"L’année 2022 s’est terminée assez correctement, avec plutôt de bonnes surprises sur l’emploi et de bonnes performances à l’export, même si l’on a constaté un affaiblissement de la rentabilité des entreprises", résume Hervé Mattei, directeur régional Bretagne de la Banque de France. L’établissement publie en effet son étude annuelle de conjoncture, s’appuyant cette année sur les bilans et les perspectives communiqués par 935 entreprises bretonnes de l’industrie, des services et de la construction.
L’industrie bretonne plus performante que dans d’autres régions
L’industrie bretonne a connu une très forte croissance en 2022, à +14,5 % (contre +4,7 % en 2021), malgré certaines difficultés dans la fourniture de composants. La Bretagne fait mieux que ses voisines la Normandie (+11,9 %) et les Pays de la Loire (+11,1 %), même si elles ont plus recruté. "On estime que cette hausse de chiffre d’affaires est due pour un tiers à une croissance des volumes et pour deux tiers à une augmentation des prix", tempère Hervé Mattei. Mais il y a bel et bien eu une hausse d’activité, vu la hausse également constatée des effectifs pour répondre aux besoins de production (+1,1 %). Pour 2023, la hausse d’activité devrait se poursuivre, mais de manière moins forte : les dirigeants d’entreprise espèrent +6,8 %. Côté investissements, les industriels ont maintenu leurs budgets en 2022 et prévoient une hausse de 23,8 % sur ce poste en 2023. La rentabilité, elle, s’effrite quelque peu, mais cela est en partie dû à un pic rencontré en 2021. "En 2023, ce sera mieux, car les hausses de prix seront passées", estime Hervé Mattei.
Une bonne trajectoire qui continue dans les services
Dans les services, le chiffre d’affaires a également progressé de 8,2 %, avec, là aussi, un effet prix (pesant pour moitié dans cette augmentation) en plus d’un effet volume. La progression est moindre qu’en Normandie (+13,5 %) et Pays de la Loire (+20,1 %), "car l’activité portuaire y a été très favorable, mais la Bretagne sera meilleure en 2023", assure Hervé Mattei. 2023 devrait prendre la même trajectoire, mais avec moins d’augmentations dues aux prix. Le transport et l’entreposage devraient tirer le secteur vers le haut, avec une estimation à +17,5 % de l’activité. Les recrutements, quant à eux, sont en baisse de -2 %, car moins structurants que dans l’industrie, et la rentabilité en légère baisse, la répercussion des prix étant plus difficile à passer.
Une progression qui se tasse dans la construction
En Bretagne, les entreprises de la construction ont par contre enregistré une moins bonne année 2022, avec un chiffre qui se tasse par rapport à 2021 (+7,4 %), restant toutefois devant la Normandie (+5,6 %) et les Pays de la Loire (+5,3 %). "Mais elles continuent de vouloir recruter (+1,1 % en 2023), pour anticiper un nouveau cycle de croissance", analyse Jean-Hugues Bourdon, responsable communication de la Banque de France en Bretagne. Cette moins bonne situation s’explique notamment pas une baisse de la commande publique, les collectivités investissant davantage ces derniers temps dans l’énergie.
