Maine-et-Loire
L’unité de valorisation énergétique de Lasse lance un investissement de 140 millions d’euros
Maine-et-Loire # Gestion des déchets # Investissement

L’unité de valorisation énergétique de Lasse lance un investissement de 140 millions d’euros

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L’unité de valorisation énergétique de Lasse, au nord est du Maine-et-Loire appartient au Sivert, le Syndicat intercommunal de valorisation et de recyclage thermique des déchets de l’Anjou. D’une capacité de traitement de 120 000 tonnes de déchets ménagers par an, elle va connaître un vaste programme de travaux, avec la réhabilitation de l’existant et l’augmentation de ses capacités pour environ 140 millions d’euros.

Les élus du Sivert ont annoncé un investissement de 140 millions d’euros pour l’Unité de valorisation énergétique la Salamandre, à Lasse — Photo : Olivier Hamard

Une somme de 140 millions d’euros : c’est l’enveloppe globale qui va faire entrer l’Unité de valorisation énergétique (UVE) de Lasse, au nord-est de l’Anjou, dans une nouvelle dimension. Créée en 2005, elle traite les déchets ménagers de 322 000 habitants du département et d’une partie de l’Indre-et-Loire voisine. Ces déchets ménagers y sont valorisés, après incinération, par la production à la fois d’électricité et de chaleur, cette dernière servant à alimenter 4 hectares de serres installées à proximité depuis 2021 et qui ont permis la création de 65 emplois. L’UVE, où travaillent 35 personnes réparties entre le Sivert et le délégataire Veolia, qui en assure le fonctionnement, va être prochainement réhabilitée et agrandie pour traiter plus de volume.

Nouvelle délégation de service public

Le Sivert, Syndicat intercommunal de valorisation et de recyclage thermique des déchets de l’Anjou, a confié l’exploitation de son usine de valorisation énergétique de Lasse, appelée la Salamandre, au concessionnaire Veolia. Cette délégation de service public parvenant à son terme le 1er mars 2026, un nouvel appel d’offres sera officiellement lancé en juillet 2024. Mais celui-ci comportera une nouveauté de taille : la gestion d’un équipement qui va presque doubler de taille pour accueillir les déchets ménagers d’un territoire plus vaste, incluant toute l’agglomération d’Angers, une partie de celle de Tours (Indre-et-Loire) et le secteur de Sablé-sur-Sarthe (Sarthe). Au total, le site de Lasse traitera à terme les déchets ménagers de près de 700 000 habitants.

85000 tonnes supplémentaires

Pour cela, il faut augmenter les capacités : à ce que le site accueille actuellement, environ 60 000 tonnes viendront en effet s’ajouter sur le site chaque année en provenance du territoire d’Angers Loire Métropole, 25 000 tonnes de Tours Métropole Val de Loire et 4 000 tonnes de la communauté de communes du pays Sabolien.

Le site de Lasse va être agrandi et pourra traiter environ 200 000 tonnes de déchets ménagers par an — Photo : Daniel Garandeau

"Nous ne sommes pas en capacité de traiter ces quelque 85 000 tonnes supplémentaires, explique Jean-Luc Davy, président du Sivert. Nous avons donc constitué fin 2023 un GAC, Groupement d’autorités concédantes, permettant de répondre à la demande de ces trois nouvelles collectivités tout en conservant les intérêts de toutes celles qui composent le Sivert, qui garde quant à lui le choix du délégataire."

Mise en service en 2028-2029

Ce nouveau délégataire sera désigné au terme d’une longue procédure, comme l’ont souhaité les élus du Sivert : une première phase de sourcing de quatre mois, lancée en ce mois de février, à laquelle 6 entreprises ont répondu, qui leur permettra de découvrir les installations. Parallèlement, une phase de déclaration d’intention jusqu’au 13 juin 2024 permettra au Sivert d’aller à la rencontre des habitants et de recueillir des informations pour établir le cahier des charges de la consultation. Consultation à l’échelle européenne, qui sera lancée en juillet 2024. Suite à cet appel d’offres, le délégataire sera choisi fin 2025 et commencera l’exploitation le 1er mars 2026. "Nous saisissons aussi l’opportunité de cette nouvelle délégation pour lancer parallèlement le projet d’extension du site, indique Jean-Luc Davy, qui permettra de recevoir les déchets ménagers des trois nouvelles collectivités. Ce sont elles qui supporteront l’investissement de 120 millions d’euros qui leur servira ensuite. Les procédures seront entamées en 2026 pour une phase de construction et de mise en service en 2028-2029."

Remise à niveau

Concrètement, un nouveau four va être construit à côté du premier déjà en fonctionnement et l’actuel bâtiment recevant le mâchefer issu de l’incinération va être déplacé. Aux déchets qui arriveront en provenance des différentes collectivités, restera, comme déjà aujourd’hui, une part d’incinération encore utilisable sur le site, appelée "vide de four". Charge alors au délégataire d’aller chercher des déchets auprès d’autres apporteurs, pour optimiser les installations. Si l’investissement de 120 millions d’euros est supporté par les trois collectivités entrantes et réalisé par le Sivert, propriétaire du site, celui-ci va aussi réinjecter 20 millions d’euros pour remettre à niveau l’actuelle UVE. "Ces travaux vont permettre de prolonger l’exploitation du site pour environ 25 ans", assure Jean-Luc Davy.

70 euros la tonne

Présentée et reconnue nationalement comme un exemple de valorisation des déchets, l’UVE de Lasse "est une installation qui présente un coût très intéressant pour les collectivités, assure le président du Sivert. Grâce aux aides européennes dont nous avons bénéficié, à la vente d’électricité, de mâchefer et de vide de four par le délégataire, le prix à la tonne est nettement inférieur à la moyenne nationale, environ 70 euros contre 100 à 110 euros. Au bout de la chaîne, l’habitant paie moins cher."

Écosystème

Au-delà du coût pour les collectivités et le contribuable, c’est tout un écosystème qui s’est mis en place autour de l’UVE de Lasse : un groupement de maraîchers nantais produit 2 500 tonnes de tomates par an dans quatre hectares de serres chauffées grâce à l’équipement. Trois nouveaux hectares seront construits fin 2024. L’augmentation des capacités du site va permettre de fournir encore plus de chaleur, et le projet à terme des maraîchers nantais est de disposer de plus de 11 hectares de serres. Une station GNV a aussi été implantée, qui proposera bientôt du carburant bio GNV, avec la mise en place à proximité de deux unités de méthanisation par des collectifs d’agriculteurs locaux. Et d’autres réflexions sont déjà en cours, notamment autour de l’électricité produite la nuit par l’équipement, qui pourrait un jour être valorisée en hydrogène.

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