Le paysage de la charcuterie industrielle haut-rhinoise évolue vers la concentration. L'entreprise Maurer, à Kingersheim, a repris le 4avril dernier son concurrent direct, le groupe Tempé, basé à Rixheim. Ce fleuron de la charcuterie alsacienne créé en 1910, était en redressement judiciaire depuis le 2janvier. Tempé avait déjà évité une première faillite en 2008 en étant repris par ses cadres avec le soutien d'Ambassador Foods. Maurer reprend 185 des 280 salariés du groupe et 20 magasins de détail sur 31. Le site de Rixheim n'est pas repris car il ne faisait pas partie des actifs de l'entreprise. Il sera exploité jusqu'à la fin de l'année, puis la production charcutière sera regroupée sur le site de Maurer, à Kingersheim. «Nous allons faire des travaux pour réaménager notre site. Nous avons programmé entre 2 et 2,5 millions d'euros d'investissements», annonce Dominique Bigard, le dirigeant de l'entreprise. Le site de Tempé à Burnhaupt-le-Bas est repris et permettra également à Maurer de concentrer la production de charcuterie pâtissière d'ici au mois d'août.
Les deux marques et enseignes coexistent
Le groupe continue d'exploiter 20 magasins de détails à l'enseigne Tempé situés en Alsace, en région parisienne et à Toulouse. L'enseigne et les produits Tempé restent, y compris dans les villes où sont installés des points de vente Maurer. «Dans certaines villes, il y a de la place pour les deux enseignes. À Mulhouse par exemple, les magasins Tempé et Maurer sont à quelques mètres, mais chacun possède sa propre clientèle», fait remarquer Dominique Bigard. Maurer possède une dizaine de points de vente en Alsace, dont un seul dans le Bas-Rhin, à Geispolsheim. Les deux marques continueront aussi à coexister en GMS, avec chacune leur propre réseau de distribution: Tempé Distribution et l'entité juridique Maurer. Elles vont jouer sur leur complémentarité. «Tempé est bien implanté en libre-service et Maurer surtout au rayon coupe», précise le dirigeant. Il ne prévoit pas immédiatement de modifier les produits, mais parle d'une évolution de la gamme courant 2013. «Nous étudierons une optimisation des marques», prévient-il.
D'autres concentrations industrielles à venir ?
Avec cette acquisition, le groupe Maurer affiche un chiffre d'affaires de 46 millions d'euros et emploie 380 salariés. Il accède à la deuxième place des industriels de la charcuterie en Alsace, derrière le groupe bas-rhinois Pierre Schmidt-Stoeffler avec 750 personnes et 140 millions de chiffre d'affaires. «Je pense que la restructuration de la charcuterie en Alsace n'est pas terminée. Il existe encore beaucoup de fabricants. Le paysage évoluera encore dans les deux ans à venir», prédit Dominique Bigard. Des opportunités pourraient encore se présenter, mais le groupe Maurer souhaite d'abord digérer cette opération d'envergure.
