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Malézieux anticipe un premier semestre 2023 marqué par un recul de l’activité de 20 %
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Malézieux anticipe un premier semestre 2023 marqué par un recul de l’activité de 20 %

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Après deux exercices très solides, la société d’assainissement Malézieux, basée à Woippy, en Moselle, s’attend à un premier semestre 2023 compliqué. Pour autant, son dirigeant, Bernard Nucci, ne renonce pas à préparer l’avenir et s’apprête à innover dans une machine à nettoyer les avaloirs.

Bernard Nucci, directeur général de la société Malézieux, porte une innovation : une machine destinée à nettoyer les avaloirs — Photo : Archives - Le Journal des Entreprises

Veillée d’armes chez Malézieux. La société d’assainissement pilotée par Bernard Nucci depuis Woippy, en Moselle, anticipe un recul de son activité au premier semestre 2023 qui pourrait aller jusqu’à 20 %. "En 2020, nous avons craint le pire pour finalement terminer l’exercice à -5 % en volume. Puis, en 2021, nous avons réalisé une année historique, +18 à 20 % d’activité pour atteindre 25 millions d’euros de chiffre d'affaires", retrace le dirigeant. "En 2022, nous allons terminer à quelques pourcents de plus que 2021. Par contre, l’incertitude s’accumule sur l’activité au premier semestre 2023."

Dans les trois segments composant sa clientèle, les équipes de Malézieux enregistrent des remontées inquiétantes. "Dans l’industrie, qui pèse 30 % de notre activité, le scénario se dessine : avec des coûts de l’énergie restant élevés, les industriels vont limiter leur production, donc limiter leurs déchets et limiter leur maintenance", détaille Bernard Nucci, qui s’attend tout de même à ce que son activité dans la sous-traitance industrielle reparte aussitôt que la demande en énergie sera moins soutenue, soit au deuxième semestre avec une météo plus clémente.

"Calmer le jeu" sur les recrutements

Deuxième tiers de l’activité de Malézieux, les collectivités publiques. "Leur discours est clair : ils ont pris une claque énorme en payant leurs factures d’énergie, alors ils vont chercher à limiter leur frais", précise le directeur général. L’activité réalisée dans l’immobilier, pour les bailleurs sociaux et les gestionnaires de parcs immobiliers, soit le dernier tiers, devrait moins reculer, du fait des contrats liés à la gestion de l’urgence. "Mais nous faisons aussi pour eux de la maintenance préventive", rappelle Bernard Nucci. Sa PME, qui a beaucoup recruté pour employer aujourd’hui 200 personnes, devra "calmer le jeu" sur les recrutements.

Deux ans pour obtenir un camion

Opérant grâce à un parc de 220 véhicules, le dirigeant veut aussi redéfinir le bon rythme pour le renouvellement de ce parc. "La difficulté, c’est qu'entre le constructeur du véhicule et l’équipementier qui adapte le camion à nos besoins, les délais sont passés à plus de deux ans, contre 6 à 8 mois en temps normal", détaille le directeur général de Malézieux. Des délais qui finissent par toucher les frais de maintenance du parc. "D’autant que nous avons du mal à avoir certaines pièces", souligne-t-il. "Je suis dans le métier depuis 30 ans et je n’avais jamais connu ça : un de nos camions est resté sur le parking pendant trois semaines, faute de pièces pour le dépanner."

Des difficultés qu’il faut aussi conjuguer avec la hausse générale des charges pesant sur l’entreprise, de la masse salariale revalorisée pour créer plus d’appétence pour des métiers encore mal considérés, jusqu’au gasoil ou encore les pneumatiques. "Sur deux ans, nous allons enregistrer un total de 12 à 13 % d’augmentation de nos charges", calcule Bernard Nucci. Impossible dans ces conditions de ne pas répercuter ces hausses auprès des clients. "Quand on a été sur une inflation nulle pendant des années, ce n’est pas facile, pour les cadres et les commerciaux, de relancer une négociation sur les tarifs", plaide le dirigeant.

Vers un véhicule dédié à l’entretien des avaloirs

Pour autant, pas question de faire le gros dos et de jouer la prudence. Début 2023, Bernard Nucci attend de connaître le coût d'une innovation qui lui tient à cœur : une machine destinée à soulager les opérateurs chargés de l’entretien des avaloirs le long des routes. Destinées à réceptionner les eaux de ruissellement, ces pièces sont composées de fonte et pèsent plusieurs dizaines de kilos. "À l’heure actuelle, l’opérateur doit soulever les pièces en fonte, avant de procéder au nettoyage. Sachant qu’un opérateur peut en faire entre 70 et 100 par jour", illustre Bernard Nucci. En quête d’une solution, le dirigeant lorrain a trouvé sur le marché allemand une machine, qui propulsait le prix du nettoyage de l’avaloir à plus de 20 euros, quand le tarif sur le marché français tourne autour de 11 à 13 euros : une impasse.

"Au départ, nous avions imaginé adapter un dispositif sur nos camions", détaille le directeur général de Malézieux. "Mais nous sommes repartis d’une feuille blanche, avec un véhicule entièrement adapté à ce travail." Le budget à injecter pour aller au bout du projet pourrait osciller entre 800 000 euros et 3 millions d’euros. "Je travaille sur le financement", assure Bernard Nucci, qui compte notamment sur Bpifrance pour trouver le bon outil. "Nous sommes une société de services, donc nous n’avons pas vocation à fabriquer des machines. Mais le but, c’est bien de généraliser cette innovation et de faire en sorte que toute la profession en profite."

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