À la fin de l’année 2023, Alain Castillon, le gérant de l’entreprise Stratel (CA 2023 : 2,6 M€, 40 salariés), qui déploie les télécoms et installe des bornes de recharge électriques, faisait valoir ses droits à la retraite. "Il était propriétaire de l’entreprise avec sa femme et ils détenaient à eux deux 100 % de l’entreprise, se souvient Martin Dumoulin, associé, et actuel gérant et directeur de Stratel. Ils voulaient céder la société, depuis plus de cinq ans. Ils souhaitaient que l’entreprise soit reprise par un ou plusieurs salariés. Ça nous a pris presque un an de négociations", assure le dirigeant actuel.
Sollicité pour reprendre la direction de l’entreprise, Martin Dumoulin, qui était alors directeur, se sent prêt à s’investir dans l’aventure "mais à condition que ce soit l’ensemble des salariés qui reprenne", raconte-t-il. Le choix de la Scop s’impose alors "pour des questions humaines, de relations de travail, d’implications des salariés et pour des questions fiscales", justifie l’actuel directeur.
C’est ainsi que, le 27 décembre 2023, une assemblée de transformation de Stratel se tenait à Messein, près de Nancy, au siège de l’entreprise, qui compte aussi une agence en Haute-Savoie. "Nous sommes devenus une Scop, avec 37 associés", reprend le directeur.
Associés avec les anciens propriétaires
Déjà familier avec le fonctionnement d’une Scop, Martin Dumoulin contacte en premier lieu l’union régionale des Scop, "pour travailler ensemble sur la faisabilité du projet." Avec l’appui administratif et financier de l’union régionale des Scop, les salariés se mettent d’accord sur un protocole d’accord général. "Notre particularité est que l’on n’a pas racheté l’entreprise. On s’est associés avec les anciens propriétaires. Ils détiennent encore 48 % de l’entreprise, et nous, 52 %", précise Martin Dumoulin. Les associés rachèteront l’intégralité de l’entreprise d’ici trois ans, ce qui leur permet d’échelonner le rachat de Stratel.
Près de 140 000 € d’aides du conseil régional
Chaque associé a déjà injecté près de 4 000 € au capital de l’entreprise. Au-delà, de cet apport, "le conseil régional a mis un euro pour chaque euro engagé par les associés", indique le directeur. Une aide qui vaut pour toutes les Scop du Grand Est et qui a permis à Stratel de débloquer près de 140 000 €, injectés par le Conseil régional. "L’entreprise avait des dettes. Elles ont été remboursées par le capital", analyse Martin Dumoulin. Aujourd’hui, le capital de Stratel approche les 500 000 €.
"La particularité d’être en Scop, c’est qu’on a plus d’aides et d’accompagnement", ajoute le directeur. En 2024, Stratel profitera de ce vent de renouveau pour développer son activité d’installation de bornes de recharge sur les copropriétés, en plus des particuliers.
Une organisation presque inchangée
"Pour les clients, il n’y a eu aucun changement", relate Quentin Bigaré, associé. Au sein de l’entreprise, l’organisation n’a pas non plus été transformée. "Il y a toujours une hiérarchie", décrit Bénédicte Pallez, l’une des associés. Martin Dumoulin a été élu à la tête de Stratel par ses associés et pour une durée de quatre ans. "Peu importe l’argent que chacun a dans la société, nous avons tous le même pouvoir lors des assemblées générales", rappelle pourtant le directeur. Seule différence depuis la constitution de l’entreprise en Scop : "nous devons rester attentifs, aux dépenses notamment, car si cela peut nous rapporter plus, nous gagnons plus", justifie Bénédicte Pallez.
