Société sœur de Manros Therapeutics, Perha Pharmaceuticals (11 salariés à elles deux) a réussi à lever 3,1 millions d’euros fin 2021. Une nouvelle levée de fonds est prévue au printemps pour un montant de 2,5 à 3 millions d’euros.
Créée en 2019 par Laurent Meijer, déjà fondateur de Manros en 2007, la biotech de Roscoff se concentre sur deux projets principaux de médicaments, certains visant à corriger les déficits cognitifs associés à la trisomie 21 et à la maladie d’Alzheimer et d’autres à prévenir la surdité. "Il était plus simple de séparer les activités de Manros, qui continue son travail sur la Roscovitine et l’Enitivocsor pour le traitement de la mucoviscidose, et celles de Perha", explique Laurent Meijer.
Vers une deuxième levée de fonds
Les deux sociétés, abritées dans les mêmes locaux de la pointe de Perharidy à Roscoff, ont en commun, outre leur fondateur, de développer des candidats médicaments inspirés de la mer. Perha Pharma s’attaque à la trisomie 21 et la maladie d’Alzheimer en ciblant une enzyme spécifique qui provoque des problèmes cognitifs similaires dans les deux cas. "L’inhibiteur que nous développons, la Leucettinib-21, est inspiré de la Leucettamine B, un produit naturel extrait de l’éponge marine Leucetta microraphis", détaille le président et directeur scientifique de Perha. Le MRT14, vise, lui, à empêcher la mort de cellules conduisant à des pertes auditives induites, par exemple, par l’exposition au bruit.
La levée de fonds de 2021 concerne la Leucettinib-21, pour laquelle les recherches de Perha sont plus avancées. Les 3,1 millions ont été trouvés auprès de la Fondation Jérôme Lejeune (pour 1,5 million d’euros) et de business angels (pour 1,3 million d’euros). Bpifrance apporte également 300 000 euros en prêt d’amorçage. Ces fonds permettront de financer la préparation et la conduite des études précliniques réglementaires et d’assurer les frais de fonctionnement de la société jusqu’à l’obtention de l’autorisation d’entrée en clinique, de poursuivre les études fondamentales pour renforcer les preuves de concept sur différents modèles animaux.
Un travail de long terme
La levée de fonds complémentaire, prévue en avril 2022, devra, elle, financer la préparation de l’étude clinique de phase 1 permettant de vérifier l’innocuité du candidat médicament. "Les études cliniques chez l’homme devraient commencer début 2023. Si tout se passe bien, le médicament pourrait être disponible entre 2027 et 2030", indique Laurent Meijer. Une durée qui ne facilite pas les levées de fonds. "Nous n’intéressons pas encore les fonds d’investissement. Ils interviennent en général plus tard dans le processus, fait remarquer le scientifique et entrepreneur. Nous nous tournons donc vers des fondations et des business angels."
Car l’argent est le nerf de la guerre pour poursuivre les recherches. "Nous avons pu synthétiser 1,3 kg de notre molécule pour un prix de 500 000 euros. Les tests d’innocuité chez des animaux coûtent environ 1,7 million d’euros, contre 1,2 million d’euros pour une étude clinique chez l’homme", indique le dirigeant, pour qui la recherche de fonds prend du temps.