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Pearcode veut stocker tout un data center dans un 1 gramme d’ADN
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Pearcode veut stocker tout un data center dans un 1 gramme d’ADN

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Face à l’explosion du volume des données, il faut inventer de nouveaux dispositifs de stockage. C’est ce que fait Pearcode. La start-up sophipolitaine utilise en effet pour l’ADN synthétique comme support, une technologie innovante à la durée de vie illimitée, plus économique et bien plus écologique qu’un data center.

Melpomeni Dimopoulou a cofondé avec Marc Antonini, la start-up PearCode, dédiée au stockage de données sur ADN — Photo : Olivia Oreggia

Le créateur

Derrière un air juvénile se cache un CV impressionnant. Après des études en Grèce, son pays natal, Melpomeni Dimopoulou rejoint l’Université Nice Côte d’Azur en 2016 pour s’intéresser de près à la biologie computationnelle et à la biomédecine. S’ensuit une thèse au laboratoire d’Informatique, signaux et systèmes de Sophia Antipolis (I3S) sous la direction de Marc Antonini, directeur de recherche CNRS, auteur de 13 brevets et cofondateur la start-up Cintoo. Ensemble, ils créent Pearcode, société par activité simplifiée (SASU) au capital de 16 000 euros, une start-up dédiée au stockage de données sur ADN."

Le concept

Sans être docteur ès sciences informatiques, la complexité de l’équation est aisée à comprendre : 2,5 quintillions d’octets sont générés chaque jour dans le monde, soit l’équivalent de 10 000 milliards de photos prises par des smartphones. Mais comment stocker toutes ces données ? Les data centers ne suffiront pas. Pearcode propose d’utiliser l’ADN synthétique. "Ce n’est pas de la science-fiction, cela existe déjà, explique Melpomeni Dimopoulou. On crée en laboratoire une molécule d’ADN. Comme il ne contient pas de gènes, il ne peut pas produire de vie. Pour autant, c’est du vrai ADN. On peut imaginer stocker des téraoctets de données dans un gramme d’ADN. Une autre de ses caractéristiques est sa durée de vie, quasi illimitée, alors qu’actuellement, elle ne dépasse pas cinq à dix ans. Il faut toujours remplacer les disques durs ou les bandes magnétiques. N’ayant pas besoin d’accès au réseau, il est aussi tout à fait fiable. Enfin, il est beaucoup plus écologique qu’un data center, grand consommateur d’énergie."
D’autant que 80 % des données numériques sont dites "froides", à l’image d’archives, de documents légaux ou de copies de sauvegarde, rarement consultées donc, mais qui doivent être conservées. Un data center dans le creux de la main, la promesse est séduisante. En novembre 2021, la Déclaration des droits de l’Homme et du citoyen de 1789 ainsi que la Déclaration des droits de la Femme et de la citoyenne rédigée par Olympe de Gouges en 1791 ont été stockées sur de l’ADN, dans deux minuscules capsules métalliques gardées aux Archives Nationales.

Les perspectives

"Nous allons pouvoir proposer un prototype d’ici deux ou trois ans pour une commercialisation d’ici 7 ans, reprend Melpomeni Dimopoulou. Il nous faut aussi démystifier ce sujet encore très méconnu, prouver qu’il ne faut pas avoir peur. L’ADN est l’avenir du stockage de données. Si nous adressons d’abord le marché des données à forte valeur ajoutée. Nous voulons aller beaucoup plus loin et le proposer pour du stockage massif et pour des données chaudes."
Pour assurer ce développement, PearCode prévoit le recrutement de trois personnes d’ici la fin de l’année, mêlant des profils d’experts en biochimie et en informatique. "Nous aimerions aussi rapidement ajouter un profil davantage orienté business."
Soutenue par Bpifrance, la SATT Sud-Est, le CNRS, Université Côte d’Azur ou encore l’incubateur Provence Côte d’Azur, la start-up a remporté le Grand Prix du concours national i-Lab 2023. Elle prévoit une levée de fonds en 2024 visant les 5 millions d’euros.

Sophia Antipolis # Informatique # Recherche et développement # Start-up # Levée de fonds
Fiche entreprise
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