Une centaine de millions d’euros a été prévue pour les opérations de croissance externe sur la seule année 2024. Le groupe rouennais PGS (950 salariés, 482 millions d’euros de chiffre d’affaires), leader européen de la palette industrielle en bois neuve et reconditionnée, se donne les moyens de ses ambitions européennes. "Nous ne sommes pas limités en matière d’investissement car nous avons de très bons ratios d’endettement. Aujourd’hui, on ne fait que de la dette", se félicite Jean-Louis Louvel, président-fondateur de PGS.
Le montant d’investissement, destiné à plusieurs opérations en Europe, déjà réalisées depuis le début d’année ou en cours, pourrait être largement relevé en cas d’opportunité, assure le dirigeant. "Si demain, en plus de nos acquisitions déjà actées, une opportunité de reprise d’une grosse structure à plus de 100 millions d’euros se présente, on pourra l’étudier car nous avons de nombreuses possibilités financières", indique-t-il. Une fièvre acheteuse dont l’objectif affiché par le président de PGS est de doubler son chiffre d’affaires pour atteindre le milliard d’euros d’ici 2030.
PGS entre au capital du belge IDE
Le groupe PGS est entré au capital du groupe Belge IDE Woods (65 salariés, 28 millions d’euros de chiffre d’affaires) début janvier. "Une participation à hauteur de 50 % du capital d’IDE, aux côtés de l’un des deux frères actifs de l’entreprise familial qui a décidé de rester à nos côtés pour sécuriser et pérenniser sa société", précise Jean-Louis Louvel. L’opération est destinée à renforcer la stratégie de sécurisation des approvisionnements du groupe normand. "Cette scierie est située à moins d’une heure de trois de nos principaux sites de production. Le marché du bois reste très volatil en raison des contraintes géopolitiques et économiques, la participation dans IDE Group correspond parfaitement à notre objectif de sécurisation et de pérennisation de nos approvisionnements, pour garantir nos livraisons de palettes à nos clients", souligne Luc Grauwet, directeur général de PGS Group.
IDE Woods est la plus importante scierie de résineux en Flandre avec une capacité annuelle de 150 000 m3 de billons, soit 75 000 m3 de sciages. Elle est dédiée à la production de bois d’emballages mais aussi de bois aboutés destinés au marché de la construction. La nouvelle filiale de PGS complète aussi son offre avec une autre usine à Spiere (Belgique), entité dénommée "SOLID – creating outdoor comfort" qui permet de cibler d’autres marchés autour du jardin comme des cabanes, abris de voitures, clôtures, poteaux, tables de pique-nique… SOLID offre des possibilités de traitement et de finition du bois, comme le séchage, rabotage, profilage, fraisage, trempage et l’imprégnation.
Le normand s’agrandit aux Pays Bas
Après son entrée au capital d' IDE Woods, le groupe PGS a réalisé dans la foulée une seconde opération de croissance externe. Le groupe rouennais s’est offert Hoekman Houtindustrie (à Rijssen dans le nord-est des Pays Bas), producteur de palettes, de caisses en bois, de platelages pour racks de stockage, et également positionné sur le reconditionnement de palettes (34 salariés, 15 millions d’euros de CA).
"Avec cette acquisition les possibilités de développement sont fortes pour PGS. La proximité du marché allemand est un grand avantage pour notre groupe. Cette opération nous permet d’étendre notre réseau et d’offrir une plus grande gamme de palettes aux clients de cette région. Nous restons le seul groupe en Europe à avoir développé une offre aussi complète, de la forêt à la palette, en intégrant les services de reverse logistique et de pooling", souligne Luc Grauwet.
Une nouvelle acquisition aux Pays Bas pour PGS, après celle de Den Doelder Pallets en juin 2023. Et Luc Grauwet laisse entendre que d’autres rachats pourraient suivre : "Nous entrons dans une nouvelle phase d’optimisation de notre maillage que nous allons continuer à renforcer dans les mois à venir".
Le Danemark dans la foulée
Cette ambition de développement dans le nord de l’Europe est confirmée par Jean-Louis Louvel, qui annonce par ailleurs avoir fait l’acquisition de deux fabricants et reconditionneurs de palettes au Danemark : "L’un des deux dispose de trois sites et l’autre d’un site", précise le dirigeant. Encore secret, le nom des deux entreprises sera bientôt dévoilé. De nouvelles acquisitions réalisées en partenariat avec le groupe norvégien Daimyo, dont le propriétaire est l’entrepreneur Espen Aubert, "souvent appelé l’Elon Musk du Danemark", s’enthousiasme le président de PGS. "Il investit avec son fonds d’investissement dans les énergies vertes, le recyclage, les déchets, tout ce qui concerne les secteurs d’activités "green". S’associer avec lui va nous permettre d’aller beaucoup plus vite sur le développement de ce territoire".
Un investisseur déjà connu de la direction de PGS puisqu’Espen Aubert était détenteur de 50 % du capital du hollandais Den Doelder repris par PGS. "C’est en rachetant ses parts que nous avons noué un contact de confiance et durable, précise Jean-Louis Louvel. Espen n’est pas un simple financier, c’est un entrepreneur dans l’âme qui a une démarche rare avec son fonds d’investissement, car il nous propose d’accélérer ensemble".
D’autres acquisitions à venir
Et le fondateur de PGS, dont l’entreprise est déjà présente dans 11 pays avec 50 sites industriels et traite un volume de 45 millions de palettes par an, ne veut pas s’arrêter en si bon chemin. D’autres acquisitions sont encore à venir au cours de l’année 2024. Il annonce notamment un renforcement de ses positions en Hollande, ainsi qu’une nouvelle cible : la Suède. "Une cible que nous n’avions pas forcément envisagée il y a encore un an. C’est l’opportunité danoise qui nous y amène", confie l’entrepreneur.
Avec aussi l’ambition de réussir à se positionner en Allemagne, un territoire de première importance économique pour PGS, mais difficile à conquérir. "Nous n’y avons qu’un seul site pour le moment. La culture y est complètement différente. C’est plus facile pour un Flamand de racheter une entreprise là-bas et de se développer que pour un Français. Du coup, c’est notre équipe flamande qui travaille en direct sur place car c’est plus facile au niveau culturel, et les Allemands sont habitués à faire du business avec eux", souligne le fondateur du groupe rouennais.
Un développement qui sera plutôt réalisé dans les domaines de la fabrication et du reconditionnement, selon le dirigeant : "Pour l’instant, nous n’allons pas avoir besoin de scierie en Allemagne, car c’est un pays où il y a une abondance de bois et la proximité avec les fournisseurs de bois des pays baltes". L’Allemagne, une cible d’envergure pour PGS, puisque son dirigeant estime qu’il lui faudra une dizaine d’années pour arriver à mailler et consolider son activité dans ce pays.
