Penly : Une période décisive s'engage pour le chantier de l'EPR

Penly : Une période décisive s'engage pour le chantier de l'EPR

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La catastrophe de la centrale de Fukushima au Japon a bouleversé la donne en matière de sûreté nucléaire. En France, un débat virulent s'est ouvert sur la question, qui concerne directement notre département en attente de la construction d'un EPR sur le site de la centrale de Penly.
— Photo : Le Journal des Entreprises

L'accident nucléaire de Fukushima n'en finit plus de peser sur l'avenir du parc nucléaire français et plus particulièrement sur celui du futur réacteur EPR de Penly. En évoquant en mars dernier la possibilité d'un «moratoire» sur le chantier en cours de l'EPR voisin de Flamanville dans la Manche, le président de l'Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN) André-Claude Lacoste a donné des sueurs froides aux défenseurs du projet, nombreux dans la région, qui veulent y voir une formidable opportunité économique, à l'image de Sébastien Jumel, maire communiste de Dieppe: «Je n'imagine pas une seconde un tel scénario car il en va de l'indépendance énergétique de notre pays. Quant à Penly, la centrale fait déjà vivre près de 800 familles.Durant le chantier de l'EPR, qui devra être, j'y veillerai, socialement, économiquement et écologiquement exemplaire, plus de 2.500 salariés seront mobilisés et près de 500 resteront sur le site après la construction. C'est une bouffée d'oxygène en matière d'emploi et de développement du territoire pour notre région dieppoise qui a subi un lourd tribut des conséquences de la crise économique et sociale».




«Pas de nouvelles centrales»

Depuis, le premier ministre a eu l'occasion de rassurer les tenants de l'EPR, même s'il a demandé un audit des centrales nucléaires françaises qui n'épargnera par l'EPR bas-normand en phase de construction. Pour le chef de file d'Europe Écologie Les Verts en région et vice-président du Conseil régional de Haute-Normandie, Claude Taleb, la nécessité d'un moratoire sur Flamanville comme sur Penly est une évidence. Et ce dans le droit fil d'une doctrine bien établie chez les écologistes: «il faut fermer les centrales obsolètes et ne pas en construire de nouvelles»!




Trois milles personnes sur le chantier

Du côté des entreprises, on suit les débats de près en gardant à l'esprit les échéances à venir. À la CCI de Dieppe on se prépare depuis plusieurs mois déjà dans la perspective dU chantier de Penly. Bon nombre d'entre elles se sont fédérées au sein du «cluster» Dieppe Meca Énergie présidé par l'industriel Patrice Gault, également vice-président de la CCI. Une association dont l'objectif est de permettre aux entreprises dieppoises d'offrir une réponse collective face à ces enjeux de taille. Une douzaine est même actuellement sur le point d'obtenir une certification ISO dans le cadre d'une action collective menée par le «cluster». «Nous réfléchissons également au sein de la Commission Grand Chantiers de la CCI avec EDF pour élaborer une qualification «maison» complémentaire qui validerait le fait que ces entreprises peuvent travailler avec EDF sur le futur chantier de l'EPR», précise même Dominique Garçonnet, le président de la Chambre. Une chose est sûre, les entreprises locales entendent profiter des retombées de ce chantier comme de ceux qui se profilent à l'horizon en matière d'éolien offshore, même si pour l'heure «aucune assurance ne peut leur être donnée par le maître d'oeuvre».




Une question d'audits

Néanmoins, la CCI a décidé de prendre les devants en mettant en ligne un site dédié sur lequel les entreprises inscrites peuvent consulter les appels et y déposer leurs candidatures. 240 entreprises se sont déjà manifestées, «soit presque autant que sur celui mis en ligne par la CCI de Cherbourg il y a quatre ans pour le chantier de l'EPR de Flamanville», se félicite Bertrand Lespagnon de la Mission Grands Travaux de la CCI dieppoise. Chef de la division de Caen de l'ASN, dont le territoire d'exercice couvre les deux Normandies, la Bretagne et la centrale de Brennilis (29), Simon Huffeteau explique que l'ASN encourage EDF «dès maintenant à ne pas engager de choses définitives qui pourraient être remises en cause à l'issue des audits». Un message bien passé auprès de l'opérateur historique si l'on en croit Pierre Rouellé, le directeur de l'Aménagement du projet Penly 3: «Comme l'a annoncé le gouvernement, une revue sera menée sur le risque sismique, le risque inondation, le risque de perte d'alimentation électrique, la rupture des moyens de refroidissement et l'organisation de crise. L'ASN établira, d'ici fin avril 2011, un cahier des charges et un calendrier de l'audit demandé par le Premier Ministre. Cet audit national portera sur les installations nucléaires en exploitation, en construction et en projet, y compris pour l'EPR de Penly. En parallèle, l'instruction de la Demande d'autorisation de création se poursuit, avec comme prochaine étape, l'enquête publique». Pour sa part, le chef de l'ASN de Caen tient aussi à préciser que son organisme, s'il est en charge du contrôle des activités nucléaires en France n'intervient pas: «Sur l'opportunité de construire ou pas une centrale».



S.C et G.D