Comment un chef d’entreprise doit-il s’y prendre pour redonner envie à ses équipes de revenir sur site après des mois de télétravail forcé, les aider à aller mieux et leur redonner goût à leur job ? Avant toute chose, il convient de comprendre et de prendre en compte la situation de chacun des salariés. "Lorsque le bateau tangue, il est intéressant de créer un lien proche, immédiat, sans filtre", estime Charles de Fréminville, responsable de la business unit "Engagement" chez Lucca (éditeur de logiciels SaaS pour automatiser les processus administratifs et RH) et ancien cofondateur de la start-up Bloom at Work (plateforme web pour améliorer l’épanouissement des collaborateurs sur leur lieu de travail), organisatrice des Awards du bien-être au travail.
Libérer la parole
Pour renouer les liens et instaurer un climat de confiance, les sessions "Ask Me Anything", rendues populaires il y a quelques années par Barack Obama, peuvent être une option. Le principe est simple : le dirigeant démarre un fil de discussion sur une plateforme dotée d’un chat, laissant ainsi la possibilité aux collaborateurs d’envoyer en live des commentaires ou des questions, n’importe lesquelles. "Les chefs d’entreprise se mettent à la place des équipes pour évoquer la stratégie maison sur le télétravail ou l’état des relations sociales avec les syndicats", explique Charles de Fréminville.
Un bureau lieu de vie
Créer un environnement de travail dans lequel les salariés peuvent s’épanouir professionnellement est également primordial. " L’expérience du bureau doit être réinventée. Il faut libérer du temps pour des événements, ritualiser des points d’équipe pour donner de la perspective aux salariés, proposer des bureaux plus petits mais chaleureux où il est possible de faire une sieste, prendre des douches. Il faut faire de l’espace de travail l’espace des salariés et ne pas hésiter à les impliquer dans le choix des aménagements réalisés, ajoute Charles de Fréminville. Il y a un réel intérêt pour l’entreprise à amorcer ce changement qui va devenir la norme ". En faisant attention à leur bien-être et en restant attentif à leurs attentes et leurs ambitions professionnelles, l’entreprise va favoriser le sentiment d’engagement de ses salariés. "Si vous leur donnez des locaux et des espaces de restauration attrayants, ils auront plaisir à venir au bureau. Ils vont aussi mieux communiquer et être plus productifs. C’est cela la magie du bien-être au travail. Ces initiatives vont réduire des risques sanitaires et les temps d’absence des salariés. C’est une stratégie gagnant-gagnant", estime l’expert.
Le sujet de la parentalité peut aussi être un levier de motivation. "L’équilibre vie pro-vie perso a pris de l’importance. Un accord avec une crèche, une application qui permet aux parents de poser des questions à des experts peuvent être un plus pour aider les équipes à mieux gérer leur quotidien", préconise le cofondateur de Bloom at Work. Les conciergeries d’entreprises et tous les services associés (la recherche de baby-sitter, le pressing, la possibilité de faire ses courses) permettent aussi une meilleure organisation pour les salariés.
Stimuler la santé physique
Au-delà de leur environnement de travail, Christine Naschberger, professeure au département management d’Audencia à Nantes, estime que l’entreprise doit également stimuler la santé mentale et physique des salariés. "Nous avons malheureusement pris quelques mauvaises habitudes pendant les confinements. Pour retrouver une bonne hygiène de vie les directions RH peuvent encourager l’activité physique en entreprise (challenges sportifs collectifs, incitation à la marche le midi, activités de team building) ou favoriser l’esprit d’équipe avec des escape games en interne", explique l’experte. Ou encore organiser des conférences inspirantes avec des experts du sommeil, de l’alimentation.
Lutter contre les addictions
Un chef d’entreprise peut aussi apporter sa pierre à l’édifice du bien-être de ses salariés en prévenant certaines addictions. "La consommation d’alcool a augmenté pendant la crise sanitaire. Les maladies chroniques liées à l’obésité et à l’alcool, vont évoluer de façon significative ces prochaines années, avertit Christine Naschberger. Pour enrayer cette tendance et sortir les collaborateurs de cette spirale infernale, les entreprises doivent donc être plus que jamais dans un rôle de prévention, et se faire aider au besoin par des psychiatres pour encourager la parole. Les bienfaits des espaces d’expression sont largement sous-estimés".
