Les bureaux de demain s’inventent en régions
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Les bureaux de demain s’inventent en régions

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Des bureaux plus flexibles, qui favorisent davantage le bien-être des salariés et qui produisent même leur propre énergie. Tour d’horizon de ces PME régionales qui investissent et qui innovent dans l’aménagement de leurs espaces de travail.

— Photo : Topos

Hier le bureau fixe et cloisonné, aujourd’hui l’open space, demain les bureaux modulables ? Des « flex offices » sans places attitrées ? Un lieu de travail agrémenté d'espaces de loisirs et de collaboration entre collègues ? Si plusieurs modèles se dessinent, une chose est sûre : la révolution des usages a transformé l’espace de travail. « Indéniablement, la place du bureau dans nos vies a changé. Aujourd’hui, on veut y travailler mais aussi se rencontrer, se détendre, jouer, cocréer, manger, faire la fête, trouver l’inspiration », observe Stéphane Oddos, gérant d’Oddos Buro, une entreprise toulousaine de 45 salariés qui conçoit des espaces de travail.

Un tipi pour faire la sieste

Peu à peu, de nouveaux espaces font leur apparition pour répondre à ces exigences. Jusqu’aux plus insolites comme des salles de sieste dotées de hamacs ! Oddos Buro propose même un tipi mobile pour s’allonger un moment à l’écart et faire une coupure dans sa journée. Côté détente, certains s’inspirent du décorum des start-up : des poufs, un baby-foot, des jeux vidéo et casques de réalité virtuelle, une imprimante 3D à disposition… Pour favoriser le bien-être au travail, les espaces deviennent modulables. « La cafeteria et le canapé se transforment tout à tour en un lieu pour se détendre, caler une réunion autour d’un café ou venir peaufiner un dossier l'ordinateur portable sous le bras. Plus d’obligation de rester à son bureau, note Marion Pezzano, architecte d’intérieur chez Cigne, un concepteur d’espaces de travail nantais. On gagne à la fois en confort et en productivité, car on regarde moins l’horloge, on se rend moins compte qu’on travaille. » Plus mobile, « le salarié diminue au passage les risques liés à la sédentarité et aux mauvaises postures prolongées », en soulageant notamment son dos.

Salles de créativité

« Le salarié va circuler dans l’entreprise en fonction de ses besoins : traiter les affaires courantes, se poser pour une tâche créative, communiquer avec ses collègues », analyse Patrick Lebrun, gérant de Spatio Aménagement, pour qui il s'agit d'une tendance de fonds. Un événement à imaginer, un produit à inventer ? Direction la salle de créativité où tout est prévu pour favoriser l’émergence d’idées via un brainstorming en équipe. « On pourra y trouver un tableau interactif numérique, des paperboards, jusqu’aux Lego utilisés pour représenter l’organisation et le rôle de chacun sur un projet, façon méthode scrum… », liste Patrick Lebrun. Besoin de cogiter seul ensuite ? Certains proposent un espace zen favorisant l’inspiration, par exemple devant une grande baie vitrée surplombant un espace vert. Des chercheurs ayant remarqué qu’observer la nature augmentait la concentration… « C’est un lieu important car certaines études montrent que lorsqu’on vous dérange en phase de concentration, il vous faut jusqu’à 10 minutes pour retrouver votre niveau d’attention initial », ajoute Patrick Lebrun.

« Aménagement de l’espace et mode de management sont intiment liés » Patrick Lebrun, dirigeant de Spatio Aménagement Crédit

Un outil de management

Expédier les affaires courantes, en revanche, pourra s’effectuer dans des espaces collectifs et ouverts. Imaginez ainsi une équipe de commerciaux installés autour d’un « bench », cette grande table de 4 à 6 personnes, accompagnée d’écrans et d’une « cabine téléphonique » pour passer ses coups de fil au calme… Dernier rouage du bureau de demain, des espaces d’échanges qui se multiplient, afin d’accentuer les collaborations et le partage d’expériences au sein de l’entreprise. Un rapide topo pourra ainsi s’effectuer autour d’une simple table haute surplombée d’un écran fixé au mur, pour y afficher photos, vidéos et présentations. La mobilité des collaborateurs conduit même jusqu’au « flex office ». Un système de bureaux non attitrés très adapté aux « nomades », moins présents physiquement au bureau. Si des tendances se dessinent, pas question de parler de modèle universel. « Certaines professions habituées à une culture du secret, comme les avocats, conserveront davantage d’espaces cloisonnés, tout comme les services RH et administratifs au sein des entreprises, qui gardent encore des archives papiers et exigent plus de confidentialité », nuance Marion Pezzano. Pour caricaturer un peu, les modèles ouverts et modulables s’adresseront plus aux entreprises libérées qu’aux structures pyramidales. Davantage à celles qui pratiquent les méthodes agiles, fonctionnant en mode projet avec des salariés dotés de beaucoup d’autonomie. « Aménagement de l’espace et mode de management sont intiment liés, insiste Patrick Lebrun. De même, la conception des bureaux doit correspondre à la culture de l’entreprise et à ses objectifs ». Comprendre : si une entreprise veut diversifier ses activités, elle mettra l’accent sur les espaces de créativité, si elle veut recruter, davantage sur le confort...

Bâtiments à énergie positive

Autre tendance qui se dégage : l’aspect environnemental. Sont ainsi dans l’ère du temps les matériaux recyclables et dégageant moins de « COV », ces composés organiques volatiles qui polluent l’air, associés par exemple aux bétons bruts non cirés ou aux laines de verre posées dans les faux plafonds. « On utilisera plutôt du verre qui ne s’altère pas, des plâtres recouverts de papiers adaptés… », explique Antoine Sabran, dirigeant de Dimater à Lyon, autre PME spécialiste de l’aménagement d’espaces. Et pourquoi pas s’orienter vers des bâtiments passifs ou qui produisent carrément plus d’énergie qu’ils n’en consomment. Le promoteur Galeo y croit. Il vient d’inaugurer Delta Green, un immeuble de 4 600 m² de « bureaux à énergie positive » dans l’agglomération nantaise. Le principe est simple : les toits ont été recouverts de panneaux photovoltaïques qui produisent de l'électricité, tandis que le sol, composé de dalles actives, chauffe ou rafraîchit les locataires grâce à des pompes à chaleur. Quand l’immeuble produit plus qu’il ne consomme, le surplus d'énergie se voit stocké sous forme d’hydrogène dans des citernes à l’extérieur. En cas de journée sans soleil, cet hydrogène pourra être retransformée en électricité via une pile à combustible, pour alimenter les bureaux. Si les bâtiments tertiaires de ce type restent assez avant-gardistes, les bureaux moins énergivores ont de l’avenir : beaucoup d’entreprises sont soucieuses de leur empreinte carbone et, encore plus, de leur facture énergétique.

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