Entre les murs de l’entreprise, la parentalité reste trop souvent considérée "au mieux comme un non-événement, au pire comme un problème". Tel est le constat dénoncé par les créatrices du "Parental Challenge". Ce guide propose 100 actions facilitant la vie au travail des parents ou des futurs parents. Les deux tiers sont sans coût financier pour l’employeur.
"Une petite révolution culturelle consisterait déjà à appliquer la loi et à communiquer leurs droits aux salariés", indique Judith Aquien, co-auteure du guide. Il suffit de créer un petit kit d’informations précisant les droits des salariés liés à la parentalité décris dans le Code du travail. Plus de la moitié des salariés confient en effet mal connaître leurs droits liés à la parentalité, selon une étude BVA.
L’option télétravail
La mise en place du télétravail peut aussi changer la vie des femmes enceintes, notamment en début de grossesse. "Le premier trimestre reste le plus difficile à vivre, physiquement parlant. Les femmes vomissent fréquemment et sont épuisées en raison d’une montée d’hormones. Or, rien n’est prévu pour cette période, déplore Judith Aquien. Télétravailler apporterait du confort…"
D’autres actions nécessitent un engagement plus conséquent. Comme former ses managers à l’accueil de la parentalité, en particulier au respect de la confidentialité concernant la vie privée et à la prévention des discriminations envers les femmes.
Congés supplémentaires
Autre mesure forte : offrir un congé de 3 jours (rémunéré à 100 %) en cas de fausse couche, pour les mères comme les seconds parents. Un temps important pour la santé de la personne concernée par ce deuil. "Quand ce choc est reconnu, cela crée aussi un pacte, qui renforce le lien entre l’employeur et l’employé", souligne Judith Aquien. Un congé à ne pas imposer si la personne refuse. L’entreprise peut par ailleurs suggérer un rendez-vous avec la médecine du travail ou un groupe de parole spécialisé.
Le Parental Challenge cible aussi bien un objectif de santé publique que l’égalité homme-femme. Illustration avec l’extension du "congé second parent" à la naissance, fixé légalement à 28 jours pour un premier enfant. Le guide invite à donner une semaine en plus, voire à aligner sa durée sur le congé maternité, idée déjà proposée par les initiateurs du Parental Act. Une présence indispensable selon Judith Aquien : "On ne peut pas se remettre d’un accouchement s’il faut s’occuper seule de son enfant." En outre, les premières semaines restent capitales pour développer une répartition équitable des tâches parentales. Le risque étant qu’en l’absence de conjoint, la mère s’occupe de tout… Et que le couple conserve cette habitude par la suite.
Plus de 80 entreprises s’engagent
Lancé par quatre femmes salariées et entrepreneuses de la Tech (Judith Aquien, Selma El Mouissi, Clémence Pagnon et Isma Lassouani), le guide rencontre un écho. Plus de 80 sociétés ont déjà signé la charte du Parental Challenge (qui engage à 12 actions fortes minimum). Parmi elles, Ulule, ManoMano, OpenClassrooms, Intuiti, So Press, Haigo, Issence, Chance…
Un engagement qui est de nature à renforcer la marque employeur et à faciliter le recrutement des entreprises. "Le confinement a ouvert les yeux sur la nécessité de combiner vie pro et perso, constate Judith Aquien, par ailleurs directrice éditoriale au sein de la start-up Chance. La politique en matière de parentalité constitue un atout pour fidéliser et attirer des talents. "
