La coopérative finistérienne Savéol, confirme sa place de leader français de la tomate avec une production dépassant les 70 000 tonnes l’an dernier. De quoi afficher un chiffre d’affaires de 234 millions d’euros, en croissance de 2 % après une hausse de 3 % en 2023. Une belle performance pour Savéol, qui regroupe 90 producteurs employant plus de 2 500 personnes et exploitant plus de 200 hectares de serres. Car l’année 2023 a été pour le moins chahutée, avec une météo défavorable qui a entraîné des retards de production en début de saison et des problèmes sanitaires qui ont impacté certaines exploitations. "On estime les pertes entre 3 000 et 5 000 tonnes", retrace Pierre-Yves Jestin, le président de la coopérative.
Une année compliquée par les aléas climatiques et l’inflation
"Il a aussi fallu faire face à la hausse des coûts de production engendrée par l’augmentation des salaires, du prix de l’énergie ou encore des semences… Mais ces obstacles ont été en partie compensés par une hausse du prix moyen des produits sur l’ensemble de filière", poursuit le président, qui souligne au passage que cette hausse du chiffre d’affaires concerne non seulement les tomates (82 % de l’activité) mais aussi les fraises, les concombres, les aubergines et les poivrons.
La fin d’année a également été marquée par le passage de la tempête Ciarán, qui n’a cependant impacté qu’un nombre limité d’exploitations. "Il a tout de même fallu reconstruire 50 000 m² de toiture sur les serres, ce qui représente des dizaines de milliers d’heures de travail… Mais nous étions heureusement dans une période d’inter-culture et cet épisode n’a quasiment pas engendré de retard de production", précise Pierre-Yves Jestin, pour qui 2024 semble se présenter sous de meilleurs auspices.
La qualité comme seule réponse aux prix cassés marocains
"Nous visons cette année une légère progression de la production de tomates pour atteindre les 75 000 tonnes. Nous avons actuellement entre 10 et 15 % de retard sur cet objectif à cause du faible taux d’ensoleillement en début de saison, mais un rattrapage est encore tout à fait possible", analyse-t-il. La production de fraises devrait elle aussi être en légère hausse pour atteindre les 3 000 tonnes, contre 2 800 l’an passé.
Mais l’horizon n’est pas pour autant complètement dégagé pour la coopérative finistérienne, qui doit notamment faire face à une concurrence féroce venue principalement du Maroc. Une concurrence qu’elle estime inéquitable tant la distorsion des coûts de production est forte. "Face à des prix aussi bas, notre réponse ne peut être que de continuer à cultiver des produits de qualité et reconnus par les consommateurs", estime Pierre-Yves Jestin, qui met en avant le label "Marque préférée des consommateurs" récemment obtenu par Savéol, ainsi qu’une production cultivée à 90 % sans pesticides grâce à l’utilisation d’insectes, une méthode de production alternative au bio pour laquelle elle détient actuellement 50 % de parts de marché.
