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"Nos investissements sont faits pour croître d’au moins 10 % par an"
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Pascal Rémy PDG de SNF "Nos investissements sont faits pour croître d’au moins 10 % par an"

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Leader mondial de la fabrication de polymères hydrosolubles pour le traitement de l’eau, l’extraction du pétrole, du gaz, et la fabrication de papier, SNF (8 150 salariés ; 4,5 Md€ de CA en 2023) poursuit ses investissements avec une enveloppe pour 2024 qui devrait osciller entre 450 et 500 millions d’euros. Entretien avec son PDG, Pascal Rémy.

Pascal Rémy, le PDG du chimiste ligérien SNF vise une croissance d’au moins 10 % par an sur les prochaines années — Photo : SNF

Quel bilan tirez-vous de l’année 2023 pour le groupe SNF ?

2023 a été une bonne année avec un chiffre d’affaires un peu en dessous de 5 milliards. En volume, nous sommes à peu près constants sur l’ensemble du groupe mais les prix se sont légèrement ajustés à la baisse parce que les coûts de nos matières premières ont beaucoup baissé en 2023. La bonne nouvelle, c’est que cette baisse a eu une répercussion sur nos marges qui ont fortement progressé un peu partout dans le monde.

Après avoir investi 500 millions d’euros en 2023, vous prévoyez d’investir 450 millions d’euros supplémentaires en 2024 dans votre outil de production. Où trouvez-vous une telle capacité d’investissement ?

Nous avons un cash-flow opérationnel d’environ 900 millions d’euros. Une partie sert à payer des impôts et des taxes, et vu que l’on ne redistribue aucun dividende, tout le reste est réinvesti dans la société. Notre capacité d’investissement est donc d’au moins de 500 millions d’euros chaque année. Et pour 2024, nous avons effectivement défini un budget qui devrait osciller entre 450 et 500 millions d’euros.

Pouvez-vous nous détailler les investissements en question ?

Nous allons continuer à investir en France. L’an dernier, nous avions investi près de 150 millions d’euros dont la moitié à Andrézieux-Bouthéon et le reste à Saint-Avold (Moselle) et Dunkerque (Nord). Et cette année, nous allons investir 70 millions à nouveau sur Andrézieux dans l’idée de nous concentrer sur des produits à plus forte valeur ajoutée. Nous avons aussi des investissements de productivité avec des grands centres de stockage automatisés. Nous investissons également dans tout ce qui concerne l’efficacité énergétique et la réduction de notre impact environnemental : réduction de la consommation d’eau, recyclage maximum, réutilisation de la chaleur perdue dans nos différents process et également dans l’installation de panneaux solaires en ombrières de parking et au sol sur une partie de notre terrain que l’on n’utilisera jamais à des fins industrielles. En tout, cela représente près de 5 hectares de panneaux photovoltaïques.

Vous prévoyez aussi d’investir dans un nouveau bâtiment de 3 000 m² à Andrézieux-Bouthéon. À quoi va-t-il servir ?

Ce bâtiment sera dédié à de nouvelles applications destinées au marché des mines, qui est l’un de nos très gros marchés dans le monde. Il s’agira en quelque sorte d’un super laboratoire qui nous permettra de faire des essais que l’on ne pourrait pas réaliser dans un laboratoire classique. Les applications sur ce marché des mines au sens large (extraction minière mais aussi sidérurgie) ont un très fort potentiel de développement car on utilise de plus en plus de minerais, toutes catégories confondues, pour soutenir la transition énergétique de manière générale. Nous pensons donc avoir un grand avenir dans ces domaines.

Quid de votre site de Dunkerque ?

Cette année, l’enveloppe à Dunkerque doit se situer autour de 50 millions d’euros. Nous allons finir les investissements initialement prévus. Dunkerque sera spécialisé au démarrage dans la production de monomères de spécialité (le premier atelier doit entrer en production en avril 2024, NDLR), donc là aussi des produits à très forte valeur ajoutée qui ne sont pas produits aujourd’hui en Europe et que l’on importe pour l’essentiel du Japon. Nous produirons donc en France avec une licence japonaise d’ailleurs. Les premiers produits que l’on va fabriquer auront surtout des applications dans le papier. Le papier d’écriture baisse mais les papiers essuie-tout et l’emballage progressent fortement, d’où la construction de ce nouveau site qui distribuera ses produits dans toute l’Europe, mais aussi aux États-Unis et en Chine.

Quels sont vos projets d’investissements à l’international ?

Nous allons investir dans la construction d’une seconde usine en Indonésie. Nous avions déjà une première usine mais de taille très modeste avec une trentaine de salariés. Là, l’idée est de construire une usine 5 fois plus grosse car nous avons déjà des marchés en Indonésie. Des marchés qui sont essentiellement dans les mines et qui sont servis par nos usines chinoises. Nous considérons qu’à terme ce sera mieux d’être en Indonésie, à la fois car les Indonésiens aiment bien favoriser la production locale et aussi car nous ne voulons pas surdépendre de la Chine. Cette nouvelle usine nous permettra donc de servir avant tout le marché indonésien avec des lignes standards. L’investissement pour construire une première ligne avec tout ce qui va autour c’est de l’ordre de 50 millions de dollars. Et, ensuite, on construit de nouvelles lignes en fonction de l’évolution des marchés. À terme, nous devrions monter à une centaine de salariés sur ce site.

Pourquoi l’Indonésie ?

Le marché est porteur. C’est un pays extrêmement peuplé avec des besoins en traitement d’eau quasiment sans limite tant ils sont loin de ce que l’on peut et doit faire. Et puis, l’Indonésie se développe fortement sur les marchés des mines. Ils ont la chance d’avoir de grandes mines de nickel et un marché énorme dans l’alumine.

D’autres projets d’investissement à l’international sont-ils prévus ?

Sur nos 450 millions d’euros d’investissement, 300 millions concernent nos sites à l’international. L’Indonésie va mobiliser 50 millions, donc tout le reste ira sur nos différents sites. Nous allons continuer d’investir dans de nouvelles lignes de production aux États-Unis mais aussi en Chine où nous avons une dynamique très forte sur le marché domestique. Nous allons aussi continuer à investir en Inde sur nos deux grands sites. Et nous envisageons d’étendre assez fortement notre site au Brésil pour avoir un grand site de production en Amérique Latine. Mais ce sera sur 2025.

Avez-vous des projets de diversification ?

Tout ce que l’on fait sert à économiser, traiter, recycler l’eau ou économiser de l’énergie pour nos clients. Nous n’avons pas de raison de chercher à nous diversifier dans la mesure où notre cœur de métier reste extrêmement porteur.

Quels sont vos objectifs en termes de croissance ?

Nos investissements sont faits pour croître d’au moins 10 % par an. Nous investissons toujours plus que ce qu’il nous faut pour croître de 10 % car nous aimons bien avoir toujours un peu de surcapacités, avec des unités de production qui peuvent venir en secours d’autres en cas de problème. On l’a vu avec la crise du Covid. Quand la Chine s’est arrêtée, on envoyait des produits d’Europe ou des États-Unis. Quand la vague s’est déplacée en Europe, c’est la Chine et les États-Unis qui ont pris le relais.

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