C’est dans le Var, département le plus ensoleillé de France que la start-up Solar Brother, spécialisée dans la conception de solutions solaires, a choisi de passer à la vitesse supérieure, portée par un doublement de son chiffre d’affaires en 2022 (1,6 million d’euros, 11 salariés). Elle a aussi le soutien de sa communauté puisqu’elle a levé près d’1,5 million d’euros auprès de 400 nouveaux actionnaires (ils sont désormais 500, NDLR). L’entreprise, fondée en 2016 à Paris par Gilles Gallo, Corinne Mau et Gatien Brault, avait déjà installé son centre de R & D, à Carnoules. Cet automne, il y aura aussi un centre de démonstration et cet hiver, un site de production. Trois des quatorze produits solaires (briquet, fours et barbecues, séchoir à légumes, chargeurs, chauffage…) de Solar Brother seront désormais assemblés dans le Var, dans un bâtiment de 600 m². "Nous avons ressenti une envie partagée par tous les institutionnels de nous faire avancer", confie le PDG Gilles Gallo.
Des produits made in Var
"La mairie de Carnoules endosse l’investissement lié à la construction et nous allons investir une première tranche de 500 000 euros sur une enveloppe totale d’un million d’euros en trois ans. Nous réalisions jusqu’alors la conception et la commercialisation et sous-traitions la fabrication en France. Nous allons désormais maîtriser l’ensemble de la chaîne et misons sur un budget à l’équilibre dès la mise en fonctionnement", confie le dirigeant. Trois premières embauches permettront de faire tourner l’outil de production et à trois ans, ce sont 15 emplois qui pourront être créés en fonction de la montée en cadence. Ces salariés assembleront Ero, un chauffage solaire, le dernier né de la gamme. Ils produiront aussi la marmite CookUp et le four solaire SunChef Pro, capable d’alimenter plus de 50 personnes et dédié aux professionnels de la restauration et de l’hôtellerie de plein air. Après avoir conquis les particuliers via des distributeurs tels que Decathlon, Nature & Découvertes ou Le Vieux Campeur, Solar Brother veut convaincre les cuisiniers professionnels, avec en ligne de mire, la conquête de marchés à l’export.
La gastronomie française pour étendard
"Notre premier four solaire est utilisé quotidiennement depuis deux ans par Pierre André, le fondateur du restaurant Le Présage, à Marseille. Nous en avons installé cinq de plus depuis le début de l’année, partout en France et sur des segments diversifiés. En plus, l’acquisition peut être soutenue par l’Ademe via le fonds Tourisme durable." En région parisienne, à Pornic (Loire-Atlantique), dans le restaurant d’un camping du Morbihan… le four a été testé dans différents contextes. À l’image également des cuisines de la cheffe étoilée Nadia Sammut à L’Auberge la Fenière, dans le Vaucluse, qui est la marraine de l’école Paul Bocuse, et qui initiera même les futurs apprentis de l’école à la cuisson solaire dès la rentrée prochaine. "Nous ne pouvions trouver meilleure ambassadrice", se réjouit Gilles Gallo. Fin juin, l’entreprise a aussi mené une démonstration auprès de 500 restaurateurs, invités du grossiste alimentaire Pomona.
La conquête de ces artisans de la gastronomie française est une étape importante pour l’entrepreneur, qui espère en convertir 100 d’ici fin 2024 et entre 10 et 15 dès la fin de cette année. "La gastronomie française sera pour nous l’un des meilleurs étendards pour conquérir l’export, dont la part dans notre chiffre d’affaires devrait passer de 30 % aujourd’hui à 70 % dans trois ans." Solar Brother a déjà trouvé ses premiers distributeurs en Europe (Espagne, Pays Bas, Allemagne, Italie) et a installé, au début de l’été, un premier stock aux États-Unis, "l’autre pays, avec la France, qui s’intéresse depuis longtemps à la cuisine solaire."
Le soleil et ses différentes énergies
Pour faciliter la conversion des professionnels, mais aussi des particuliers, Solar Brother s’est équipé d’un centre de démonstration, là encore, à Carnoules. "Notre entreprise, labellisée Entreprise solidaire d’utilité sociale, met à la disposition de tous des plans et conseils d’utilisation en open source pour favoriser l’auto-construction. En plus de ces données, nous voulons proposer des stages aux particuliers, mais aussi des cours de cuisine avec de grands chefs." Car Gilles Gallo en a acquis la certitude : lorsque les gens ont goûté cette cuisine solaire, chez eux ou dans un restaurant, ils ne se posent plus de questions, ils passent à l’acte." Et pour cette cible B to C, Solar Brother n’a cessé d’étoffer son catalogue. Elle a développé le feu, la cuisson, le séchage et maintenant le chauffage, et rencontré son public. "Le séchoir a dépassé les 500 exemplaires vendus en un an. Notre Ero, un système autonome de chauffage, équipé de panneaux aérothermiques, sera disponible fin 2023 et a déjà recueilli plus de 3 500 marques d’intérêt sur Ulule, grâce à sa promesse en termes d’économies d’énergie."
