Planète CSCA-Grand Est : “En matière d’innovation, les assureurs aussi doivent prendre leur part du risque”
Interview # Assurance # Conjoncture

Geoffroy Roederer président du syndicat professionnel Planète CSCA-Grand Est Planète CSCA-Grand Est : “En matière d’innovation, les assureurs aussi doivent prendre leur part du risque”

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Les courtiers en assurance regroupés au sein de Planète CSCA-Grand Est (175 entreprises, 900 collaborateurs et 900 M€ de primes collectées) sont aujourd’hui tiraillés entre les besoins en couverture de leurs clients professionnels et la frilosité croissante des assureurs. Seule solution pour Geoffroy Roederer, président du syndicat professionnel et dirigeant du groupe éponyme : monter en compétence.

Geoffrey Roederer, président de Planète CSCA-Grand Est — Photo : Nathalie Stey

Quelles sont aujourd’hui les principales problématiques du secteur de l’assurance d’entreprise ?

Nous rencontrons, comme d’autres, d’importantes difficultés de recrutement, renforcées par la technicité de nos métiers. Il existe bien un master “assurance et gestion des risques” à Strasbourg, mais la plupart des diplômés ne restent pas dans la région. Ils préfèrent travailler au Luxembourg ou à Paris. Chez Roederer (CA 2021 : 36,40 M€ ; 300 salariés), par exemple, nous avons une vingtaine de postes ouverts depuis deux ans, que nous n’arrivons pas à pourvoir de façon pérenne.

Nos besoins en ressources sont pourtant croissants. Il y a, d’une part, l’évolution des conventions collectives, comme celle du secteur de la métallurgie par exemple, qui nous oblige à revoir tous les contrats de protection des salariés. Il y a surtout le retournement du marché de l’assurance, qui nous oblige à redoubler d’efforts pour trouver des solutions pour nos clients.

Quelles sont les conséquences de ce “hard market” pour les entreprises ?

Le marché actuel se caractérise par une forte augmentation du prix des assurances et une restriction des garanties. Les assureurs ont de plus en plus tendance à contractualiser les plans de prévention des entreprises. Ils sont devenus beaucoup plus exigeants et n’assurent plus certaines zones géographiques, par exemple. La situation ne se reflète pas, pour l’instant, dans le taux de couverture des entreprises ou le niveau d’impayés. Mais dans certains cas, il devient difficile de trouver des solutions pour nos clients. Pour certains projets, nous n’obtenons même pas de proposition d’assurance ! C’est le cas des activités soumises à une forte pression RSE, comme le recyclage de déchets ou la cogénération. Ces difficultés concernent aussi le secteur immobilier, pour la garantie décennale, ou le transport de voyageurs, et généralement, tous les secteurs touchant aux innovations technologiques. Pour la couverture des risques cyber par exemple, les assureurs élaborent des questionnaires de plus en plus complexes.

Cette situation ne va-t-elle pas amener à une structuration de la profession de courtier ?

Nous devons monter en compétences et notamment travailler avec des experts, pour ne venir chez l’assureur qu’avec un risque bien défini. Un autre challenge concerne l’évolution de nos systèmes d’information, notamment la gestion des flux avec les assureurs. La digitalisation a été engagée mais nous avons globalement pris du retard. Elle implique d’importants investissements financiers et en ressources internes de la part des entreprises de courtage. Tout cela nous encourage bien sûr à nous structurer pour pouvoir amener des volumes plus importants chez les assureurs. Mais nous devons conserver la diversité de notre secteur, qui comprend à la fois des ETI mais aussi des petites sociétés spécialisées, ainsi que son ouverture à de nouveaux entrepreneurs. Ce sont deux qualités qui nous permettent de répondre aux besoins de tous les types de clients.

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