C’est au sein d’un restaurant branché de la région rennaise (Avec & co) que Pôle emploi a dévoilé, le 5 avril, sa traditionnelle enquête annuelle sur les besoins en main-d’œuvre en Bretagne (BMO) pour laquelle 115 000 entreprises ont été interrogées fin novembre 2021, regroupant 200 métiers différents. Un symbole, peut-être, pour servir l’attractivité d’un secteur en fort besoin de recrutement et pour montrer que l’établissement public, avec ses 37 agences présentes dans les territoires bretons, est bien connecté aux réalités du marché du travail.
162 000 projets de recrutement
Un premier constat. Avec un taux de chômage record en France à 5,8 % en Bretagne (contre 7,2 % au plan national) et une augmentation de l’emploi salarié de 4,1 % en un an, la situation de l’emploi en Bretagne est on ne peut plus favorable. "Ce sont des chiffres que nous n’avons pas connus depuis une dizaine d’années", souligne Frédéric Sévignon, directeur régional chez Pôle Emploi Bretagne. La bonne dynamique va se poursuivre. 162 000 projets de recrutement sont ainsi formulés par les employeurs bretons sur l’année 2022, soit 23 700 projets de plus par rapport à 2021. "Nous sommes dans une phase où il y a de moins en moins de demandeurs d’emploi et de plus en plus d’emplois à pourvoir", résume Nicolas Maxime, responsable du service statistiques chez Pôle Emploi Bretagne. Avec 60,1 % des intentions d’embauche en 2021, les services constituent le principal secteur pourvoyeur d’emplois, devant celui du commerce (12,8 %). Les principaux postes à pourvoir se situent, sans surprise, dans les gros bassins d’emploi que constituent la région rennaise, Brest et son agglomération, sinon Saint-Brieuc ou Lorient. "Ils sont essentiellement concentrés dans les entreprises de moins de 50 salariés", complète Nicolas Maxime.
"Changer les regards"
Problème : de nombreuses entreprises n’arrivent pas à recruter. 65 % des répondants jugent "difficiles" leurs projets de recrutement. Ce n’est pas faute d’essayer pourtant et d’améliorer les conditions de travail. David François, directeur de l’agence rennaise de services d’aide à domicile Viva Services (29 salariés) témoigne ainsi avoir augmenté les salaires de ses collaborateurs de 10 à 15 % en 2021. Il y a aussi une prise en charge des déplacements véhicules de ses équipes. Mais le recrutement reste compliqué. Toujours selon l’enquête BMO, les métiers le plus recherchés par les employeurs (hors besoins saisonniers) sont ceux d’agents d’entretien de locaux et d’aides à domicile, ou encore ceux d’ouvriers des industries agroalimentaires.
Dans une démarche proactive "pour rapprocher l’offre de la demande", Pôle Emploi Bretagne aide à la formation des demandeurs d’emploi et multiplie les opérations innovantes, telles que les "immersions professionnelles en entreprise" (16 000 opérations menées en 2021). Stéphane Bideau, directeur régional adjoint chez Pôle emploi Bretagne, invite par ailleurs les entreprises à "changer leur regard sur les personnes qu’elles peuvent engager", leur demandant de regarder davantage "le savoir-être" que la qualification. De quoi peut-être répondre en partie aux 70 000 offres d’emploi vacantes actuellement en Bretagne.
