Les premiers gants en nitrile sortiront en septembre de l'usine sarthoise de ManiKHeir
# Industrie

Les premiers gants en nitrile sortiront en septembre de l'usine sarthoise de ManiKHeir

S'abonner

Sur l’ancien site de la papeterie ArjoWiggins à Bessé-sur-Braye (Sarthe), le groupe canadien Medicom et sa filiale européenne Kolmi Hopen lanceront en septembre la production de gants en nitrile. Cette fabrication, à l’époque en vinyle, a quitté la France et l’Europe il y a 30 ans. Le projet, appelé ManiKheir, va monter en puissance pour produire 900 millions de paires de gants par an avec plus de 170 salariés.

Le site ManiKHeir de Bessé-sur-Braye pourra fabriquer 900000 gants en nitrile par an lorsqu'il aura atteint son rythme de croisière en mars 2024 — Photo : GSE pour le groupe Kolmi Hopen

Le défi était à la hauteur de l’enjeu : relocaliser en France la fabrication de gants en nitrile, ce qu’on ne produisait plus depuis plusieurs décennies. Lancé en mai 2021, le projet ManiKHeir arrive à son terme : les premiers gants sortiront en septembre 2023 de l’usine de Bessé-sur-Braye, en Sarthe, construite par le groupe canadien Medicom et sa filiale le groupe Kolmi Hopen (65 M€ de CA en Europe en 2021) sur l'ancien site d'ArjoWiggins. Basée à Saint-Barthélemy-d’Anjou, cette dernière est spécialisée dans la fabrication d’équipements de protection, masques, charlottes vêtements ou encore chaussants. "ManiKHeir est un projet souverain qui vise à palier les crises sanitaires et géopolitiques pour les établissements de santé, indique Gérald Heuliez, dirigeant de ManiKHeir. Les premières ventes seront pour ce secteur d’activité et l’objectif est aussi de travailler pour l’industrie pharmaceutique et l’agroalimentaire. Actuellement, 95 % des volumes sont fabriqués en Asie, et le reste dans d’autres pays comme le Brésil." Sur le sol européen, seule une entreprise autrichienne produit des gants destinés aux chirurgiens.

900 millions de gants par an

Les travaux de l’usine ManiKHeir de Bessé-sur-Braye ont été lancés en décembre 2021. "Il a fallu moins de deux ans pour réinventer une filière, s’enthousiasme Gérald Heuliez, ce qui représente des milliers d’heures d’ingénierie pour parvenir à fabriquer des gants en nitrile avec des contraintes sociales et environnementales fortes, contraintes réglementaires pour certaines et que nous souhaitions appliquer pour d’autres. Les gants seront fabriqués sans chlore et sans accélérateur, et ce sont deux avantages différenciants. Tout ce travail représente un gros investissement financier et humain."

Gérald Heuliez, dirigeant de ManiKHeir — Photo : Kolmi Hopen

Si la technologie de fabrication était connue de Kolmi Hopen qui commercialise ce type de produits depuis plusieurs décennies, il a fallu en effet appréhender le cycle de l’eau, l’utilisation du gaz ou encore maîtriser les différentes températures, et compacter en accordéon une ligne de production de 1 300 mètres dans un bâtiment de 150 mètres de longueur et de 27 mètres de hauteur. Recruter également, avec pour l’heure une cinquantaine de personnes embauchées en CDI, qui seront renforcées par une trentaine de nouveaux collaborateurs durant l’été. Après le lancement de la fabrication en septembre prochain avec une première ligne de production, le site va monter en puissance. En mars prochain, l’usine devrait compter environ 175 personnes et les quatre lignes installées, alors au maximum de leur capacités de production, pourront fabriquer environ 900 millions de gants par an. "À lui seul, le marché hospitalier français en consomme 2 milliards chaque année", précise Gérald Heuliez.

80 millions d’euros d’investissements

C’est donc en premier lieu vers ce marché hospitalier en France que veut se tourner ManiKHeir. Les premières ventes seront ainsi destinées à des établissements de santé français, qui ont passé commande et seront livrés début 2024. Ensuite, la gamme s’étoffera pour proposer aussi des produits adaptés aux secteurs de l’industrie pharmaceutique et de l’agroalimentaire. Au total, l’investissement pour mener à bien ce projet représente plus de 80 millions d’euros, soutenu par le programme France 2030 à hauteur de 10 millions d’euros et par la Région des Pays de la Loire pour 5 millions d’euros. Derrière l’objectif de relocaliser la production en France de gants en nitrile, il y a aussi celui de maîtriser toute la filière sur le territoire. Ce qui se traduit par exemple par l’ouverture d’un module dédié au caoutchouc liquide dans l’école d’ingénieur IFOCA, l’institut national de formation et d’enseignement professionnel du caoutchouc. "Nous étudierons aussi dans quelques mois la possibilité d’acheter les moules en porcelaine que nous utilisons non plus en Asie mais en France, comme dans la région de Limoges, ou en Allemagne", ajoute Gérald Heuliez. Sur le papier, avec un coût de l’énergie revenu à des tarifs raisonnables, les gants fabriqués en Sarthe ne devraient être qu’un peu plus chers sur le marché que des produits importés d’Asie, ce qui permettra à l’entreprise de rester concurrentielle. Et d’envisager un nouveau développement à l’horizon 2025 ou 2026. "Nous aurons alors une vision plus claire, conclut Gérald Heuliez. Soit nous continuerons avec nos quatre lignes de production, soit nous dupliquerons l’outil actuel pour doubler nos volumes car le bâtiment a été conçu pour supporter un atelier supplémentaire, soit nous irons vers la fabrication d’autres produits à plus forte valeur ajoutée."

Sarthe Maine-et-Loire # Industrie # Banque # Agroalimentaire # Pharmacie
Fiche entreprise
Retrouvez toutes les informations sur l’entreprise MANIKHEIR