Ille-et-Vilaine
Maria Karunagaran (Maison Felger) : "Les start-up industrielles peuvent redorer le blason de l'industrie"
Interview Ille-et-Vilaine # Industrie # Innovation

Maria Karunagaran PDG de Maison Felger "Les start-up industrielles peuvent redorer le blason de l'industrie"

Près de Fougères, Maison Felger ressuscite la chaussure de luxe à la française grâce à un procédé pour scanner en 3D le pied du client afin de fabriquer des souliers sur mesure. Pour cette start-up industrielle née en 2017, les enjeux restent l’innovation et la communication, histoire aussi d’attirer des jeunes. En plein développement, Maison Felger cherche donc à recruter, et aussi à sous-traiter pour d'autres créateurs.

Maria et Cyril Karunagaran sont les créateurs et dirigeants de Maison Felger — Photo : Baptiste Coupin

Maria Karunagaran, vous avez d’abord créé R & K (devenu Maison Felger - 15 salariés) en 2017 à Paris. Pourquoi avoir choisi de venir à Parigné, près de Fougères ?

Dès le début de l’aventure, nous voulions avoir le cœur de notre production en France, pour le savoir-faire présent. Il était encore peu question de réindustrialisation, et nous étions moins soutenus par les pouvoirs publics. Pour nos premières commandes nous avons trouvé un atelier de fabrication à Fougères. Mais du jour au lendemain, il a fermé, nous obligeant à produire en Italie, Portugal et Espagne. Là, les mauvaises surprises se sont enchaînées, et nous avons décidé de gérer nous-même la production. Après le confinement, nous avons alors repris contact avec le territoire de Fougères, qui a un vrai savoir-faire en maroquinerie.

Quels soutiens avez-vous reçus ?

Fougères Agglomération nous a aidés à monter un projet, cela faisait sens ici. En 24 heures, ils nous avaient trouvé des locaux à louer, et nous ont accordé 32 000 euros d’aide à l’embauche. La CCI nous a aussi apporté beaucoup de conseils et de contacts. Nous avons obtenu des subventions de La Région, du ministère de la Culture, de France Relance.

Vous avez aussi levé des fonds. Pourquoi, et cela a-t-il été plus facile ?

Quand on est en croissance, il existe moins d’aide. Nous devions donc faire appel à des investisseurs pour lancer la commercialisation. C’est plus difficile car nous avons un profil hybride : nous avons un côté innovant, et créons une usine, qui nécessite un process de création de savoir-faire et de transmission de patrimoine. Les investisseurs ont plus l’habitude de rencontrer des start-up high-tech ou des licornes ! Deux chefs d’entreprise, avec la même vision que nous, nous ont suivis, avec 600 000 euros.

De quoi avez-vous besoin pour continuer de vous développer en France ?

L’innovation restera le cœur de cette réindustrialisation, sinon, celle-ci sera vite obsolète. Nous avons aussi besoin d’attirer la jeunesse, et pour obtenir ce nouveau souffle, de communiquer. L’État parle de réindustrialisation, met en avant le made in France, c’est déjà un bon point. Les start-up industrielles peuvent redorer le blason de l’industrie, en réimplantant des savoir-faire.

Quelle est votre stratégie industrielle ?

Nous cherchons des entreprises pour lesquelles sous-traiter, afin de faire tourner notre chaîne de production. Nous avons investi dans des machines, notamment en découpe numérique, et elles peuvent être utiles à des créateurs qui n’en ont pas. En parallèle, nous allons sortir trois modèles de baskets pour la collection homme, et créer une dizaine de modèles pour lancer une vraie gamme femme.

Quels sont vos défis pour demain ?

L’objectif est d’atteindre 600 000 euros de chiffre d’affaires fin 2023 (contre 100 000 euros en 2022), puis le million en 2024. Nous devons recruter des personnes qualifiées, ce qui est difficile. C’est un fléau dans la maroquinerie et la chaussure ! Nous avons besoin de patronniers, de formiers… Alors pour les trouver (et les garder), nous voulons recréer une filière formation. Nous voudrions être 20 fin 2023. Nous venons d’embaucher un business développeur, car après avoir touché le Moyen Orient, nous visons une accélération à l’export, notamment vers les États-Unis et l’Asie.

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