Les PME françaises restent marquées au fer rouge par la succession de crises internationales
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Les PME françaises restent marquées au fer rouge par la succession de crises internationales

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La succession des crises mondiales depuis plus de deux ans n’est pas restée sans conséquence sur les PME françaises. Mais l’impact de ces événements, et des difficultés d’approvisionnement qui en ont découlé, ne se retrouve pas seulement dans leurs bilans comptables ou leur organisation opérationnelle. Il est aussi dans les têtes et se traduit par un regain de frilosité pour l’international, avertit le cabinet Altares.

Après deux années de crises mondiales en tous genres, 6 patrons sur 10 disent avoir une image plus défavorable des échanges internationaux qu’en 2020 — Photo : Markus Distelrath - Pixabay

Le climat international de ces deux dernières années a jeté un froid dans les PME françaises. Entre la pandémie de Covid-19, la guerre en Ukraine, les dérèglements du climat, et toutes les conséquences en série déclenchées par ces crises successives, les dirigeants de ces entreprises, déjà peu enclins à se lancer à l’étranger, se montrent, aujourd’hui, encore moins enthousiastes. Et pour cause : ils sont loin d’être passés entre les gouttes, d’après une étude du cabinet Altares, en partenariat avec le Club CIC International et Le Journal des Entreprises.

Les PME durement touchées par les difficultés d’approvisionnement

Six patrons sur dix reconnaissent ainsi avoir une image plus dégradée des échanges mondiaux depuis 2020, à la lumière des événements survenus depuis cette date. Des événements qui se sont invités jusque dans leur PME, de manière plus ou moins directe : 95 % des 159 répondants ont dû faire face à des "tensions inhabituelles" ces deux dernières années dans leur activité. Avec, à la clé, des impacts très concrets sur leur trésorerie et leurs délais, pour plus de la moitié d’entre eux.

Sans surprise, cette réminiscence des difficultés d’approvisionnement, provoquées par la reprise post-Covid, puis aggravée par la flambée des matières premières, a surtout touché les départements achats de ces entreprises. Ainsi, 87 % ont été confrontées à difficultés sur les prix et 79 % sur leurs importations, loin devant les problématiques de transport et logistique de leur propre production (61 %). Fait notable, les délais de paiement des factures sont restés en retrait, même si les clients français ont posé plus de problèmes (tensions signalées par 21 % des sondés) que les internationaux (11 %). Ce qui n’a pas empêché les relations commerciales entre entreprises de se dégrader, note l’étude, que ce soit avec leurs acheteurs (35 %) ou leurs fournisseurs (41 %).

Une transformation superficielle des pratiques d’achat

Malgré ce contexte agité, les dirigeants ne semblent pas tous disposés à révolutionner leurs pratiques. Ils sont 36 % à avoir renforcé leurs contrôles des risques, 17 % à avoir misé davantage sur les circuits courts… mais aussi 28 % à ne rien avoir changé ! Altares déplore également l’absence "de transformation en profondeur des business models" : moins d’1 PME sur 10 a fait le choix de "digitaliser" (7 %) ou automatiser (4 %) ses processus.

La même inertie est à l’œuvre du côté des critères d’évaluation retenus au moment de sélectionner un nouveau partenaire (client ou fournisseur). Les aspects financiers (solidité, comportement de paiement…) dominent encore largement la grille d’analyse des dirigeants. À l’inverse, la responsabilité sociétale et environnementale (RSE) arrive en dernière position. Mais, pour les chefs d’entreprise interrogés, il s’agit moins d’un désintérêt de leur part, que d’un manque de lisibilité : 37 % reconnaissent ainsi l’importance de ces critères extra-financiers, mais n’en tiennent pas compte, faute d’avoir trouvé des outils ou indicateurs fiables pour pouvoir évaluer leurs partenaires à cette aune.

# International # Conjoncture # RSE