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"Récolter de l'argent via le crowdfunding demande un vrai travail"
Interview Marseille # Capital

Patrick Siri cofondateur de l’accélérateur P.Factory "Récolter de l'argent via le crowdfunding demande un vrai travail"

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Pour la première fois de son histoire, le crowdfunding a dépassé en France la barre symbolique du milliard d’euros en 2020 (1,02 milliard d'euros collectés) alors qu’en 2015 il ne représentait que 167 millions d'euros. Patrick Siri, cofondateur de l’accélérateur marseillais P. Factory, revient sur cette méthode de financement faisant appel à l’épargne des particuliers.

Patrick Siri, cofondateur de l’accélérateur P.Factory — Photo : DR

Que conseillez-vous aux entreprises qui envisagent d’avoir recours au crowdfunding afin de réunir des fonds ?

Le crowdfunding a du bien et du mal. Il est en effet aujourd’hui assez courant de trouver des levées de fonds de près de 100 000 euros par ce procédé. Mais récolter de l’argent sur une plateforme représente avant tout un vrai travail qu’il ne faut pas sous-estimer. Il faut agir sur ses amis, son réseau, les réseaux sociaux. Il faut ensuite que toutes ces personnes en parlent également à leurs amis. Pour une entreprise, il faut passer un double test. Celui de la plateforme et ensuite celui du public. Toutes ces structures ont par ailleurs un coût et se rémunèrent en prenant un pourcentage des sommes récoltées, qui peut aller de 7 à 11 %. Tout cela n’est pas neutre.

Beaucoup d’entreprises utilisent le crowdfunding via un système de préventes afin de financer un lancement de production…

C’est une solution intéressante, mais dans ce cas-là, il faut être très vigilant sur les remises accordées. Il faut prendre en compte tous les aspects : il y a certes le coût de la plateforme, mais également celui de la communication nécessaire pour mener l’opération, puis le coût de la livraison… Il faut également faire attention aux délais et être capables de livrer les produits assez rapidement. Quand on a des fans qui ont accepté de payer, il ne faut pas les décevoir. Dans l’ensemble, le concept de la prévente est séduisant et sans risque.

Au-delà de la prévente, des plateformes permettent aux particuliers de devenir actionnaire des entreprises, comme dans une classique levée de fonds. Cela peut-il venir en concurrence de fonds ou de business angels ?

Les montants investis sont bien différents. Dans le crowdfunding le ticket est souvent de l’ordre de quelques centaines d’euros. Un business angels va plutôt investir au moins 10 000 euros. S’il veut séduire des investisseurs, le porteur de projet va devoir expliquer sa stratégie, dévoiler un business plan sur une plateforme accessible librement. Ce sont des éléments parfois sensibles vis-à-vis de potentiels concurrents. Il y a par ailleurs un problème de valorisation de l’entreprise. Si des actions sont vendues pour 240 euros par exemple, cela peut entraîner des difficultés au moment de la deuxième levée de fonds, auprès de business angels ou de fonds.

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