Alpes-Maritimes
"Les RH ne sont pas une fonction support mais un allié stratégique de l’entreprise"
Interview Alpes-Maritimes # Ressources humaines

"Les RH ne sont pas une fonction support mais un allié stratégique de l’entreprise"

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Françoise Escourbiac est la nouvelle présidente de l’ANDRH Côte d’Azur, association qui regroupe 135 professionnels des ressources humaines des Alpes-Maritimes et Monaco. Après des années passées au sein de Vinci Construction puis de Pescanova, elle est aujourd’hui DRH de Marineland à Antibes. Et cherche à transmettre sa passion pour cette fonction, qui peut s’avérer précieuse au sein de l’entreprise.

Françoise Escourbiac, DRH de Marineland et présidente de l’ANDRH Côte d’Azur — Photo : ©Studio Cabrelli Portraits

Après avoir œuvré au sein de Vinci Construction puis de Pescanova, vous avez rejoint Marineland à Antibes fin 2023. Le parc aquatique n’a pas bonne presse et est régulièrement montré du doigt par les associations de défense des animaux. Avez-vous hésité avant d’accepter ce poste ?

J’ai été contactée par un cabinet de recrutement pour me proposer le projet de Marineland qui, certes, peut ne pas faire rêver tout le monde sur le papier, mais qui moi m’a donné envie d’accompagner cette entreprise dans ces moments un peu chahutés et d’être aux côtés des salariés (140 à l’année, 400 saisonniers supplémentaires chaque été, NDLR) injustement critiqués au quotidien dans les médias et surtout sur les réseaux sociaux. Pourquoi je fais ce métier de DRH si ce n’est pour accompagner les organisations dans les moments faciles et difficiles ? Pour être là au moment où l’entreprise a besoin d’un vrai acteur fort pour l’aider à se transformer ? J’ai pensé par exemple aux soigneurs. La loi oblige à mettre fin à la captivité des animaux d’ici fin 2026. Que vont devenir les soigneurs ? Comment les aider à se reconvertir par exemple vers d’autres métiers ? C’est un projet qui peut être très intéressant. J’adorerais qu’à la fin de l’histoire on se dise qu’on a réussi à faire quelque chose de positif.

Qu’est-ce qui a changé dans les ressources humaines ces dernières années ?

Tellement de choses ! La digitalisation a transformé la fonction RH. Et nous voyons encore plein de choses arriver avec l’intelligence artificielle, que le métier ne s’est pas encore appropriée. Dans l’ensemble, je dirais qu’il y a eu plusieurs vagues. D’une fonction très opérationnelle, un peu administrative - rappelons qu’au départ, ce sont plutôt les comptables qui s’occupaient de la paie - nous sommes passés au bien-être au travail, avec des "RH sympathiques". Le Covid a finalement remis l’église au milieu du village et rappelé que les RH sont aussi des alliés stratégiques.

C’est ce que vous souhaitez appuyer dans votre nouveau rôle de présidente de l’ANDRH ?

Je veux déjà poursuivre le travail mené par Anne Cagnard ces quatre dernières années, qui a insufflé, avec son bureau, une vraie dynamique qui n’existait pas. Et je veux faire savoir : que les RH sont là et que leur fonction peut être très utile dans l’entreprise et ne se résume pas aux embauches et aux licenciements. Mieux communiquer sur notre fonction est important.

"Pour que les salariés aillent bien, il faut que l'entreprise aille bien et que le business aille bien."

Quel peut être le rôle de l’ANDRH auprès des profils les plus jeunes ?

Sur ma feuille de route figure du mentoring des plus jeunes par les plus expérimentés. Car une chose est claire, un RH est seul dans l’entreprise, surtout sur notre territoire riche de TPE et de PME. Cette association permet d’être solidaire, de nous soutenir, de nous enrichir entre nous.

Le plus difficile dans la fonction est souvent le positionnement, cette impression de ne pas être écouté. Quand on démarre, on se dit que l’on va sauver le monde et les salariés. Or, nous sommes là avant tout pour faire avancer l’entreprise. Pour que les salariés aillent bien, il faut que l’entreprise aille bien et que le business aille bien. Il faut d’abord s’attacher à comprendre le business et ainsi devenir force de proposition, ce qui aidera à terme les salariés.

Entre la législation qui évolue en permanence, les difficultés de recrutement, cette position entre direction et salariés, façon marteau et enclume, il faut être très motivé pour se lancer dans les ressources humaines…

Que la législation change tout le temps nous fait apprendre et grandir en permanence. C’est hyper enrichissant ! Quant à cette difficulté de positionnement, il faut arriver à retourner les choses de manière positive. Chez Pescanova, entreprise familiale que j’avais accompagnée dans son intégration au sein d’un grand groupe, j’avais réussi à ne pas être seulement l’empêcheuse de tourner en rond. Il faut essayer de mieux comprendre les contraintes business, industrielles, celles des autres membres du codir. Cela permet d’apporter des solutions. Nous pouvons alors avoir un rôle très moteur dans la stratégie de l’entreprise et puis nous sommes au contact de tous les acteurs du business de notre entreprise, c’est formidable !

Être un apporteur de solutions, c’est cela un bon DRH, selon vous ?

Oui, être au service du business et accompagner les salariés. Nous ne sommes pas une fonction support. Nous devons apporter des solutions, être acteurs du business. C’est un problème presque sociétal. L’être humain doit se prendre en main, ne pas attendre tout du gouvernement, de l’entreprise… chacun est acteur de son bonheur. C’est ce que j’essaie d’insuffler dans toutes les organisations dans lesquelles je passe.

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