Les véhicules autonomes : Marché d'avenir pour la région ?

Les véhicules autonomes : Marché d'avenir pour la région ?

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La législation française avance en faveur du développement des véhicules autonomes. Quel retentissement sur la filière automobile régionale ? En mal de reconnaissance, celle-ci dispose pourtant d'un vivier d'entreprises prêtes à conquérir ce gigantesque marché.
— Photo : Le Journal des Entreprises

Et si notre région avait elle aussi sa place dans le marché du véhicule autonome ? Le Rhône-Alpes, l'Alsace (avec le pôle Véhicule du futur) et l'Ile-de-France sont les zones automobiles phares du pays, et cela reste incontestable. Chez nous, pas de grands constructeurs de voitures osant côtoyer nos fiertés régionales aéronautiques (Airbus & co). Pourtant,
« tous les ingrédients sont là pour que notre région prenne le virage du véhicule autonome », considère Jean-Luc Maté, le président du cluster régional Automotech (voir encadré).

Un vivier local avantageux
En amont et en aval, la filière concerne plus de 110.000 collaborateurs, selon Jean-Luc Maté. Qui sont ces acteurs locaux ? Des laboratoires spécialisés en intelligence artificielle et en robotique et des références comme le Laas- CNRS, ou le centre de calcul Cerfax ; des PME opérant sur la géolocalisation (M3 Systems) ou sur la télématique, comme la société Synox à Balma qui propose une solution de suivi de la consommation des véhicules connectés ; des fabricants de véhicules alternatifs comme la société albigeoise Safra, auteur du véhicule de transport urbain Businova, Helem à Auch qui développe son Colibus en partenariat avec La Poste ou encore Easymile et son minibus EZ-10 (voir encadré). « Ce n'est pas par hasard que nous avons choisi de nous installer à Toulouse, indique Xavier Salort », responsable commercial de cette joint venture entre Robosoft et Ligier. Il ajoute à cette liste, les formations sur place. 80 %de l'effectif de la jeune société est constitué d'ingénieurs et celui-ci passera de 40 à 50 cette année.

Une piste de test à Francazal
L'INP-Enseeiht, le Cesi et l'université Paul Sabatier font partie des écoles appréciées par les équipes de R & D locales axées sur le véhicule du futur, comme LDL Technology à Ramonville, qui conçoit des systèmes de freinage connectés. D'autres trouvent leur compte du côté des formations aéronautiques. Autre point fort en région : le site de Francazal qui abrite le cluster Robotics Place et qui accueille les entreprises souhaitant tester leurs capteurs et systèmes sur une zone " hors route".

Continental et Actia : deux acteurs clés de l'électronique
Bonne nouvelle pour les électroniciens du coin : le pourcentage d'électronique dans les véhicules n'en finit pas de grimper. « On est passé de 0 avec la 2CV à 30 à 40 % pour un véhicule utilitaire et on va bientôt atteindre les 50 % », se réjouit Philippe Guyard, directeur de la stratégie d'Actia (381 M€ de CA, 3.000 personnes dont 500 à Toulouse) qui affichait une hausse d'activité de 12,2 % en 2015. Actia est partie prenante dans la réflexion nationale sur les systèmes de transport public automatisés du plan Nouvelle France Industrielle Véhicule Autonome. Cartes de communication et électrification des fonctions font partie de ses activités croissantes. Continental Automotive France (du groupe allemand Continental) est le plus grand en région et pèse un CA de 600 M€ avec ses trois usines et son centre de R & D : « Nous sommes les seuls équipementiers à sortir autant de produits électroniques (des dizaine de millions chaque année) sur le sol français », constate son vice-président Jean-Luc Maté.

Vers la voiture sans chauffeur ?
Le véhicule du futur à 130 km/h sans conducteur, sur toutes les routes ? On en est encore loin. La petite Google sans conducteur (40 km/h maximum) ou la Citroën C4, qui a roulé avec chauffeur mais sans les mains de Paris à Bordeaux en octobre dernier, sont en encore en phase test. Techniquement, les grands constructeurs mondiaux (Volvo, Tesla, Ford et autres ) sont prêt à sortir leur voiture 100 % autonome. Mais la faire circuler, c'est autre chose : l'inter-opérabilité avec les éléments extérieurs va demander du temps même si la loi avance avec la récente autorisation de circulation de véhicules autonomes, avec pilote, sur des routes dédiées.

Appel aux politiques et aux investisseurs
Sur une échelle d'autonomie de 1 à 5, on sort aujourd'hui des véhicules de niveau 1 : celui des aides à la conduite et des voitures connectées. Dès 2020, pratiquement tous les véhicules présenteront ces équipements et, en 2030, 10 % présenteront une autonomie de niveau 4. Sur ces prédictions, Jean-Luc Maté souhaite voir la région se placer rapidement, au vu du potentiel que présente le tissu économique local. Il lance un avis aux politiques et aux investisseurs locaux : « Ne passons pas à côté du véhicule du futur où nous pourrions jouer un rôle encore plus important si nous avions plus de soutien.