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Maison Bonifassi, grossiste en boissons : « Nous demandons les mêmes aides que nos clients »
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Baptiste et Louis Bonifassi dirigeants de la Maison Bonifassi Maison Bonifassi, grossiste en boissons : « Nous demandons les mêmes aides que nos clients »

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Baptiste et Louis Bonifassi sont la cinquième génération à la tête de la Maison Bonifassi, distributeur grossiste en boissons implanté à Carros, dans les Alpes-Maritimes. L’entreprise compte 900 clients, tous dans la restauration ou l’événementiel et donc tous à l’arrêt. Les fournisseurs du secteur CHR azuréen se sont réunis en consortium afin de faire entendre leur voix et demander des aides.

Baptiste et Louis Bonifassi sont la cinquième génération à la tête de la Maison Bonifassi, grossiste en boissons à Carros menacé aujourd'hui par la fermeture de ses clients restaurateurs et cafetiers — Photo : O. Oreggia

Quelle est la situation de la Maison Bonifassi (45 salariés, CA 2019 : 16 M€) à ce jour ?

Baptiste Bonifassi : Depuis ce deuxième confinement, notre chiffre d’affaires est repassé à zéro. Nos 45 salariés sont en activité partielle. Nous comptons 900 clients dans les Alpes-Maritimes : restaurants, bars, cafés, établissements en station de ski, plages, discothèques, points de vente à l’aéroport, congrès, événementiel. Nous prévoyions une croissance de 15 % en 2020. De mars à fin juin, nous n'avons eu aucune activité. L’entreprise existe depuis 1888, elle a dû fermer pour la première fois de son histoire. Sur l’année, nous aurons été fermés pendant presque six mois. De 16 millions d'euros en 2019, le chiffre d’affaires devrait chuter de 50 % en 2020.

"Sans aides, on disparaîtra."

Vous venez de lancer un consortium avec 13 autres entreprises*, fournisseurs des cafés et restaurants des Alpes-Maritimes. Quel en est l’objectif ?

Baptiste Bonifassi : Ces 14 entreprises dont nous faisons partie représentent plus de 100 millions d'euros de chiffre d’affaires et regroupent plus de 300 salariés. C’est une première pour notre filière de se fédérer ainsi. Nous voulons obtenir les mêmes aides que nos clients. Nous n’avons toujours aucune certitude pour le début de l’année. C’est pourquoi nous demandons le maintien de l’activité partielle prise en charge à 100 % pour toute l’année 2021, car nous savons que l’activité ne reprendra pas du jour au lendemain. Sans chiffre d’affaires ou avec 20 %, 30 ou 50 % de baisse d’activité, aucune entreprise n’a la capacité d’assumer les salaires ! Nous demandons également l’exonération des charges sociales tant que nous n’aurons pas retrouvé un niveau d’activité égal à 80 % de 2019. Et nous demandons le renfort des aides permettant d’embaucher des apprentis et alternants. Il faut par ailleurs prolonger les échéances des prêts garantis par l'Etat sur dix ans. Aujourd’hui, les entreprises sont surendettées, elles ne pourront pas rembourser ces emprunts-là.

Quand imaginez-vous un retour à la normale ?

Baptiste Bonifassi : Il faut d’abord que rouvrent bars et restaurants, sans couvre-feu, que l’événementiel reprenne… ce ne sera pas avant 2022. C’est pour cela que nous adressons ces demandes via le consortium. Car nous allons avoir un déficit gigantesque en 2020 mais aussi en 2021.

"Aucune entreprise n’a la capacité à tenir sans revenus, c’est impossible"

Pourquoi ne pas vous être regroupé et avoir formé ce consortium plus tôt ?

Louis Bonifassi : Après la saison estivale, nous n’avions pas envisagé un nouveau confinement et une nouvelle fermeture totale de nos clients. Si le premier confinement avait été une surprise, cette fois-ci nous avons tout de suite été beaucoup plus pessimistes. On a tout de suite su que ce serait très compliqué pour nous. Nous avons mis en place tout ce qui existait pour survivre : nous avons demandé un prêt garanti par l'Etat, nous avons mis 100 % de nos salariés en activité partielle, nous avons réduit les coûts sur tout, renégocié les contrats d’assurance de nos véhicules.

Baptiste Bonifassi : Aujourd’hui, c’est de notre survie dont il est question. Aucune entreprise n’a la capacité à tenir sans revenus, c’est impossible. Sans aides, on disparaîtra.

Avez-vous dû suspendre tous vos investissements prévus en 2020 ?

Louis Bonifassi : Nous réinvestissons habituellement dans notre parc automobile ainsi que dans la sécurité en entrepôt pour nos salariés. Nous avons seulement poursuivi notre digitalisation car c’est un enjeu majeur. Quand on se relèvera, si on est capables d’apporter un service supplémentaire à nos clients et eux-mêmes à leurs clients, cela nous permettra peut-être de sortir un peu mieux et un peu plus vite de cette crise. Nous avons mis en place des newsletters pour communiquer différemment avec nos clients. Nous avons aussi lancé une application pour les prises de commandes avec tous nos catalogues (plus de 4 000 références, NDLR), les clients peuvent y avoir leurs factures, leurs avoirs. Obtenir un crédit d’impôt « digitalisation » fait d’ailleurs partie de nos demandes afin de soutenir les investissements et les embauches.

Sans activité, de quoi est fait votre quotidien de dirigeants ?

Baptiste Bonifassi : On ne dort pas. On essaie de se bagarrer pour se faire entendre. On essaie aussi de rendre service à nos quelques clients qui ont choisi de maintenir un peu d’activité en livraison ou à emporter. Cela nous coûte de les approvisionner mais on ne se voit pas les abandonner.

*(Maison Bonifassi, D.A.B, Montaner Pietrini Boissons, SVB, Brasserie du comté, Dis Vin, XPA, Granella, Maistre, Groupe Mauro, Numéro 20, Blue Coast, Brasserie des Ligures, Reso PACA)

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