Au conseil régional de Nouvelle-Aquitaine, les débats portant sur l’ouverture à la concurrence du réseau TER - réclamée par le droit européen -, ont pour le moins été animés. Comment cette ouverture du marché va-t-elle s’organiser dans la région ?
Il faudra compter environ 38 mois pour gérer les appels d’offres ; nous avons choisi d’échelonner le tout en quatre lots et d’en écrire les cahiers des charges dès 2024, notamment sur des sujets comme la présence dans les gares, la régularité ou l’augmentation de l’offre. Le premier lot concernera l’ex Poitou-Charentes avec un avis périodique informatif en juillet. Les appels d’offres se dérouleront sur 16 mois et il faudra en compter 16 de plus pour que le lauréat s’organise, notamment pour reprendre le personnel ou les centres de maintenance. La première mise en service est prévue entre 2027 et début 2028. Les lots suivants seront Périgord Limousin, l’étoile ferroviaire de Bordeaux et enfin Sud Aquitaine, où il faudra construire de toutes pièces un centre de maintenance.
En parallèle de ces débats, le conseil régional vient de signer une dernière convention la liant avec la SNCF jusqu’en 2030 - soit trois ans après l’ouverture du marché des TER. Quels sont ses objectifs ?
D’abord, cette convention fixe des objectifs rigoureux pour la SNCF avec un engagement sur un taux de régularité (ponctualité des trains) de 95,2 % et une ambition de passer de 90 000 voyageurs quotidiens à 120 000. La SNCF s’engage aussi sur l’investissement, notamment dans de nouveaux centres de maintenance ou dans le matériel avec la commande de 15 nouvelles rames (160,3 M€), sans compter les travaux à faire pour sortir le matériel existant du diesel. C’est une convention d’objectif qui nous permettra, espérons-le, de continuer l’essor déjà obtenu depuis 2019 puisque la fréquentation a augmenté de 22 % - et de 15 % supplémentaires depuis le début de l’année -, et d’étoffer l’offre (+ 60 trains par jour prévus).
Une récente enquête de Radio France révèle les nombreux obstacles rencontrés par les candidats à l'ouverture à la concurrence. Dans la région, les opposants évoquent une privatisation de l’offre. Que répondez-vous et quelles sont vos relations avec SNCF ?
Ce sont des marchés très regardés et suivis, nous avons auditionné beaucoup de concurrents qui nous ont dit être intéressés. Parmi les différentes entités de la SNCF, Voyageurs, au même titre que Réseaux et Gares et Connexion, est une société anonyme à capitaux publics, donc on ne peut pas parler de privatisation, d'autant que la SNCF gagne beaucoup d'appels d'offres.
Nous n'avons pas les mêmes rapports avec toutes les entités SNCF. Par exemple, les choses se passent très mal avec SNCF Réseaux. Nous sommes rackettés : avec l’augmentation des péages qui se profile dans les prochaines années, on va passer de 63 à 85 millions d’euros pour faire rouler nos trains, c’est à vous dégoûter de mettre de l’offre supplémentaire. Tout ça parce que l’État se désengage massivement de SNCF Réseaux et que pour équilibrer, on fait les poches des Régions au moment où on a le plus d’usagers (+30 % de recettes en objectif de la convention d’ici à 2030). Il va falloir trouver des solutions pour financer cette offre supplémentaire sinon, à budget constant, nous n’y parviendrons pas.
