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Perha Pharmaceuticals choisit le crowdfunding pour financer son médicament contre les effets d’Alzheimer
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Perha Pharmaceuticals choisit le crowdfunding pour financer son médicament contre les effets d’Alzheimer

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Perha Pharmaceuticals développe un médicament qui corrige les défauts cognitifs chez les patients atteints d’Alzheimer et de Trisomie 21. L’enjeu est énorme pour la société finistérienne, mais les recherches coûtent très cher. Après avoir déjà levé 5 millions d’euros, l’entreprise fait appel au crowdfunding, via une plateforme spécialisée.

Laurent Meijer a créé Perha Pharmaceuticals pour mener à bien ses recherches contre les effets d’Alzheimer et de la Trisomie 21 — Photo : Perha Pharmaceuticals

C’est un marathon et un parcours d’obstacle auxquels Laurent Meijer, le président de Perha Pharmaceuticals (11 salariés), est rompu, lui qui a passé 32 ans au CNRS. Le Breton mène avec son entreprise basée à Roscoff (Finistère) une course pour développer un nouveau médicament qui corrige les défauts cognitifs chez les patients atteints de trisomie 21 ou de la maladie d’Alzheimer.

Créée en 2019, la société a déjà levé près de 5 millions d’euros pour financer ses recherches. La moitié de cette somme provient de business angels, l’autre d’appels d’offres venus de France ou d’Europe. "Ce financement a l’avantage d’être non dilutif mais il est conditionné par l’obtention d’une somme équivalente auprès d’investisseurs privés. C’est un système assez épuisant", juge Laurent Meijer, âgé de 70 ans.

Objectif, lever 5 millions d’euros

Alors que de tels fonds publics, obtenus en 2023 auprès de l’European Innovation Council et de Bpifrance, attendent d’être débloqués à hauteur de près de 8 millions d’euros, Perha Pharmaceuticals a choisi en plus de faire appel à une plateforme de crowdfunding spécialisée dans les biotechs et la santé, baptisée Capital Cell. "C’est une plateforme espagnole qui ne sélectionne que 3 % des entreprises qui font appel à elle", relate le chercheur. "Ce qui est également intéressant est qu’ils s’occupent eux-mêmes des investisseurs : la ligne dans notre actionnariat sera Capital Cell." La plateforme prend 7 % des fonds levés et des frais fixes pour la gestion des actionnaires.

La somme qui sera levée auprès de la plateforme est encore inconnue. "Nous espérons atteindre 1,5 million d’euros mais pourquoi pas atteindre le plafond de 5 millions d’euros", remarque le dirigeant. Capital Cell commence par solliciter son family office et ses investisseurs réguliers avant d’ouvrir les vannes vers les autres investisseurs. Laurent Meijer les espère nombreux et, pour certains, bretons.

Financer les phases I et II puis vendre à un groupe

Car le chemin vers la commercialisation d’un médicament coûte cher. La phase I du médicament (définition de la dose tolérée, du mode d’absorption et d’élimination du produit) a commencé auprès de 120 personnes et devrait s’étendre jusqu’à la fin 2024. Son coût : 3 millions d’euros. La phase II visera à démontrer l’efficacité de la molécule développée par la société finistérienne à partir d’un produit naturel venant d’une éponge marine du Pacifique. Cette étape devrait durer deux ou trois ans pour une facture de… 20 à 50 millions d’euros. "Mais paradoxalement, il est moins difficile de trouver des fonds pour financer cette phase car les incertitudes sont en partie levées", témoigne Laurent Meijer.

Un marché annuel de 5 milliards d’euros

La phase II terminée signerait également la fin de l’aventure pour Perha Pharmaceuticals. "Financer une phase III est inaccessible pour nous. Nous vendrons alors à un grand groupe pharmaceutique. La culbute pourra être majeure", affirme le Finistérien. Une entreprise coréenne qui développait un médicament prêt à entrer en phase I avec les mêmes cibles et mécaniques d’action a été vendue… 324 millions d’euros. Et la société américaine qui l’a achetée n’a pas pu financer la phase I, effaçant un concurrent de la course au médicament d’une maladie qui touche un tiers des plus de 85 ans dans le monde. "Le premier produit qui sortira générera 5 milliards d’euros de chiffre d’affaires par an", prédit le scientifique. Seuls 25 produits sont en phase I dans le monde dans le domaine de l’Alzheimer.

Perha Pharmaceuticals, filiale de ManRos Therapeutics (également basée à Roscoff et présidée par Laurent Meijer, elle compte 115 actionnaires) développe également un médicament de prévention des troubles auditifs, qui en est aux essais pré-cliniques. 600 000 euros ont déjà été engagés sur ce projet.

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