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"L’intelligence artificielle permet d’obtenir des gains de productivité très importants"
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Manuel Clergue enseignant-chercheur à l’Eseia "L’intelligence artificielle permet d’obtenir des gains de productivité très importants"

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Manuel Clergue est enseignant-chercheur en informatique et IA à l’Eseia, école d’ingénieurs du numérique, à Laval. L’Ecole supérieure mayennaise enseigne depuis dix ans aux étudiants dans le domaine de l’intelligence artificielle.

Manuel Clergue est enseignant-chercheur en informatique et IA à l’Eseia de Laval — Photo : Eseia

Pourquoi l’IA suscite-t-elle autant d’intérêt ?

Jusqu’ici, elle était cachée. Par exemple, les fabricants l’intégraient déjà dans les systèmes pour régler la quantité de produit dans les lave-vaisselle. Il n’y avait donc pas d’interaction directe avec l’utilisateur. Ce qui change depuis deux ans, c’est l’accès à l’IA du grand public par des agents conversationnels très performants. L’IA et l’IA générative peuvent désormais être personnalisées.

Peut-on s’attendre à des révolutions dans l’industrie ?

Il existe des applications industrielles de l’IA assez importantes depuis les années 1970-1980. Jusqu’ici, les algorithmes permettaient à des outils industriels de répéter des tâches. Les possibilités deviennent plus importantes. Mais je ne pense pas que c’est en production pure et dure que les changements seront les plus bouleversants. C’est sur des tâches qu’on n’imaginait pas pouvoir être réalisées par des agents artificiels qu’on va voir de vraies innovations. Dans certains services, l’IA va effectuer les tâches rébarbatives, ce qui va permettre d’obtenir des gains de productivité très importants.

Faut-il renforcer le cadre juridique autour de l’IA ?

C’est primordial, parce que de plus en plus d’applications vont toucher directement la vie des gens et du public au sens large. Mettre des cadres permet de se protéger. On l’a vu par exemple dans l’automatisation de demandes de crédits. Il y avait des pré-traitements avec la définition d’un taux de risques. Mais les outils algorithmiques utilisés introduisaient des biais dans les réponses. C’est-à-dire qu’en fonction d’une certaine catégorie sociale ou ethnique, les prêts étaient plus ou moins accordés, sans que cela se justifie pour des raisons financières. Des banques et organismes de crédits croyaient donc gagner du temps mais par ces biais forcément ont créé des suspicions…

L’IA générative corrigera-t-elle ce genre d’erreurs ?

L’IA, telle qu’elle est connue aujourd’hui, reste un traitement algorithmique de statistiques qui apprend à partir d’énormes bases de données. L’IA générative reproduit donc les biais, les petites variations qui peuvent exister dans les bases d’apprentissage. Une vérification humaine reste donc incontournable pour assurer la fiabilité du résultat. Pour le moment, l’IA générative peut produire des textes ou des images mais ne peut pas se regarder en train de faire ou de penser. Ça, c’est le prochain verrou technique.

Nous n’en sommes donc pas encore au stade de l’IA sans l’œil humain ?

L’usage de l’intelligence artificielle, ce n’est pas moins d’humain, c’est mieux d’humain. L’IA permet de se dégager du temps sur les tâches mécaniques et répétitives pour avoir plus de temps sur les tâches qui nécessitent de la réflexion humaine, individuelle ou en groupe.

Au-delà des gains de productivité et de confort de travail, l’IA va-t-elle créer de nouvelles activités ?

La vie économique fait que les besoins sont source de création de secteurs d’activité. De nouvelles entreprises se spécialisent plus ou moins sur l’IA, notamment en conseil et dans l’accompagnement de solutions à base d’IA. Dans notre école, on le constate aussi à travers de plus de plus d’offres de stage par exemple, avec de nouveaux mots-clés tels que IA, IA générative dans les intitulés des postes.

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