la décarbonation. "L’environnement va aussi aider l’industrie, qui verdit, à se réinventer et à gagner." Et à attirer des jeunes. "Un métier industriel n’est pas un métier sale qui participe à la pollution du territoire, confirme Denis Luneau. L’industrie évolue avec des process de production de plus en plus vertueux, et va vers des produits décarbonés. Cela, il faut le montrer. C’est un enjeu d’avenir et une opportunité pour développer de nouveaux métiers industriels dans notre département."

Alpes-Maritimes # Industrie # Production et distribution d'énergie # Organismes de formation # Services # Ressources humaines