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Mon Panier Bleu : "Par manque de capitaux, l'activité doit cesser"
Interview Alpes-Maritimes # Services

Olivier Roubin fondateur et dirigeant de Mon Panier Bleu "Par manque de capitaux, l'activité doit cesser"

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Mon Panier Bleu met la clé sous la porte. L’entreprise de livraison à domicile en circuit court, créée par Olivier Roubin à Cannes en 2017, doit cesser son activité, faute de financements et dans un contexte sanitaire qui a supprimé son activité événementielle.

Olivier Roubin a créé la market place locavore et service de livraison à domicile Mon Panier Bleu en 2017 à Cannes — Photo : DR

Pourquoi avoir décidé de cesser l’activité de Mon Panier Bleu ?

J’ai évidemment beaucoup réfléchi, mais quels que soient le potentiel et les valeurs du projet, il ne faut pas confondre persévérance et acharnement. Par manque de capitaux, l’aventure prend fin. Le tribunal de commerce doit prochainement désigner un liquidateur. Samedi 20 mars, Mon Panier Bleu effectuera ses dernières livraisons. Le site internet sera remplacé par une page indiquant les coordonnées des commerçants et artisans avec lesquels nous travaillons (plus d’une quarantaine dans les Alpes-Maritimes) afin qu’ils puissent proposer des services de click & collect ou de livraison.

Qu’est-ce qui vous a mené à cette situation ?

Il y a eu un " effet w ". La première jambe du w a été le confinement de mars 2020 pendant lequel la demande a explosé mais au déconfinement, nous n’avons conservé qu’entre 12 et 15 % de nos clients. Le deuxième confinement n’a eu aucun effet bénéfique, pas plus que le couvre-feu à 18 heures depuis janvier ou le confinement à Nice le week-end ces trois dernières semaines. Les consommateurs préfèrent épargner. Quant à la partie événementielle, qui représentait 60 % de notre chiffre d’affaires, elle s’est arrêtée avec le Covid. Et puis des soi-disant investisseurs m’ont mené en bateau.
Le coup de massue a été porté par ma banque. Un nouveau directeur entreprises a été nommé qui, sans connaître le projet, a supprimé le découvert autorisé en février, alors que nous avions toujours été en positif jusqu’alors. Je n’ai donc pas pu payer les mensualités du leasing de nos deux véhicules de livraison. C’était terminé.
À noter que la CCI Nice Côte d’Azur, Réseau Entreprendre et Initiative Terre d’Azur ont été là, mais je n’ai reçu aucun soutien des collectivités locales, à commencer par la Ville de Cannes.

Avant la crise sanitaire, quelle était la situation financière de Mon Panier Bleu ?

Depuis 2017, nous doublions chaque année le chiffre d’affaires qui a atteint 110 000 euros en 2019. Pour 2020, nous prévoyions de le multiplier par deux et demi et atteindre 250 000 euros. Sans l’arrêt de l’événementiel et avec la levée de fonds que nous avions commencée, nous n’aurions pas eu de problème.

Aviez-vous des projets pour 2021 ?

Oui, nous avions pris des contacts pour développer la livraison dans le Haut-Pays. Je souhaitais aussi faire travailler des femmes victimes de violence et créer pour cela une association à but lucratif. J’avais trouvé le local. Je voulais également développer la livraison pour les restaurants gastronomiques comme nous l’avions fait pendant les fêtes de fin d’année avec des restaurateurs d’Antibes.

Rétrospectivement, avez-vous commis des erreurs vous ayant conduit à cette liquidation ?

J’ai fait confiance à des jeunes qui n’avaient strictement rien à faire des valeurs que portait Mon Panier Bleu. J’ai perdu 60 000 euros en salaires et charges. J’ai aussi fait confiance à certains commerçants qui n’ont pas joué le jeu. À des collectivités locales aussi. On m’a dit que j’aurais d’abord dû aller voir des investisseurs avant de me lancer, mais j’ai fait le pari de tester d’abord le projet pour montrer qu’il était viable et duplicable.

Avez-vous des regrets ?

Aucun, car j’ai fait tout ce qui était possible. J’ai investi 200 000 euros sur mes fonds propres et bénéficié d’un prêt d’honneur de Réseau Entreprendre. Pour autant, je ne suis pas dans le négatif. On est passé à deux doigts du succès. Il manquait 50 000 euros. On a montré qu’on pouvait fédérer artisans et commerçants locaux. Nous avons généré 240 000 euros de chiffre d’affaires net pour les commerçants sur la plateforme. Je crois fondamentalement à l’économie collaborative, à l’e-commerce de proximité. Le locavore est possible avec un juste rapport qualité/prix. Malheureusement, 10 à 15 % des gens ont compris que pour quelques euros de plus, on gagnait en qualité, en santé, sur le long terme. Mais il va falloir des années pour "éduquer" les 90 % restant sortant d’un modèle façonné par Amazon et autres Uber.

Qu’allez-vous faire à présent ?

Il faut d’abord que je souffle un peu, que je me reconstruise, que je sorte de la précarité. J’ai tout donné dans ce projet pendant quatre ans. J’ai commencé à travailler avec une entreprise de Villeneuve-Loubet, sur un concept de boîte expérientielle et numérique en marque blanche.

Alpes-Maritimes # Services # Commerce # E-commerce