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"Nous voulons augmenter de 25 % notre contribution à la transition écologique"
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Rémi Heurlin directeur régional de la Banque des Territoires en Bretagne : "Nous voulons augmenter de 25 % notre contribution à la transition écologique"

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Succédant à Patrice Bodier, Rémi Heurlin a pris en février la direction régionale de la Banque des Territoires en Bretagne - groupe Caisse des Dépôts. Il imprime déjà sa patte et donne ses perspectives pour la région, pour laquelle il veut contribuer davantage à la transition énergétique.

Rémi Heurlin, directeur régional de la Banque des Territoires en Bretagne — Photo : Virginie Monvoisin

Rémi Heurlin, vous arrivez de Nouvelle-Aquitaine. Quel regard portez-vous sur la Bretagne, quels y sont les enjeux principaux selon vous ?

À côté du logement social, dont la Banque des Territoires est le premier financeur, il y a beaucoup de sujets autour du tourisme, mais aussi de la préservation de l’eau. J’ai vu quelques bonnes idées sur la transition énergétique en Nouvelle Aquitaine que l’on pourrait également reproduire ici, notamment en "agrivoltaïsme". Il s’agit d’associer à un site de production agricole une production d’électricité avec des panneaux solaires, couplés de manière intelligente (les panneaux solaires agissent comme des outils de protection et de régulation agro-climatique, NDLR).

Pouvez-vous nous rappeler le rôle de la Banque des Territoires ?

La Banque des Territoires intervient à 80 % auprès de bailleurs sociaux pour financer la construction de logements (4 100 en 2023) ou leur rénovation (1 500 logements en 2023), mais aussi pour financer des projets de transition énergétique ou encore de gestion de l’eau. Pour cela, nous mobilisons l’épargne réglementée des Français, placée sur le Livret A ou le Livret Développement Durable, qui représente 565 milliards d’euros, et dont l’État nous confie 60 %. En Bretagne, nous apportons entre 385 millions et 400 millions d’euros à la construction.

Concernant l’appui aux acteurs publics, quel bilan pose la Banque des Territoires pour l’année 2023 ?

Nous apportons conseils et financements aux acteurs publics, et avons ainsi accordé 200 millions d’euros de prêts aux collectivités bretonnes l’année dernière. Un financement exceptionnel, puisque nous étions à 80 millions d’euros en 2022. Ce montant est notamment tiré vers le haut par un financement important accordé à la Région Bretagne pour de nouvelles rames de TER, d’un montant de 112 millions d’euros. Il comporte par ailleurs 19 millions d’euros de prêt pour la construction de la nouvelle usine d’eau potable de Fougères. Dans le cadre de financements de la gestion de l’eau et de l’assainissement, nous avons également soutenu l’usine de Morlaix pour 9 millions d’euros et celle de Ploufragan pour 15 millions d’euros.

Quels sont les principaux projets que vous soutenez en 2024 ?

L’année 2024 s’annonce bien. Nous avons parmi nos ambitions le financement du tramway de Brest, pour un montant supérieur à 90 millions d’euros. Nous poursuivons aussi dans l’aide aux collectivités pour améliorer les économies d’éclairage public. Après Rennes et Rennes Métropole (respectivement pour 3 M€ et 9 M€ en 2023), nous aidons cette année Vitré. Avec un prêt de 860 000 euros sur treize ans à 2 %, cela permet d’investir dans des ampoules led et de réduire de 68 % la consommation d’électricité due à l’éclairage public. Nous allons financer le même type de projet à Saint-Malo. Nous voudrions contribuer ainsi à enclencher un cercle vertueux : grâce à un coût facilité, cela permet les économies d’énergie et donc permet de financer d’autres projets à plus long terme. Nous voulons augmenter de 25 % notre contribution à la transition écologique, pour être partout où il y a des besoins du territoire.

Pourquoi les collectivités se tournent vers vous pour le financement de projets, et non vers les banques classiques ?

Les infrastructures que nous finançons ont vocation à durer longtemps, donc les collectivités peuvent venir emprunter sur 30 ans au lieu de 20 ans habituellement, et ainsi moins répercuter de charges aux utilisateurs. De plus, nous prêtons l’argent que les Français placent sur le Livret A au même taux que celui-ci (3 %) et faisons peu de marge, 0,4 %, car nous voulons "booster" ces financements.

Vous intervenez aussi auprès d’acteurs privés, même si c’est de moindre importance. Dans quel cadre ?

C’est en effet exceptionnel. Nous figurons par exemple dans 15 % des projets d’EnR (éoliennes) en tant qu’investisseur auprès de sociétés privées. Entre 2022 et 2024, nous aurons d’ailleurs recapitalisé toutes les SEM d’énergie de Bretagne. Nos financements pour le privé peuvent être aussi pour soutenir des projets menés dans le cadre des quartiers prioritaires des politiques de la ville quand la collectivité se porte garant. Ou encore pour aider la revitalisation d’un quartier. C’est le cas par exemple pour l’Hôtel-Dieu à Rennes auprès du groupe hôtelier Vicartem. Notre participation rassure les banquiers. Nous détenons 45 % des parts du projet, par 9 millions d’euros en fonds propres.

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