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Saint James maille son développement à l’international
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Saint James maille son développement à l’international

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Pour soutenir son développement à l’international, la plus que centenaire entreprise de marinières Saint James a inauguré, le 7 novembre dernier, ses nouveaux bureaux et un entrepôt logistique de près de 4 000 m2. Un investissement de plus de 6 millions pour l’entreprise normande qui souhaite passer le seuil des 50 % de chiffre d’affaires à l’export d’ici 2033.

1 300 000 marinières en coton mais aussi en laine sortent chaque année de l’entreprise du sud manche — Photo : Ingrid Godard

Fleuron du textile français, l’entreprise Tricots Saint James, créée en 1889, rassemble aujourd’hui plus de 400 collaborateurs dont 350 à Saint-James (Manche) où sont installés son siège et ses deux ateliers de tricotage et confection en laine et coton. Reconnue Entreprise du Patrimoine Vivant (EPV), Les Tricots Saint James, qui commercialisent 1,3 million de pièces d’habillement par an, dont la fameuse marinière en coton, mais aussi des pantalons, vestes et pulls en laine, n’a de cesse de développer ses gammes, de s’implanter partout dans l’Hexagone, et cherche à présent à accélérer son déploiement à l’international.

Plus de 50 % du chiffre d’affaires à l’international

Alors qu’elle compte 31 boutiques en propre, 56 boutiques franchisées ou affiliées et 455 points de ventes multimarques en France, l’entreprise textile a aussi tissé un réseau international de 7 500 points de vente à travers une trentaine de pays, en Europe et dans le monde, notamment en Asie (Japon, Corée du Sud, Chine), au Canada et aux États-Unis.

L’objectif fixé pour 2033 est d’ouvrir une trentaine de nouvelles boutiques en France et à l’étranger. L’export qui représente 40 % de l’activité de l’entreprise (répartit en trois tiers entre les États-Unis et le Canada, l’Europe et l’Asie), devrait passer le seuil des 50 %, d’ici dix ans avec de nouveaux marchés en Amérique du Sud, à Dubaï, au Mexique, et plus largement en Europe, avec des ambitions en Espagne, Portugal, Suède, Danemark, ainsi qu’en Finlande. "De 2013 à 2023, le chiffre d’affaires est passé de 34 à 55 millions d’euros notamment grâce à l’export", explique Luc Lesénécal, le PDG du groupe Saint James. Désireuse de proposer de nouveaux concepts, la marque a ouvert le Saint-James Café à Busan, en Corée du Sud, en juillet 2023. "À l’intérieur de la boutique, nous proposons un espace café dégustation", décrit le dirigeant des Tricots Saint-James. "Cela permet au consommateur de découvrir la collection d’une autre façon. Dans ce café, il y a aussi des produits locaux, comme des pâtisseries au beurre d’Isigny. Nous voulons mettre des accessoires non textiles mais issus de la Normandie." Très attaché à l’aspect local, il envisage d’importer ce concept store dans la Manche, et souhaiterait l’implanter au Mont-Saint-Michel, mais aussi outre-Atlantique comme à New York.

6 millions d’euros pour de nouveaux locaux

Luc Lesénecal a reçu la Légion d’honneur par le président de la République Emmanuel Macron, le lundi 30 octobre 2023 — Photo : Ingrid Godard

Les vêtements vendus par Tricots Saint James en France et dans la trentaine de pays ou la marque a su s’installer, aux quatre coins du monde, sont fabriqués en France, valorisant ainsi le Made in France. En 2022, 1,3 million de marinières en coton et modèles laine, sont ainsi sortis de ses ateliers.

Pour être encore plus performante et consolider son implantation territoriale, l’entreprise a investi sur son site historique de Saint-James, ces deux dernières années, 3,4 millions d’euros dans 1 200 m2 de nouveaux locaux de bureaux et un studio photo, tout en aménageant un espace de 600 m2 supplémentaire pour les ateliers de production. S’ajoute un investissement pour la nouvelle plateforme logistique de 4 750 m2, elle aussi située à Saint-James, pour un montant de 3 millions d’euros. "Nous livrons tous les pays depuis cet entrepôt", poursuit le président des Tricots Saint James. Un investissement soutenu à hauteur de 700 000 euros par l’État et la Région Normandie, dans le cadre du plan de Relance. "Cela a permis de maintenir 20 emplois aux expéditions", affirme le dirigeant.

"Depuis 134 ans, Saint James a fait preuve de résilience face à toutes les crises. Nous n'avons jamais délocalisé" Luc Lesénécal PDG du groupe Saint James.

Un service que l’entreprise aurait pu externaliser, mais qu’elle a préféré conserver en local : "Même si les années 2023 et 2024 s’annoncent difficiles, nous ne devons pas baisser les bras. Depuis 134 ans, Saint James a fait preuve de résilience face à toutes les crises. Nous n’avons jamais délocalisé". L’entreprise entend poursuivre son développement en agrandissant ses ateliers de production et en modernisant son parc de métiers à tricoter, "l’un des plus grands de France", en achetant aussi de nouvelles tables de coupe automatisées permettant, en complément des tables de coupe manuelle, d’intégrer au sein des ateliers la coupe effectuée par les sous-traitants de l’entreprise en Europe. Ce renouvellement du parc de métiers à tricoter représentera un autre investissement pour Saint James, d’un montant de 3 millions d’euros réparti sur 5 ans. Et dans ses cartons, Luc Lesénécal porte aussi un projet de nouvel atelier de confection "qui à terme pourrait employer une quarantaine de personnes". Un objectif pour lequel un partenaire sera associé à Saint James (la direction ne souhaite pas en dire plus pour l’instant) pour une installation prévue dans l’Ouest de la France.

Former à l’excellence de la tricoterie

En 2012, Saint James a obtenu le label Entreprise du Patrimoine Vivant (EPV), décerné par l’État. Ce prestigieux label distingue les entreprises françaises possédant un savoir-faire artisanal et industriel d’excellence. Une véritable reconnaissance pour l’ETI normande, qui accorde la plus grande importance à la qualité de ses produits. Chaque année, une dizaine de salariés sont recrutés pour bénéficier de formations qui durent entre un et deux ans, dispensées au sein des ateliers directement par les équipes en interne, permettant aux nouvelles recrues d’acquérir les savoir-faire uniques de la tricoterie traditionnelle. "Saint James emploie pour la confection de ses vêtements des bonnetiers, des couturières et des raccoutreuses, c’est-à-dire celles qui assurent la réparation des défauts dans les articles textiles après tricotage. Cette grande expertise s’acquiert en interne, au terme d’une formation de deux ans. Le remaillage est également un savoir-faire spécifique à la marque" précise Luc Lesénécal. "Cela ne nous empêche pas d’actualiser en permanence notre style et notre identité marine, en revisitant nos produits phares comme le pull marin, le caban ou encore la marinière. De nouvelles matières comme le chanvre, le lin ou des mélanges de matières, mais aussi de nouvelles coupes plus loose (ample) ou originales, et de nouvelles couleurs comme des fluos viennent suivre la mode pour toucher de nouveaux clients."

Développer de nouvelles licences

Si l’ambition de l’entreprise est notamment de continuer à produire l’intégralité de ses fabrications en France, et particulièrement à Saint James, elle est également de développer des licences avec des maisons prestigieuses, comme la Marine nationale, la Présidence de la République, la Tour Eiffel, le musée océanographique de Monaco, la Comédie française ou encore l’opéra Garnier. Des collaborations éphémères sont aussi d’actualité, comme celle réalisée avec le chanteur Étienne Daho, mais aussi lors d’évènements spécifiques comme l’Armada de Rouen, et le festival des Papillons de Nuit. Un développement, une notoriété grandissante et une excellence des productions de l’entreprise normande qui ne sont pas passés inaperçus auprès du Président Emmanuel Macron qui, en décembre 2022, lors de son voyage aux États-Unis, a offert un pull en laine des Tricots Saint James à son homologue américain Joe Biden.

Manche # Textile # Export # Investissement industriel # ETI