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Norsilk fusionne avec 3T France et confirme sa relance
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Norsilk fusionne avec 3T France et confirme sa relance

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Spécialiste de la production de bois à destination des industriels, des distributeurs et des grandes surfaces de bricolage, Norsilk, société implantée sur deux sites en Normandie, élargit son activité en fusionnant avec 3T France, spécialiste de l’étanchéité des toitures terrasses.

Norsilk a relocalisé son siège et son site de production à Boulleville (photo) en 2010, mais a conservé son centre de distribution dans le port d’Honfleur — Photo : © Norsilk

La raboterie Sibu, spécialisée dans la transformation des résineux finlandais à sa création en 1979 (Boulleville dans l’Eure), devenue Norsilk en 2015, a connu un fort développement dans l’usinage et le traitement de bois nordique (bardage, lambris, jardin…). Elle franchit une nouvelle étape de son développement en se regroupant avec 3T France, spécialiste de l’étanchéité des toitures-terrasses installé en Ile-de-France. Les deux sociétés appartiennent au groupe allemand Donges (1 400 salariés dans 14 pays pour 400 M€ de CA), spécialiste de l’enveloppe du bâtiment, filiale à 100 % de la société d’investissement Mutares. « Cette fusion nous permet en premier lieu de renforcer nos expertises et notre palette d’activités, mais aussi de croiser nos fichiers clients et donc de créer de nouvelles opportunités de développement dans les chantiers de rénovation comme dans le neuf », commente Sébastien Cossin, PDG de Norsilk depuis peu. Arrivé à son poste en plein démarrage de la crise sanitaire, le dirigeant avoue « s’être senti un peu seul ». L’activité de l’entreprise s’étant presque totalement arrêtée pendant le confinement, le nouveau PDG en a profité pour se plonger dans le mode de fonctionnement de l’entreprise. « La crise m’a fait gagner entre trois et six mois de travail car j’ai pu me documenter dans le détail sur le fonctionnement de l’entreprise et quand l’activité est repartie, j’étais fin prêt ! »

Entités séparées mais management commun

À l’origine de la fusion avec 3T France (12 salariés ; 10 M€ de CA), le projet « Synergie » porté par le groupe Donges et destiné à regrouper les compétences et les savoir-faire de différentes sociétés. Avec un objectif stratégique : réaliser des gains de parts de marché sur le territoire. « En compilant nos bases de données, nous nous sommes rendu compte que nous avions très peu de clients communs », confirme le dirigeant qui ajoute : « Il était clair qu’il y avait de nombreuses synergies possibles au niveau commercial. »
Deuxième challenge à relever grâce à cette fusion : permettre à 3T France, en s’adossant à une grande entreprise telle que Norsilk, de renforcer sa structure pour faire face à la crise en bénéficiant notamment de la logistique et de la supply chain du groupe.

Sébastien Cossin PDG de Norsilk — Photo : © Norsilk

« La fusion avec 3T nous permet de renforcer notre expertise et notre palette d’activités »

Norsilk a relocalisé son siège et son site de production à Boulleville en 2010, mais a conservé son centre de distribution dans le port d’Honfleur, 3e port à bois français avec environ 200 000 tonnes de bois importé. Avec une production annuelle de 100 000 m3 de produits rabotés et plus de 4 millions m2 de produits de produits finis, Norsilk emploie 120 personnes pour un chiffre d’affaires d’environ 40 millions d’euros. Grâce à la fusion, le nouvel ensemble compte une dizaine de collaborateurs commerciaux en plus et un chiffre d’affaires cumulé de près de 50 millions d’euros. « 3T France conserve son bureau de vente dans le Val-d’Oise : le management est commun mais les entités restent séparées. En revanche, la fusion apportera de nouvelles opportunités et perspectives de carrière pour les équipes en place dont les emplois sont désormais sécurisés », souligne Sébastien Cossin.

Des investissements en 2021

Reprise fin 2015 par la société d’investissement Mutares, l’entreprise Norsilk avait alors engagé un plan de transformation ambitieux qui l’a notamment conduit, sous l’impulsion d’une nouvelle équipe de management, à rationaliser sa gamme de produits, à optimiser ses stocks, à relocaliser ses bureaux, et à se doter d’outils de pilotage performants. « Ces évolutions ont été menées dans le cadre d’un dialogue constant et ouvert avec le personnel et le CSE », assure le dirigeant.

Le centre de distribution de Honfleur, comprend 5 bâtiments de 21 000 m2. Le site dispose également d’un parc de 40 000 m2 pour les produits extérieurs.
— Photo : © Patrice Le Bris

« L’export fait partie de nos objectifs de développement sur le long terme »

Cette transformation a orienté Norsilk sur le chemin du succès puisqu’en 2020, pour la première fois depuis plus de 7 ans, et malgré une conjoncture économique particulièrement difficile, l’entreprise dégage un résultat net positif. « Les projets de relance menés conjointement par Mutares et l’équipe de Norsilk au cours des dernières années ont été nécessaires à la survie de l’entreprise qui repose désormais sur une plateforme fiable et solide, primordiale pour son développement ». De nouveaux investissements (d’un montant encore sous embargo) sont prévus pour 2021 et viendront confirmer cette relance. Si l’export est un des axes de développement potentiel pour Norsilk, il reste pour l’instant mineur dans le chiffre d’affaires : « Nous avons certes l’ambition de développer l’export et d’aller chercher des parts de marchés dans les parties du monde où il n’y a pas de forêts comme en Afrique du Nord, au Japon… Mais avec la conjoncture actuelle et le ralentissement des échanges internationaux, nous préférons pour l’heure nous recentrer sur la France ».

L’activité grand public en nette croissance

La crise du coronavirus n’a pas entamé cette belle reprise de l’entreprise normande. Si l’activité industrielle a été réduite pendant le confinement, le B to B a été boosté par la mise en place de drive dans les grandes enseignes et un engouement accru du grand public pour le bricolage. Une tendance confirmée pour Norsilk qui accélère son retour dans le secteur des grandes enseignes de bricolage telles que Castorama, Leroy Merlin, Bricomarché, Saint-Gobain et des entrepôts de bricolage…
« Beaucoup de chantiers avaient continué pendant le confinement, notamment ceux des artisans qui ont pu poursuivre leur activité seuls. J’avais donc pris la décision de redémarrer très vite la production pour pouvoir servir les clients. » L’entreprise a ainsi pu maintenir un chiffre d’affaires régulier sur le B to B. Et même davantage : à la fin du mois d’août, Norsilk avait complètement rattrapé son retard de chiffre d’affaires sur l’activité « grand public ». L’entreprise continue de surfer sur cette vague encore aujourd’hui. « Nous avons fait un très beau mois d’août : les gens ont pris goût au bricolage pendant le confinement et continuent d’aménager leurs extérieurs, leur terrasse et leur bardage…"
Une croissance qui amènera l’entreprise à recruter entre dix et vingt personnes en production d’ici la fin de l’année 2020. Malgré la crise, l’entreprise espère terminer l’année avec un chiffre d’affaires au mieux égal à l’an passé, au pire en diminution de « seulement » – 10 %.


Filière bois : 22 000 emplois en Normandie

La Normandie compte près de 400 000 hectares de forêts (14 % du territoire), dont un quart de forêts publiques, très majoritairement domaniales. Les grands massifs forestiers se trouvent essentiellement dans l’Orne et en Seine-Maritime, la Manche étant l’un des départements les moins boisés de France. La filière bois en Normandie représente plus de 22 000 emplois (dont près de 5 000 rien que pour l’industrie du papier et du carton), positionnant la Normandie au 6e rang des régions de France pour l’emploi salarié. La production biologique annuelle est estimée à près de 3 millions de m3 dont 1,3 millions sont récoltés, transformés et valorisés dans des entreprises telles que Norsilk, Acibois dans le Calvados, ou Laudescher dans la Manche.
Le port de Honfleur, où est installé le centre de distribution de Norsilk, se classe 3e port à bois français avec environ 200 000 tonnes de bois importé essentiellement de la côte occidentale d’Afrique pour ce qui est du bois en grumes et du Nord (Scandinavie notamment) pour le bois scié. Enfin, la Normandie est leader national pour la consommation de bois énergie.
Face aux enjeux économiques et environnementaux du développement de la filière forêt-bois, la Région Normandie mobilise ses dispositifs d’aide pour soutenir le secteur sylvicole et promouvoir l’exploitation de la forêt.

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