Des investissements massifs, une diversification vers la production d’énergie en 2020, un rachat en Espagne… Le très discret groupe brestois Guyot Environnement (280 salariés, 102 M€ de CA) clame désormais ses ambitions haut et fort. Le groupe familial de valorisation de déchets, créé en 1983 par Michel Guyot, est depuis quelques années dirigé par un quatuor : Erwan et Giulia Guyot (deux des trois enfants de Michel) et Frédéric Jestin et Bertrand Le Floch, les deux gendres. Frédéric Jestin a été le premier à entrer dans l’entreprise en 1999 en prenant la direction du site de Quimper. Suivent Erwan en 2000 et Guilia en 2008. Le dernier arrivé est Bertrand Le Floch. Venu de Stef-TFE, il prend, en 2012, la direction du site de Morlaix. Complémentaires, les membres de l’équipe dirigeante veulent transformer le groupe et lui donner une autre dimension.
5 millions d’euros par an d’investissement
Et cela commence par un plan d’investissement sur les sept sites actuels du groupe, de Brest à Ploërmel (Morbihan) en passant par Ploufragan (Côtes-d’Armor). « Nous allons investir 5 M€ par an sur la période 2019-2022 », indique Erwan Guyot. À Quimper, 3 M€ vont être investis pour agrandir le site d’un 1 hectare et l’équiper d’une presse à balle pour le carton et le plastique.
Guyot souhaite également faire du site de Ploërmel, créé en 2011, un point d’appui pour se développer jusqu’à Vannes et Rennes. Le site va déménager sur un terrain de 3 hectares récemment acquis dans la zone du Bois Vert pour un investissement total de 3 M€.
Producteur d’énergie en 2020
À Poullaouen (Finistère), le dernier né des sites démontre l’une des nouvelles ambitions de l’entreprise. Guyot Bois Énergie est une plateforme de préparation de bois énergie créée en 2017 par la famille Ropars. Elle permet de gérer 30 000 tonnes de biomasse et fournir l’ensemble des chaudières bois de l’Ouest breton.
Dès 2020, le groupe ira plus loin. « Nous allons devenir producteur d’énergie pour nos clients », annoncent les dirigeants. Lauréat de l’appel à projets national Biomasse Chaleur Industrie Agriculture et Tertiaire (BCIAT) de l’Ademe, Guyot va créer deux chaufferies en Bretagne pour des clients industriels, en 2020 et 2021. Si les noms des clients n’ont pas été dévoilés, on sait que les investissements représentent 12 M€ pour la première qui alimentera une laiterie en vapeur de 58 gigawattheures, et 24 M€ pour la deuxième, qui consommera 32 000 tonnes de combustibles issus des déchets industriels, encombrants et véhicules hors d’usage.
« Le fait de devenir producteur d’énergie dès 2020 rentre dans notre projet de zéro enfouissement pour 2040, porté avec la Région », indique Bertrand Le Floch, chargé de la transformation du site de Morlaix, passé du tri de la collecte sélective à un centre de valorisation. Le groupe Guyot, qui valorise 93 % des déchets reçus (500 000 tonnes de matières valorisées par an), est aux premières loges des enjeux environnementaux : « Nous investissons et nous innovons pour cet objectif de réduction de l’enfouissement. »
Un pied au Pays basque espagnol
Depuis les années 2000, les dirigeants se sont aussi efforcés de résister aux grands groupes comme Veolia. « Nous avons fait une croissance externe par an en moyenne dans les années 2000 », rappelle Giulia Guyot. Des rachats d’entreprises familiales, à l’image de la leur, qui « préféraient être reprises par une entreprise qui leur ressemble plutôt que par un grand groupe », souligne Erwan Guyot.
Et c’est bien la même mécanique qui a été à l’œuvre dans le dernier rachat en date, beaucoup plus conséquent que les autres, cependant. Fin juin, Guyot Environnement a racheté la PME Hirumet (55 salariés, 80 M€ de CA), basée au Pays basque espagnol. Ce groupe familial est spécialisé, comme Guyot, dans la collecte et la valorisation des déchets et des matières, principalement les métaux. « Ils étaient en négociations avec un grand groupe mais ne sont pas tombés d’accord. Comme on se connaissait bien car nous travaillions déjà ensemble, nous avons proposé de les reprendre. Nous partageons les mêmes valeurs », appuie Erwan Guyot.
Pour Guyot, il s’agit d’un pari, pas si fou cependant. « Nous ne pouvions de toute façon plus grandir à l’Est, bloqué par les grands groupes. Cela n’aurait pas fait sens non plus de faire faire de la route aux déchets pour les ramener à Brest, là où se trouve notre broyeur. » Mettre un pied en Espagne permet également au groupe (335 salariés, 182 M€ de CA consolidé) de se rapprocher des ports espagnols. « C’est sur la péninsule ibérique que sont traités les déchets que l’on envoie par bateaux. C’est donc un emplacement stratégique pour nous », explique le quatuor.
