"Notre budget est officiellement bouclé mais nous cherchons encore des sponsors et notamment un partenaire fondateur qui pourrait dégager un budget de 150 000 euros par an pour renforcer notre structure et me permettre de naviguer plus pour gagner en compétitivité".
À quelques jours du grand départ de la Route du Rhum 2022, Thibaut Vauchel-Camus a encore un pied sur terre. Le skipper ne désespère pas de convaincre un nouveau sponsor pour participer à l’aventure démarrée en 2012 avec l’Arsep, fondation pour l’aide à la recherche sur la sclérose en plaques. Ce Malouin d’adoption, qui a grandi en Guadeloupe, sera à la barre d’un multicoque Ocean 50 baptisé "Solidaires en Peloton-Arsep" pour prendre le départ de la course transatlantique en solitaire qui s’élancera de Saint-Malo le 6 novembre prochain.
Le skipper de 44 ans a une grande expérience de la course au large qu’il a d’abord pratiquée en double avec son ami Victorien Erussard, qui deviendra plus tard le fondateur de l’Energy Observer, le premier navire à hydrogène à faire le tour du monde.
En 2012, Thibaut et Victorien réussissent à convaincre leurs premiers sponsors d’accepter de financer un bateau tout en restant dans l’ombre d’une cause humanitaire. "En 2013, nous participons à la Transat en double Jacque Vabre sur un Class 40 avec un promoteur immobilier de Dinan, le groupe Concept Ty, explique Thibaut Vauchel-Camus. Nous terminons à la 11e place. En 2014, d’autres sponsors rejoignent Olivier Toupin, le patron de Concept Ty : Sanofi, les transports Delanchy de Guidel dans le Morbihan, des artisans du pays de Dinan… Je participe à ma première Route du Rhum en solitaire sur un monocoque et je termine deuxième dans ma catégorie."
Vainqueur de la Transat anglaise
Les partenaires du skipper se sont engagés sur trois saisons couronnées par une 4e place dans la Transat Jacques Vabre en 2015 et surtout une victoire dans la Transat anglaise en solitaire Plymouth - New York en 2016. Les succès sportifs aidant l’équipe de "Solidaires en Peloton-Arsep" attirent de nouveaux financeurs comme Christian Jouno en Ille-et-Vilaine (à l’époque dirigeant de l’entreprise familiale Tomate Jouno), le groupe B & B Hôtels à Brest, Thelem Assurances dans le Loiret)
En 2017, Thibaut, désormais seul skipper à la barre du navire franchit une nouvelle marche pour investir dans la construction d’un navire multicoque de la classe Multi50, devenue l’année passée la classe Ocean Fifty. Coût ? Environ 1,6 million d’euros, que le marin va faire financer par quatre autres copropriétaires du bateau : Olivier Toupin, Brigitte Delanchy, Christian Jouno et Georges Sampeur, ancien PDG des hôtels B & B (propriétaire du groupe Manche Atlantique Presse qui édite Le Journal des Entreprises). Faute de trouver un chantier naval disponible en France la construction est réalisée durant un an à Dubaï et le navire baptisé en avril 2018.
Garder le cap
Thibaut Vauchel-Camus rempile en solitaire la même année dans la Route du Rhum (3e) puis manque de remporter en 2019 la Transat Jacques Vabre (2e).
C’est ce même bateau qui s’alignera le 6 novembre 2022 sur la ligne de départ à Saint-Malo de la Route du Rhum 2022.
"C’est une véritable aventure vécue en équipe", se félicite le skipper dont l’entreprise sportive génère trois emplois à plein temps pour la partie technique et la communication et mobilise quatre partenaires financiers fondateurs - Delanchy, B & B, Sanofi et la Foncière Magellan (un groupe parisien qui a rejoint le défi en 2018) - et une vingtaine d’autres entreprises de toutes tailles qui assurent le budget de fonctionnement. "Le budget idéal est d’environ 800 000 euros, on s’en approche. Il y a un an nous avons été contactés par une marque qui souhaitait s’associer à un bateau dans la Route du Rhum, mais ils voulaient le co-naming et repeindre le bateau. J’ai dit non à 400 000 euros mais je ne pouvais pas décevoir mes partenaires. Depuis dix ans, nous n’avons pas dévié de notre route, nous sommes restés fidèles à ce que l’on voulait faire au départ."
