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Pierburg Pump Technology investit pour ne pas rater le virage du véhicule électrique
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Pierburg Pump Technology investit pour ne pas rater le virage du véhicule électrique

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Le fabricant de pompes Pierburg Pump Technology à Basse-Ham (Moselle) investit plus de 5 millions d'euros avec le soutien de sa maison mère allemande Rheinmetall et du plan de relance. Objectif : industrialiser une nouvelle vanne de refroidissement pour l'automobile développée par ses soins et ainsi rester dans la course à l'électrification.

Pierburg Pump Technology France fournit, entre autres, Renault, Ford, Daimler, Volvo Trucks ou encore Stellantis — Photo : Emmanuel Carles

C’est un chèque de 800 000 euros que vient de signer le gouvernement français au nom du sous-traitant automobile Pierburg Pump Technology, fondé en 1979 et basé à Basse-Ham, près de Thionville (Moselle). Un premier virement de 400 000 euros a été versé en 2021 dans le cadre du plan France Relance, le reste le sera courant 2022.

Filiale du groupe allemand spécialisé dans la défense et l’automobile Rheinmetall (CA 2020 : 5,9 Md€ ; 25 329 salariés), Pierburg Pump Technology a été l’un des premiers lauréats mosellans du fonds de modernisation automobile de France Relance, en janvier 2021. Le fabricant de pompes à eau, à huile et à vide à destination des voitures et des camions a été sélectionné pour son projet PCV (Proportionnal Coolant Valve) consacré au développement et à la production de vannes électriques de refroidissement. "Ces vannes permettent d'optimiser la gestion thermique de la batterie par les constructeurs automobiles", détaille le directeur de l’usine de Basse-Ham, Emmanuel Carles.

Un premier client "prestigieux"

Conçue au cœur du centre de R & D mosellan (comptant une quarantaine de collaborateurs sur les 350 du site), cette vanne "intelligente" sera également fabriquée sur place. "C’est en ce sens que la subvention France Relance a été essentielle, raconte le directeur. Début 2020, nous étions dans une situation compliquée avec une visibilité très faible sur ces nouvelles technologies. Étant trop chers par rapport à d’autres usines du groupe, nous ne nous étions pas positionnés. Mais à l'annonce du plan de relance, nous avons décidé de déposer notre dossier en mettant en avant la proximité de notre centre de R & D avec notre site de production. Sans cette subvention, la production se serait faite en Europe de l’Est."

Le directeur de l'usine Emmanuel Carles et le responsable R & D Jean-Yves Milleville — Photo : Emmanuel Carles

En attendant la concrétisation industrielle de ce projet représentant plus de 5 millions d’euros d’investissement au total, l’ajout de fonctionnalités et le développement du process se poursuivent. Sans oublier les prospections commerciales. Un premier client "prestigieux" s’est déjà positionné mais Pierburg Pump Technology ne souhaite pas dévoiler son identité avant le démarrage de la production en série prévue pour septembre 2022. D’autres plateformes automobiles sont en discussions avec la filiale française et plusieurs contrats se profilent.

Tendance à la baisse

De bon augure pour cette entreprise aux 350 salariés qui ne cache pas les difficultés du moment. L'ETI, qui pensait réaliser 179 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2020, en a finalement engrangé 147 millions. "Avant la crise sanitaire, nous étions déjà sur une tendance à la baisse liée à la chute du marché des véhicules thermiques, reconnaît Emmanuel Carles. Le Covid n’a fait qu’accélérer cette baisse mais nous avons connu un effet de rattrapage en 2021 (pour atteindre 160 millions d’euros de chiffre d’affaires, NDLR) et il devrait se poursuivre en 2022."

Encore faut-il que l’équipementier de rang 1 négocie la perte de plusieurs clients encore spécialisés sur le thermique, en attendant d’en retrouver sur l’électrique. "Cette évolution était prévue, confie le directeur mosellan. Malheureusement, les pompes gardent une grosse problématique de marge qui s’accentue en 2022 avec la hausse des matières et de l’énergie. Les clients se désintéressent de ces produits et veulent aller au moins cher. S’ils trouvent la même chose en Chine, ils n’hésiteront pas à y aller et nous ne pouvons rien y faire à part nous différencier et apporter de la valeur ajoutée à nos technologies."

Soutien du groupe

Un enjeu de survie pour Pierburg Pump Technology ? "L’expression est violente, mais la question s'est effectivement posée, consent Emmanuel Carles. Heureusement, nous avons encore notre activité liée aux camions (25 % du chiffre d’affaires, NDLR) car il y a près de huit ans de décalage en termes de technologie. La vraie stratégie pour pérenniser le site, c’est bien l’électrification des voitures."

Même si la tendance à l'électrification accélère la baisse des ventes de moteurs thermiques et des pièces associées, l'industriel y voit une opportunité : "Nous avons les compétences en termes de développement et nous pouvons être compétitifs sur de nouvelles technologies. Nous ne sommes pas menacés car le groupe nous soutient. Il s’est aussi largement positionné sur des pompes à eau électriques. Il y a également la volonté de développer des produits hors motorisation et même hors automobile. L’objectif est d’être moins sensibles aux variations de l’automobile. Nous voulons le garder comme cœur de métier mais nous voulons en être moins dépendants."

C’est pourquoi, même si l’entreprise n’annonce pas de vague de recrutements, Pierburg Pump Technology reste en quête de profils très ciblés pour ses bureaux d’études mais aussi pour des remplacements à la qualité et à la logistique. "Tous ces postes qui auraient pu être perdus avec la fin du thermique seront maintenus grâce à ces nouveaux investissements, assure le directeur d’usine. Pour garantir les emplois, c'était une nécessité."

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Fiche entreprise
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