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Medipath soigne sa position de leader
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Medipath soigne sa position de leader

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Medipath a fait de sa spécialité, l’anatomie pathologique, une force pour grandir. L’entreprise qui a son siège à Fréjus et est détenue exclusivement par des médecins, s’est hissée au rang de numéro 1 du diagnostic du cancer en France. Medipath soutient la recherche pour rester leader de son marché et pourrait nouer des partenariats au-delà des frontières françaises.

Medipath compte 120 médecins spécialisés en anatomie et cytologie pathologiques, qui exercent leur activité avec la collaboration de près de 700 employés, répartis sur 34 centres en France — Photo : Medipath

Cela fait déjà quelques années que l’entreprise Medipath, fondée en 1999 pour développer une spécialité, la médecine pathologiste, en Méditerranée française, a dépassé ses ambitions. Après avoir grandi en région Paca au cours de ses premières années de vie, l’entreprise est passée à la vitesse supérieure ces 10 dernières années, une accélération encore accentuée depuis 2019. À cette date, soit 20 ans après sa création, Medipath comptait 50 médecins associés, 267 salariés et réalisait 47 millions d’euros de chiffre d’affaires. L’année dernière, l’entreprise qui couvre désormais quatre régions (Paca, Occitanie, Nouvelle-Aquitaine, Île-de-France), a ouvert son 34e centre à Auch dans le Gers, intégré 7 nouveaux médecins associés, pour en compter 120. Ces médecins détiennent 100 % du capital de l’entreprise et sont désormais épaulés par près de 700 collaborateurs.

Une entreprise leader

Sur un marché "à peu près consolidé" et estimé à 450 millions d’euros, Olivier Vire, président et cofondateur de la structure, prévoit d’intégrer 4 à 5 nouveaux associés en début d’année 2024 et vise une croissance de 5 %. "Avec 102 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2023, avec plus de 1,5 million de dossiers traités chaque année permettant de diagnostiquer plus de 10 % des cancers en France à tous les stades de développement, Medipath est le plus important groupe français d’anatomie pathologique, une spécialité médicale, pivot de la cancérologie, dont la mission est l’analyse des prélèvements tissulaires et cellulaires des différents organes du corps humain. Aujourd’hui, quatre grands groupes, dont Medipath, détiennent 50 % des parts de marché. Les financiers ont capté 35 à 40 % du marché et les 10 % restants sont occupés par des structures de tailles variées. Partant de là, il reste des pistes, mais heureusement que nous avons réalisé notre croissance avant", ajoute le médecin.

Cette société d’exercice libéral par actions simplifiées est née de la volonté de quelques associés, dont le docteur Olivier Vire, président de Medipath, d’associer compétences et moyens. La suite leur a donné raison. Après une "période d’essai de quatre années en GIE", Medipath est créée avec 7 médecins et 22 salariés et depuis, "plusieurs révolutions technologiques se sont succédé : la pathologie moléculaire, la numérisation, l’intelligence artificielle. Nous les avons toujours anticipées. Nous avons souvent été les premiers. Nous avons toujours été copiés", confie le président.

Une entreprise pionnière

En 2009, Medipath a été l’un des premiers groupes à créer un bâtiment intégralement dédié à l’exercice de la profession d’anatomopathologiste, à Fréjus. Le bâtiment, qui abrite par ailleurs le siège social, ressemble à une ruche au sein de laquelle les techniciens experts récupèrent les prélèvements, qu’ils travaillent minutieusement pour obtenir en bout de chaîne une lame, qui pourra être analysée au microscope par le médecin pathologiste. Dans certains cas difficiles, d’autres techniques, l’immunohistologie ou les tests moléculaires, pour lesquels Medipath fut la première structure en France à être accréditée en 2012, peuvent être nécessaires.

Puis, en 2015, "nous avons vu arriver les financiers, rachetant de plus en plus de structures d’anapath. C’est là, que nous avons revendiqué notre indépendance, et décidé de mettre les bouchées doubles." Jusqu’au début des années 2020, l’entreprise cible prioritairement des villes universitaires, souvent préférées aux autres villes par les médecins spécialistes. "Nous sommes allés à Nice, à Marseille, à Perpignan, Toulouse, Bordeaux, puis Paris, avant d’ouvrir des villes secondaires, telles que Brive, Limoges ou encore Auch. Tous les médecins qui nous ont rejoints l’ont fait pour notre projet : une entreprise médicale libérale et indépendante, une technicité et une présence dans la médecine de proximité." Cette proximité est indissociable d’une donnée suivie quotidiennement par le docteur Vire : le délai de réponse, qui doit être le plus court possible, car "derrière chaque prélèvement, il y a des patients qui attendent, suspendus aux résultats."

Une entreprise attractive

Pour le Dr Olivier Vire, cette croissance "exponentielle" a permis de répondre à cette exigence de proximité et de réaliser des économies d’échelle. Surtout, "cela nous a permis de réaliser des investissements dans les technologies les plus innovantes et de construire une entreprise, qui soit la plus attractive possible pour de jeunes médecins anapaths. Alors que la population médicale est vieillissante, nous pouvons dire que nous avons réussi ce pari de l’attractivité, car nous avons une pyramide des âges très équilibrée au sein de Medipath", assure Olivier Vire. Ces 120 médecins, qui ont réalisé 11 à 14 années d’études, couvrent l’ensemble des domaines de la pathologie. Douze d’entre eux sont experts référents dans les réseaux nationaux d’expertise des pathologies rares, labellisés par l’Institut national du cancer. Douze sont des pathologistes molécularistes. Cette diversité constitue une "expertise unique et reconnue".

L’entreprise travaille avec ainsi plus de 16 000 médecins correspondants réguliers (gynécologues, dermatologues, ORL, chirurgiens, etc.), 250 établissements de soins, dont une cinquantaine d’établissements publics. "Notre expertise nous a permis de décrocher des contrats d’exclusivité avec des établissements de référence, comme l’hôpital Saint-Joseph à Marseille, l’hôpital américain de Paris, l’Institut du sein à Avignon." Par ailleurs, avec quatre autres groupes d’anapaths libéraux, réunis au sein du consortium E-Path, "nous avons remporté l’appel d’offres de Ramsay, premier groupe de cliniques et d’hôpitaux privés en France, pour la réalisation des analyses moléculaires de tous ses établissements et avons signé des conventions avec des groupes, comme Elsan, ou Vivalto, des acteurs de premier plan dans le domaine de l’hospitalisation privée."

Une politique volontariste d’investissement

Chez Medipath, l’expertise est humaine, elle est aussi technologique, la santé ayant connu plusieurs révolutions ces 20 dernières années. "L’une d’entre elles est considérable, reprend le président de Medipath. Il s’agit des thérapies ciblées, de l’immunothérapie, qui prolongent les chances de survie dans de bonnes conditions et multiplient les chances de guérison. Pour suivre cette révolution, nous avons réalisé des investissements en immunohistologie et pathologie moléculaire, deux techniques, qui permettent au pathologiste de préciser son diagnostic, et de développer des thérapies ciblées." Le groupe a investi 3,3 millions d’euros près de Montpellier pour créer un bâtiment de 1 000 m², abritant la plus grande plateforme française de pathologie moléculaire.

Depuis quelques années, une autre révolution est à l’œuvre et concerne la pratique quotidienne des anapaths. La numérisation d’abord, grâce à des scanners capables de numériser les lames analysées. Si Medipath a commencé à équiper ses centres de ces scanners, le coût est néanmoins très élevé et la numérisation ne concerne donc que certaines lames, celles qui requièrent une expertise particulière, celles qui pourront être traitées avec de l’intelligence artificielle.

L’IA, "troisième œil stable et reproductible"

Cette intelligence artificielle a bouleversé positivement la façon de travailler des anapaths. "Ma première rencontre avec l’intelligence artificielle, je la dois à une start-up, Ibex Medical Analyrics, avec laquelle nous avons, depuis, travaillé sur le cancer de la prostate", se souvient Olivier Vire. Ensemble, les deux structures ont développé des solutions, entraînées sur des milliers d’images issues de biopsies prostatiques, qui aident les médecins pathologistes à détecter et classer les cancers de la prostate sur les biopsies. "En 2020, nous avons été les premiers en Europe, voire au monde, à réaliser en routine des diagnostics avec l’aide de l’IA sur des cancers de la prostate."

Et, depuis, Olivier Vire s’est pris au jeu de l’IA, qu’il voit comme "un troisième œil stable et reproductible, comme un outil d’aide au diagnostic, sans jamais remplacer notre œil critique", et multiplie les collaborations avec d’autres start-up.

Une manière de soutenir l’innovation dans son secteur, d’être acteur de la transformation numérique de la profession et de valoriser, en toute sécurité, les milliers de données de Medipath. Aux côtés des parisiennes Owkin, pour le diagnostic du cancer colorectal, et Primaa, pour caractériser les lésions du col de l’utérus, aux côtés de la rennaise VitaDX pour le diagnostic du cancer de la thyroïde, "nous sommes à la fois clients, partenaires et développeurs. Nous travaillons pour trouver un marché à ces start-up, qui sont aujourd’hui dans une impasse, car l’usage de leurs technologies n’est pas remboursé. Chez Medipath, nous avons décidé de financer l’utilisation de ces intelligences artificielles sur fonds propres car il n’est pas pensable de priver un patient d’une technique dont il pourrait bénéficier." France 2030 apportera aussi sa contribution (5 millions d’euros au total), car les projets menés avec VitaDX et Primaa et l’AP-HP, ont été retenus dans le cadre de l’appel à projets "Imagerie médicale".

Une ouverture vers l’Europe et l’Afrique

Ce soutien à la recherche, qu’elle soit publique ou privée est l’un des trois objectifs du plan stratégique 2020-2025 de l’entreprise, qui soutient aussi des projets dans l’éducation et la santé à travers une politique active de mécénat. Figure également dans ce plan la volonté de rester leader de son marché. Et enfin, le dernier volet, dont les premières concrétisations pourraient arriver en 2024, porte sur la mise en œuvre de partenariats. "Nous voulons apporter notre technologie et notre expertise dans d’autres pays en Afrique, ou nous associer à des groupes équivalents en Europe. Les pays africains ont soif de connaissance, mais ils manquent de moyens."

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