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Rachat des Girondins de Bordeaux : pourquoi des financiers reprennent un club déficitaire ?
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Rachat des Girondins de Bordeaux : pourquoi des financiers reprennent un club déficitaire ?

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La Métropole de Bordeaux a donné son feu vert pour le rachat des Girondins de Bordeaux. La transaction entre le fonds d'investissement américain GACP et le groupe M6 concernant le club de football a été repoussée de deux semaines et devrait être effective au plus tard le 6 novembre. Mais que vient chercher GACP dans ce club régulièrement déficitaire ?

Le fonds américain GACP a garanti à la Ville le paiement du loyer du stade Matmut Atlantique, soit 3,85 M€ annuels — Photo : Jean Berthelot

Cette fois, le rachat du club des Girondins de Bordeaux est bel et bien acté. Le 11 octobre, le patron du fonds d’investissement General American Capital Partners LLC (GACP), Joseph DaGrosa, a réussi son grand oral devant les élus de la métropole bordelaise. GACP et son coactionnaire King Street, qu’il représente dans les discussions, ont bien les moyens de garantir à la Ville le paiement du loyer du stade de l’Atlantique, soit 3,85 M€ annuels.

Les « 60 millions de dollars de fonds propres, sans dette, de GACP », dixit Alain Juppé, ont permis de lever les dernières incertitudes et de rendre inéluctable une vente qui devrait être effective début novembre. La société qui « chapeautera » les Girondins s’appelle Dynamie SAS. Fondée en juillet, elle a pour actionnaire GACP, à hauteur de 24 M€, et King Street pour 50 M€.

Huit ans de pertes

C’est ainsi la fin d’un cycle de près de 20 ans, puisque M6 avait racheté les Girondins en 1999. Sans être parvenue à retrouver le niveau de l’époque Bez-Jacquet, à la fin des années 1980, sans revivre non plus la folle épopée européenne de 1995-1996 emmenée par Zinedine Zidane, la petite chaîne s’est tout de même bâti un palmarès honorable, marqué par un titre de champion de France et quatre coupes nationales.

« Le business model va changer (...) pour valoriser la marque Bordeaux, internationalement connue. »

Financièrement, en revanche, le bilan est plus contrasté. Sur l’ensemble de la période, M6 a dû débourser près de 80 M€ pour combler les déficits et n’a jamais bouclé un exercice à l’équilibre ces huit dernières saisons, comptant chaque fois entre 5,5 M€ et 14,5 M€ de pertes. Nicolas de Tavernost, le patron de M6, a beau jeu de rappeler que « le club sera en excédent sur le plan financier pour cette saison ». Cet état de fait est largement dû à la cession du joueur Malcom pour 41 M€, de loin la meilleure vente de l’histoire des Marine et Blanc.

Des droits TV plus élevés

Dans ces conditions se pose inévitablement une question : que vient faire un fonds d’investissement, intrinsèquement voué à gagner de l’argent, dans cette aventure qui semble destinée à lui en faire perdre ? « D’abord, ce rachat intervient à un moment bien particulier », répond Enguerran de Crémiers, spécialiste de l’évaluation financière des clubs de football, au sein du cabinet de conseil Duff & Phelps.

« La hausse de 60 % des droits TV de la Ligue 1 sur la période 2020-2024, qui atteignent 1,2 Md€, laisse augurer de rentrées bien plus importantes qu’avant. Par ailleurs, le savoir-faire des fonds d’investissement en matière de business plan, afin d’améliorer les finances, peut leur laisser espérer des rendements intéressants. Le business model va changer, des initiatives marketing et événementielles vont être prises pour valoriser la marque Bordeaux, internationalement connue. »

Quant au risque de voir les repreneurs américains « démanteler » le club, vendant par exemple ses meilleurs éléments pour s’en aller ensuite, il serait assez limité. « On ne peut évidemment pas l’exclure. Mais les garanties données sur le long terme, autant que leur réputation, à laquelle ces fonds attachent beaucoup d’importance, me semblent être de nature à inciter à la confiance », conclut Enguerran de Crémiers.

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