C’est en 2009 que Richard Sportich lance la toute première carte de paiement prépayée en France, sous la marque Transcash. « Après avoir longtemps travaillé dans l’importation et la distribution de produits électroniques, j’avais créé, en 2005, la société Midi France Telecom (MF-Tel) au travers de laquelle nous vendions des cartes télécoms prépayées, notamment au travers du réseau des buralistes et des grandes surfaces », rappelle le dirigeant, qui s’est ensuite positionné sur les cartes de paiement.
Un investissement en développement non négligeable pour MF-Tel (7 M€ de chiffre d’affaires, 38 salariés), que Richard Sportich évalue à près de 2 millions d’euros, réalisé en fonds propres. « Il nous a fallu attendre la sixième année pour être rentables. Dans les fintechs, il faut pouvoir investir avant d’avoir un retour… »
Des cartes bancaires… sans banque
« Ces cartes ressemblent à des cartes bancaires traditionnelles. Elles n’ont toutefois pas besoin d’être adossées à un compte bancaire. Elles fonctionnent dans le monde entier. Il est possible de payer, de retirer, de faire des achats sur internet par leur biais », décrit Richard Sportich. Un dispositif particulier, régi par l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR), l’organe de supervision français de la banque et de l’assurance, avec pour idée de donner accès aux outils de paiement aux plus défavorisés qui n’ont pas de possibilité d’avoir de compte en banque. MF-Tel travaille avec un émetteur de monnaie électronique, la fintech britannique Railsbank.
Depuis sa création, MF-Tel a encarté près de 350 000 clients, dont 150 000 sont réellement actifs. Chaque mois, l’entreprise compte 10 000 nouveaux clients. Au total, 10 millions d’euros sont chargés mensuellement sur les cartes émises par Transcash, qui les distribue pour 70 % au travers du réseau de bureaux de tabac et pour 30 % via internet. Grâce à ces cartes prépayées, il est également possible d’envoyer de l’argent à des personnes qui résident à l’étranger.
Élargir sa gamme
L’entreprise MF-Tel, qui compte 38 salariés, vient d’innover en lançant une carte Transcash Famille. « Nous proposons un pack qui comprend deux cartes, pour les parents et pour les enfants. Par ce biais il est possible d’offrir de l’autonomie aux enfants, tout en contrôlant leurs dépenses ou en verrouillant certaines options par l’intermédiaire d’un contrôle parental. Les cartes des enfants ne peuvent être chargées que par la carte noire », détaille Richard Sportich.
Le modèle économique de MF-Tel repose sur l’achat des cartes (9,90 euros), sur un abonnement mensuel (1 euro) et sur des frais liés aux virements (2 %). « Les achats en euros sont totalement gratuits. Au total, le système est beaucoup moins cher qu’une banque classique. Il est également possible d’alimenter les cartes avec des espèces dans les 30 000 bureaux de tabac français qui distribuent nos produits ». MF-Tel connaît une croissance sur les trois derniers mois de 2020. Pour 2021, l’entreprise envisage un volume de 150 millions d'euros de chargements et souhaiterait élargir ses points de vente aux supermarchés. « Nous travaillons également à élargir la gamme de nos services, notamment des assurances ou encore des extensions de garantie… », annonce Richard Sportich.
