Le groupe industriel StellaGroup (2 500 collaborateurs, CA : 642 M€), basé à Escalquens (Haute-Garonne), qui conçoit, fabrique et commercialise des systèmes de fermeture, de sécurité et de protection solaire pour le marché du second œuvre dans le bâtiment, va acquérir la société italienne Pratic F.lli Orioli Spa (300 salariés, CA 2022 : 80 M€). Les deux partenaires sont entrés en négociation exclusive en mai 2023, le rachat restant soumis à l’approbation des autorités antitrust. Établie à Fagagna, dans le Frioul, l’entreprise familiale Pratic, qui conçoit, fabrique et commercialise des pergolas et des stores depuis plus de 60 ans, était jusqu’alors détenue par les deux fils du fondateur, Edi Orioli (vainqueur du Paris-Dakar à moto en 1988, 1990, 1994 et 1996) et Dino Orioli. Leader de la pergola en Italie, auprès d’une clientèle d’installateurs professionnels, elle réalise 40 % de ses ventes à l’export. “Pratic finalise cette année une phase de 12 millions d’euros d’investissements, situe Didier Simon, président de StellaGroup depuis 2009. Elle s’appuie sur une usine ultramoderne dans laquelle viennent d’être regroupées une partie de ses activités. Elle nous intéresse parce que ce site dispose d’une capacité industrielle pour servir notre groupe.” Avec cette acquisition, StellaGroup poursuit son ambition de devenir l’un des leaders européens de l’outdoor et de la protection solaire, secteur dans lequel elle réalise aujourd’hui environ 30 % de son chiffre d’affaires.
Réchauffement climatique
“J’ai ajouté cet axe-là en stratégie, qui n’existait pas il y a encore cinq ans, en raison du réchauffement climatique et du coût de l’énergie, précise le dirigeant. Le marché va de plus en plus vers l’isolation thermique des bâtiments et la protection solaire pour éviter de surchauffer.” Début 2022, l’ETI haut-garonnaise avait déjà racheté l’entreprise Biossun (90 salariés, CA : 26 M€), basée à Sassenage (Isère), elle-même conceptrice, fabricante et vendeuse de pergolas bioclimatiques. Elle mettait ainsi la main sur une entreprise en pleine croissance, qui avait multiplié par 2,5 son chiffre d’affaires en sept ans, forte d’une ligne de produits inédite pour elle. “Nous avons atteint une certaine taille et nous sommes désormais sur le rythme d’une acquisition par an, indique Didier Simon. Mais intégrer des sociétés, c’est beaucoup d’énergie, de ressources et d’argent, cela demande d’être solide sur ses bases. Nous ne sommes pas des joueurs de Monopoly, nous ne faisons pas de coups. Nous nous appuyons sur deux points très forts : les synergies d’achats et de produits, pour les standardiser et rationaliser nos usines avec les mêmes process industriels, et le cross selling (ventes croisées). Nous allons par exemple pouvoir mettre sous nos marques les pergolas de Pratic dans les pays où elle n’était pas et ainsi développer ses ventes. Et quand on développe les ventes, on développe les usines, les emplois. Tout devient vertueux. Nous nous appuyons sur l’excellence industrielle de tous nos sites pour minimiser nos prix de revient et favoriser notre agressivité commerciale.”
Trois business units
StellaGroup est présent en France, en Allemagne, aux Pays-Bas et en Grande-Bretagne au travers de ses 15 filiales. Depuis le début de l’année, le groupe s’est structuré autour de trois business units : la fermeture de la baie (volets roulants), qui représente environ 50 % de son volume d’affaires, l’accès (portails, clôtures, garde-corps, portes sectionnelles industrielles, grilles et rideaux de magasin) pour 20 % de ses ventes, et l’outdoor (protection solaire, store banne, store vertical, pergola, toit terrasse). “Lors de mon arrivée, le groupe était composé de deux sociétés françaises (dont La Toulousaine) qui faisaient 90 millions d’euros de chiffre d’affaires, synthétise Didier Simon. Nous l’avons d’abord développé en France (rachats de Profalux, Eveno Fermetures, Sofermi et Flip), à chaque fois en modernisant les entreprises et en apportant beaucoup d’argent. Nous investissons encore aujourd’hui près de 30 millions d’euros par an dans nos usines. Puis nous sommes devenus un vrai groupe international. Avec l’acquisition de Pratic, nous réaliserons 45 % de nos ventes en France et 55 % à l’étranger.” En janvier 2019, StellaGroup était cédé par Intermediate Capital Group (ICG), resté actionnaire minoritaire auprès du management, au fonds d’investissement français PAI Partners, pour accompagner ses plans de croissance organique et externe.
Un œil sur l’Europe de l’Est
Effet immédiat : trois mois plus tard, StellaGroup rachetait pour plus de 300 millions d’euros la division volets et stores du groupe irlandais CRH (750 collaborateurs, CA 2018 : 217 M€), l’un des leaders mondiaux des matériaux de construction, comprenant quatre usines (deux en Allemagne, une au Pays-Bas, une au Royaume-Uni) et autant de marques (Alulux, AVZ, Erhardt Markisen et SWS). Fort de cette acquisition, StellaGroup élargissait sa gamme de produits, doublait de taille et réalisait 45 % de son chiffre d’affaires à l’international, contre moins de 5 % auparavant. Fin 2020, l’ETI haut-garonnaise récidivait en rachetant DuoTherm GmbH, positionnée sur les marchés des volets roulants et des brise-soleil sur le marché allemand. “Notre notoriété sur le marché nous sert, explique Didier Simon. La moitié des dossiers nous parviennent directement par des personnes qui nous contactent. Nous demandons aussi aux dirigeants de nos sociétés réparties en Europe de faire du screening pour repérer les entreprises potentiellement intéressantes. Nous avons mis cette routine en place pour connaître parfaitement les acteurs de notre marché.”
À l’avenir, StellaGroup pourrait sonder les pays d’Europe de l’Est et la Belgique, où il n’est pas présent, et envisager de se renforcer encore en Allemagne et en France. “Si nous sommes performants, c’est aussi parce que nous pouvons compter sur nos collaborateurs, conclut le dirigeant. 88 % de nos employés en France sont actionnaires du groupe (StellaGroup leur avait ouvert son capital fin 2019). C’est un modèle que j’adore et que je pousse. Le partage de la création de valeur crée l’adhésion, l’implication et la stabilité du personnel.”
