Route du Rhum : « Une marque qui investit en sponsoring peut décupler sa mise de départ »
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Route du Rhum : « Une marque qui investit en sponsoring peut décupler sa mise de départ »

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La Route du Rhum célèbre cette année sa 40e édition. Retour sur ce qui fait le succès de cette course au large, tant au niveau sportif que commercial, avec son directeur, Mathieu Sarrot.

— Photo : © Alexis Courcoux

François Gabart sur "Macif", Thomas Coville sur "Sodebo", Armel Le Cléac’h sur "Banque Populaire IX", Vincent Riou sur "PRB"… La liste est longue mais il n’y a pas besoin d’en dire plus pour comprendre de quoi il est question ici. La course au large, et plus précisément la Route du Rhum, font partie de ces événements hors norme qui font s’emballer la machine à rêves et attirent les regards d’un public qui va bien au-delà du million d’amateurs de nautisme, sans limite d’âge ou de sexe. De quoi donner des idées aux entreprises désireuses de s’associer aux valeurs véhiculées par la compétition transatlantique. Mais les places sont très demandées.

« Une course facile à vendre »

Le drapeau de la Route du Rhum - Destination Guadeloupe flottera à nouveau entre Saint-Malo et la Guadeloupe cet automne — Photo : © Alexis Courcoux

« La Route du Rhum est une course facile à vendre, car les partenaires connaissent la puissance et la notoriété de cet événement », affirme Mathieu Sarrot, directeur des événements offshore pour OC Sport-Pen Duick et directeur de la Route du Rhum.

« Un bateau, un skipper, un océan à traverser. Le concept est simple et fort à la fois. »

Pour lui, si elle attire autant les foules, c’est d’abord par la simplicité de sa formule : « Un bateau, un skipper, un océan à traverser. Le concept est simple et fort à la fois ». Un concept ouvert à différentes catégories de navires qui permettent, tant au gentleman navigateur qu’au professionnel le plus à la pointe, de participer. « Cela ouvre la porte à toutes les bourses, de 50 000 € cette année pour le plus petit budget, jusqu’à 20 millions d’euros sur trois ans et donc plusieurs courses pour le classe Ultime le plus cher ».

Décupler la mise

Un budget qui reste raisonnable, en comparaison des sommes versées dans d’autres sports et surtout, au vu de son amortissement par les retombées média, valorisées par la suite pour le sponsor principal en équivalent de temps publicitaires.

« La voile est l'un des rares sports où l’on cite systématiquement le nom de la marque pour parler d’un équipage. »

« Bien exploité, un investissement sur un voilier et son skipper peut aller jusqu’à décupler la mise de départ. Il ne faut pas oublier que la voile est l'un des rares sports, avec la Formule 1 et le cyclisme, où l’on cite systématiquement le nom de la marque pour parler d’un équipage. Et au-delà de cette visibilité offerte, les entreprises viennent aussi chercher l’aspect aventure, dépassement de soi, ou encore d’innovation avec ces foils qui font voler les voiliers, pour y associer leur image. Tout comme le fait que c’est un sport qui ne souffre pas de scandale de dopage... »

Moins de temps, mais plus de « bruit »

Si en 1978 il avait fallu 23 jours à Mike Burtch pour couper la ligne d’arrivée, il n’en faudra sans doute pas plus de six au plus rapide cette année, ce qui réduit d’autant le temps d’exposition médiatique pour les marques. Mais cela ne dérange pas Mathieu Sarrot : « Certes, six jours c’est peu en comparaison des 74 jours du Vendée Globe. Mais la Route du Rhum est un peu comme un 100 mètres aux Jeux Olympiques, avec des records, de belles histoires et beaucoup d’intensité. Et cette intensité est phénoménale. Calculée en Unité de Bruit Médiatique, ou UBM, elle dépasse toutes les autres courses », se félicite Mathieu Sarrot. L'UBM est un indicateur fourni par le spécialiste de la veille média Kantar Sports (1 UBM = 1 % de la population française de 15 ans et plus).

« La Route du Rhum est un peu comme un 100 mètres aux J.O., avec des records, de belles histoires et beaucoup d’intensité. »

Toujours plus de monde sur l’eau

La course connaît une autre évolution : en 2014 elle explosait un record, avec 91 bateaux inscrits. En 2018, ils sont 123. La logique voudrait que la visibilité donnée à chaque marque serait inversement proportionnelle au nombre de concurrents. Mais les nouvelles formes de communication ont modifié l’équation.

« En 1978, il y avait le triptyque presse-radio-TV. Il est toujours présent mais il faut aussi compter aujourd’hui avec les réseaux sociaux, le numérique. On n’est plus focalisé sur le premier de la course. Les marins ont appris à communiquer, ils savent se mettre en scène, avec des caméras, etc. Il y a deux ans, j’annonçais une limitation à 100 participants, ce qui passait pour prétentieux et c’est au final une estimation trop basse. Cela demande plus d’attention au niveau sécurité, mais c’est aussi le signe de l’intérêt du public et donc des marques pour la course. Cela montre aussi, contrairement à d’autres courses, que le gâteau peut encore grossir. »

Fini le temps du « skipper paravent »

Autre avantage de cette nouvelle ère, le syndrome du « skipper paravent », tellement célèbre qu’il effaçait la marque, n’est plus un problème aujourd’hui mais un avantage. À condition que celui-ci joue le jeu... Et que ces marins-communicants ne rompent pas la magie d’un sport qui a su garder jusqu’ici - même si les balises Argos et les bulletins météo sont montés à bord - sa part de mystère et de risque. Ce qui n’est pas non plus pour déplaire aux annonceurs.

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